22. Envole-moi
Ça devient ridicule tout ce bazar ! Si j’avais des ailes…
Je vole.
Pas du fric ou un froc, je décolle, tout simplement. Déséquilibré, le citronné bascule par-dessus tête, pendant que je m’élance vers les nuages.
Finalement, c’est bel et bien du coton. M’aurait-on menti depuis tout ce temps ? Je crois… Ma tête s’emplit d’autres horizons et d’autres mots. Je commence à le croire très sérieusement… d’ailleurs, la pensée peut, sans conteste, transcender la réalité.
Des éclairs ? Ils vomissent de mes doigts ! Une voiture ? Elle m’attend dans ma villa, six cents mètres plus bas. BHL ? Une tarte de plus et au trou.
C’est un fait. Avéré, fété du haut-fait d’une fée fétarde, je peux maintenant tout faire !
Pirouettant entre les cumulus, stratus ; virevoltant jusqu’aux cirrus, cirrostratus, erectophallus et autres cumulonimbus, je me sens plus libre que les dames liberté. Plus léger aussi. Ah ha ! Ces idiotes sont soudées à la terre et nous parle de liberté ! Quelle connerie !
Encore quelques milliers de mètres et je pourrai retrouver tous les barbus du ciel.
Le borgne, le feignant, le jaloux, le libertin, peut-être même ce farceur de Bouddha. Qui sait ? Une barbe lui a sans doute poussé après des siècles à retenir la grattouille du menton…
Ces pensées, confuses, libérées, sinon bouillonnantes, sont étouffées par une autre, une fois mes yeux posés sur mes mains. Douze doigts ? Quatre phalanges ? Des palmes ?
Ce n’est pas normal. Et tandis qu’enfin, la tablée céleste se profile, la vérité me frappe. Rien de tout cela n’est réel ! En définitive, il a suffi d’un simple détail :
- Pas besoin de palmes pour voler ! (34)
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