Je me brossais les dents, et Stella me parlait avec animation des six jours qui nous attendaient. J'arrêtai mon mouvement, interdite.

- On m'en a offert quatre.

- As-tu bien lu ton contrat ? La première étape dure six jours. Tu dois obligatoirement la compléter.

- Je n'en ai pas les moyens. Je vais tout annuler.

- Viens, on va être en retard.

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La dernière matinée, avant le départ de 13 h, se consacrait à l'amour, de soi et de l'autre. On se murmurait des promesses de mieux-être, on se souhaitait longue vie et bonne énergie. Dave évoluait au milieu de nous, serrait des mains, empoignait un visage, le couvait du froid azur de ses yeux, essuyait une larme, la sienne ou la nôtre. Il savait se montrer tendre, l'homme à la stature d'un dieu antique.

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Une pluie bienfaisante avait imbibé l'herbe sous mes pieds nus. Serrée contre Stella, j'envoyais la main d'un air joyeux aux fenêtres aveugles des autobus bondés et des autos climatisées. Je me sentais allégée, mon optimisme revenu en force.

Il ne restait que dix participants, huit femmes, dont Stella et moi, et deux hommes. J'observai mes compagnons et mes compagnes : jeunes, beaux, parfaits.

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Dave se tourna vers nous, sourit.

- Allez ! Tous au lac !

Un pur diamant étale nous attendait, resplendissant sous le soleil de juillet. En un rien de temps, tous furent nus. On m'encouragea.

- Allez, Mariloup, lança Stella en riant. Ne fais pas ta prude.

- Elle l'est moins sous la lune, répliqua Dave.

Il savait.

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Trois femmes vêtues de simples robes blanches avançaient vers nous, des peignoirs pliés sur leurs avant-bras. Elles marchaient d'un même pas, le visage fermé et grave.

- Ce sont les Épouses immaculées. Elles ont fait vœu de servir Dave, me glissa tout bas Stella.

Les bonnes posèrent leurs piles sur le quai, repartirent en direction de la maison, et revinrent avec de lourds plateaux remplis de verres et d'une carafe.

- À boire ! hurla Dave.

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Nous prenions le déjeuner sur l'herbe. Le motivateur avait revêtu un jean et une chemise blanche. Entouré de trois femmes nues, sous l'ombre frémissante du feuillage des cerisiers, Dave discourait. La scène évoquait une version contemporaine d'une toile impressionniste.

Discrètes, les Épouses immaculées circulaient, présentaient les plateaux, remplissaient les verres.

- Je ne saurais regretter ce choix.

Il fit une pause, nous regarda.

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- Français de par ma mère, il était normal que j'établisse un séminaire dans ma patrie d'origine.

- Pourquoi Les Agnés ? s'enquit un homme.

- J'y suis né. Et c'est discret, loin du village.

- Nous ne sommes pas à Mornant ?

- Voyons, Mariloup !

- Le dépliant disait...

J'avais dormi dans l'autobus nolisé. À aucun moment, je n'avais pensé vérifier notre destination.

On parlait de l'activité de l'après-midi. Je n'écoutais pas. J'étais affolée.

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- Allez, on commence. Mariloup, retire ce peignoir.

- Non ! Pourquoi ?

- Aujourd'hui, on se met à nu. Et on le fait nu. Le dévoilement est la première étape vers la conscience énergique.

- Dave... Je ne sais si je pourrai rester.

- Tu restes ! Et n'oublie pas de passer voir Jade demain matin pour compléter ton dossier.

- ...

- On ne discute pas, ma belle.

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Je sentais ma vulnérabilité, debout au milieu du cercle des participants. Corinne, Pedro, Yan, Michaëla, Stella et les autres, tous bronzés, exhibant leurs dents blanchies, leurs chevelures saines aux reflets savamment organisés, et leur richesse, malgré leur nudité. Seul Dave avait gardé ses vêtements, et il tournait autour de moi, replaçant l'une de mes mèches, me redressant les épaules.

Je me lançai.

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- J'ai eu des problèmes au bureau.

- Plus fort, Mariloup, cesse de miauler.

- Je... j'ai eu, un collègue m'a...

- Nous t'aimons, Mariloup.

- Nous t'aimons.

Je regardais mon ventre blanc, mes jambes dorées. Je pleurais. Stella me prit dans ses bras.

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Chacun parla. Je ne pouvais savoir qui mentait, et qui disait la vérité. Stella raconta les mauvais traitements que la troisième femme de son père lui avait fait subir. Pedro avait été pris dans une affaire de drogue, trois ans de taule. Yan avait volé des autos. Chacun sa honte, ses regrets, ses remords.

On se massa. On se réconforta.

L'après-midi languissait. On se dispersa.

Une Épouse immaculée me guida vers mes nouveaux appartements.

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