35. Jeu de main
- Et c’est foutrement vrai !
- Pardon ?
Je cligne des yeux. J’ai dû m’assoupir sur le banc pendant un petit moment. Essoufflé, trempé du maillot, Gabriel me regarde, une gourde d’eau à la main. Derrière lui, son équipe passe visiblement un sale quart d’heure. Dix points d’écart, c’est pas banal en semi-pro.
- Rien, dis-je en m’éclaircissant la gorge. Je somnolais.
- Noté, répond Gabriel, puis après une gorgée d’eau fraiche : Si tu t’emmerdes, tu peux te barrer, je ne force personne à rester.
- Ah non… c’est…
- J’ai bien compris que le volley n’était pas ton truc. Je ne me sentirais pas vexé.
- Euh…
- À plus.
Il a beau dire, il est carrément vexé. Aucun coloc’ n’a dû avoir le cran de s’assoupir devant un de ces matchs rasoirs. Enfin, une parole est une parole et je compte bien la prendre au pied de la lettre. Sans attendre la reprise des hostilités, je me lève et, aussi discrètement qu’un écolo au salon de l’auto, gagne les portes du gymnase.
Au diable les jeux de mains, quand nos pieds peuvent nous conduire sur les chemins de la liberté !
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