Elle décolle d’un revers, part dans les étoiles, rejoindre Brigitte et Serge. Si jamais en chemin elle se perd, c’est que tel était son destin. Je tiens bien moins à sa vie qu’à son monstrueux engin, qui au creux de mes reins, fait monter tous mes désirs.

Sur le bas-côté, voilà que j’aperçois le diable. Je lui fais signe, il en fait un autre, index et auriculaire levés. Encouragé, je mets le cap vers le couchant, brûlant la route 66 de mes roues d’enfer.

C’est le pied.

Tout naturellement, quand j’aperçois Gabriel dorant sa lune fétiche sous la fureur de Mars, je klaxonne. Il lève la tête, sourit, lâche le jeu de tarot et saute en selle.

Nous sommes partis. Comme autrefois, dans nos rêves d’enfants, lui et m…

- Je préfère lae ou lu.

- Quoi ?

- Iel, si tu préfères. Mais pas de lui, je ne veux plus.

- Pourquoi ?

- Je l’ai décidé. Respecte mes choix, OK ?! Je veux bien t’entendre penser, mais respecte-moi, un minimum !

- N’importe quoi… Hier soir, encore….

Hier soir ?

- Oui ? Hier soir, quoi ?

- Eh bien, hier soir ! Tu sais… euh…

Hier soir ? Il n'y a pas un truc qui cloche là…

Le moteur a cessé. Nous sommes tous les deux face-à-face sous les cratères martiens, une roue dans chaque main, le guidon en travers du chemin.

C’est là que ça me frappe ! Et alors que le monde se brouille, coïte avec une chambre terne et confuse, je m’exclame :

- Mars est beaucoup trop près ! (29)