Je m’affale dans la neige. L’emballage pète, déverse ses senteurs paprika sur mon veston, mais je n’y prête pas gare.

Trempé du fondement, passablement agacé il va sans dire, je me retourne, mais… non, je suis seul. Seul, au sommet d’un pic enneigé, léché par le soleil de Mars. Autour, des monts. En bas, mes démons : de l’eau, de la glace et quelques notes de vide.

Je me sens frissonner, incapable de me souvenir du comment, pourquoi et encore moins, quand. Je patauge un instant dans la poudreuse, cherche une échappée parmi les nuages, mais il n’y a rien. Rien qu’un orage ou l’hiver qui vient.

Et si l’hiver vient…

- Oh ho ooooh… mon enfant, te revoilà !

- Oh non, pas le barbu !

Pourtant il est là, perché sur son nuage, à palucher des présents, le regard déjà tourné vers l’avenir. Le mien ?

- Tu as été très sage, je vois. Tu mérites donc, un peu de compagnie !

- Ô joie…

- Allons, ce n’est pas comme ça que l’on accueille des amis. D’ailleurs, les voilà !

La barbu tape dans ses mains et disparait. De ses volutes écarlates, jaillit une procession fantasmagorique. En tête, un individu avec un haut de forme, à l’arrière garde un manchot avec des skis. Au milieu, deux individus à nul autre pareil : un vieil apache au visage fatigué, précédé d’un prince oriental borgne.

C’est marrant, j’ai l’impression de les avoir déjà vu quelque part… Ou lu, peut-être… Un truc en automatique et je suis sûr maintenant, qu’il ne s’agissait pas d’une kalach. Eux me dépassent, saluant tout juste ma présence. Le manchot, poli en toute circonstance, ouvre le bec.

- Vous avez l’heure, mon bon ami ?

- Ah… Je crois qu’il est…

• 19h17 (24)
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