Cher amour,

J'ai mal. Je ne veux pas t'oublier. Je ne veux pas oublier ce que j'ai ressentie cette fameuse nuit. Je ne veux pas oublier ton regard en coin quand tu pensais que je ne te voyais pas. Je ne veux pas oublier la sensation de nos mains qui s'effleurent. Je ne veux pas oublier ton sourire, ton rire quand je me plaignais de telle ou telle chose. Je ne veux pas oublier tes messages d'encouragements quand j'avais du mal. Je ne veux pas oublier la façon que tu avais de me tapoter la tête lorsque tu étais amusé. Je ne veux pas oublier nos surnoms. Je ne veux pas oublier la saveur particulière qu'avait mon prénom sur tes lèvres. Je ne veux pas oublier nos regards complices, quand nous pensions à la même chose. Je ne veux pas oublier ta main sur la mienne. Je ne veux pas oublier ta tête sur mon épaule, devant le film. Film où tu t'es presque endormi d'ailleurs. Je ne veux pas oublier ton visage à moitié endormi.

Je ne veux pas oublier ton aide pour réviser mes oraux stressants. Je ne veux pas oublier tes compliments. Je ne veux pas oublier la façon que tu as d'ébouriffer tes cheveux quand tu es embarrassé ou que tu ne sais plus quoi dire. Je ne veux pas oublier tes yeux, et la façon que j'avais de m'émerveiller quand un rayon de soleil passait au travers. Je ne veux pas oublier comment la fierté transparaissait sur ton visage quand tu parlais de tes projets. Je ne veux pas oublier ton regard, quand tu parlais de ta passion. Ce regard qui suffisait à me faire sourire.

Je ne veux pas oublier la joie que tu as à aider les autres. Je ne veux pas oublier la joie que tu as à t'acharner pour ton avenir. Sur tes projets. Sur tes passions. Je ne veux pas oublier le regard que tu avais quand tu doutais. Quand tu me confiais tes craintes. Ce regard fragile d'enfant. Je ne veux pas oublier nos messages. Je ne veux pas oublier nos moments à deux. Je ne veux pas oublier cette pizza, un après-midi de février. Je ne veux pas oublier nos promesses. Je ne veux pas oublier nos projets. Je ne veux pas oublier ton visage. Je ne veux pas oublier nos photos. Je ne veux pas oublier ta voix.

Je ne veux pas oublier tes excuses quand je t'attendais. Je ne veux pas oublier ton regard quand tu es parti cette nuit-là. Je ne veux pas oublier quant tu me félicitais quand je jouais mal. Je ne veux pas oublier nos siestes d'hiver dans les couloirs. Je ne veux pas oublier ta surprise quand tu m'a vue en colère pour la première fois. Je ne veux pas oublier nos étreintes. Je ne veux pas oublier notre bataille de boule de neige, face aux étoiles.

Je ne veux pas oublier nos sorties de groupe. Je ne veux pas oublier la joie dissimulée quand je parlais de toi à ma famille. Je ne veux pas oublier les projections que j'avais de notre vie étudiante.

Je ne veux rien oublier. Je veux me souvenir de tout. Je veux me souvenir de toi pendant encore des années, un sourire aux lèvres lorsque je t'évoque.

Je veux oublier la douleur que je ressens devant tes remis. Devant ta froideur. Devant tes regrets, que j'ai deviné. Je te connais, après tout. Je suis restée ta meilleure amie, au fond. Je veux oublier la panique qui faisait monter les larmes. Cette panique qui pulsait dans mes veines. Je veux oublier les doutes qui m'oppressaient. Je veux oublier la culpabilité qui me rendait malade. Je veux oublier les pensées intrusives qui m'empêchaient de dormir, à moins d'être complètement épuisée. Tu le sais, mes insomnies ne sont pas récentes après tout. Je veux oublier quand je tournais en rond dans ma chambre à quatre heures du matin, parce que j'étais effrayée à l'idée que tu m'abandonnes. Je veux oublier mes pleurs. Les larmes la nuit, et parfois en pleine journée. Je veux oublier les crises d'angoisse provoquées par ta faute.

Je veux oublier les pensées dévalorisantes. Je veux oublier le temps que j'ai passé devant le miroir, à me comparer à elle. Après tout, je n'étais pas assez ça, trop ça.. Je veux oublier toutes ces heures où je pleurais à force de me détester. Je veux oublier mes sautes d'humeurs face à mes proches. Je veux oublier mes blessures, que tu as laissé béantes.

Je veux tout oublier. Je ne veux me souvenir de rien. Je veux guérir.

Cher amour, que dois-je faire?