DING DING DING DING

Il pleut de l’argent ! Des bourses, ce n’est pas un, ni deux, encore moins trois, mais des liasses entières qui se déversent sur la neige. L’homme ainsi pressé, sinon soulagé de quelques bijoux, beugle à la lune.

- Au vol ! AU VOL !

- T’inquiètes pas gros cochon, ce sera mieux que la première classe, dis-je avec entrain.

Une main en quête de pognon, l’autre cueille au menton le passionné du citron. L’impact est mou, tant et si bien que lorsqu’il décolle au septième ciel, je pousse au plus un soupir de déception.

Quoi, c’est tout ? Aux Olympiques, un autre barbu m’aurait remis l’or et toutes les bénédictions possibles. Peut-être même la femme de mes rêves. Ou à défaut, l’homme de mes rêves.

Au moins, il y a du fric. Mais j’ai à peine ramassé deux-trois liasses, ainsi qu’une perle d’argent, que sept nabots déboulent en hurlant.

- OUAIS ! POGNONS ! VITE AVANT QUE LA GROSSE NE DÉBARQUE !

Mêlée générale. Tohue-bohue d’envergure. On se tire l’oreille, s’arrache les défrocs. J’attrape un de ces gnomes, le jette au bas du mont. D’une claque, j’expédie le prochain sur Jupiter. Si avec ça, l’autre ne me file pas une médaille, je veux bien tout de suite me rév…

Me quoi ?

- Prends-ça, maraud !

Un de ces cintrés me saute dessus. Nous roulons, tabassons tout ce qui passe, y compris le manchot, aux prises avec le Shakespeare version Wish, avant de stopper notre course pile à l’à-pic du pic enneigé, piqués de piques gelées.

- C'en est fini de ton joug, Bastian ! tonne le nain, demi-pique à la main.

- Par le saint-bernard de la grosse Bertha, je ne m’appelle pas Bastian, mais…

- TAÏAUT !

Mon poing écrase son pif, le projetant au milieu du bourre-pif, où l’on piffe ses coups au pifomètre. Son cri se perd dans le tumulte, tandis que je me remets sur pied, bien décidé à…

- Eh !

Oh là, c’est quoi, ça ? D’où sort ce foutu cri ?

- Eh ! Ça va ?! Hé !!

Le monde tremble, pris de tremblement soudain, secoué par la voix ricochant du ravin aux étoiles.

Non…

Je tremble. Je suis secoué comme un prunier sans pouvoir lutter. Quelque chose est là ! Je fauche l’air comme un beau diable, affrontant mon ennemi invisible qui…

- Bordel, tiens !

Le monde explose ! (32)