-11-

Arriva le jour de ses six ans, où par décret ancestral, il lui fallait quitter les jupons de sa nourrice pour se sociabiliser et se faire des amis de son âge.

Tradition oblige...

Soucieux malgré leur calme apparent, mais respectueux des coutumes et des mœurs familiales, le roi et la reine avaient donc renvoyé « Nouprout » dans sa ferme natale, puis intégré Charminette à l'école du château réservée aux rejetons des nobles de la cour.

Il est un fait ! Les bambins sont parfois très durs et très méchants entre eux. Ainsi donc, malgré leur bonne éducation et leurs leçons de politesses inculquées pour ainsi dire... dès le berceau, les chères petites têtes blondes avaient été sans pitié pour Charminette.

file:///C:\Users\CHRIST~1\AppData\Local\Temp\msohtmlclip1\01\clip_image002.jpgPour cause. Très tôt, on apprenait aux enfants du pays aux mille et une senteurs que « péter » ou « roter » en public était PRIMITIF, INDIGNE et DÉGRADANT. On ne les autorisait à le faire que dehors, à l’abri des oreilles et des regards, et s’ils souffraient d’un horrible mal de ventre ! Sinon, il leur fallait se retenir.

Les premières semaines, lorsque l’intestin de Charminette se libérait des bulles de gaz, par déférence envers leur future souveraine, ses camarades de classe s'appliquaient à ne pas rire ou bien le faisaient en se cachant derrière leurs mains. Seulement, au fur et à mesure du temps, les railleries furent de plus en plus nombreuses et de moins en moins discrètes, jusqu’au milieu de l'année scolaire, où la majorité des enfants se moqua ouvertement de la royale péteuse.

Face à elle, accompagnés de « Crapette qui pète ! Crapette qui pète ! », les chérubins pinçaient leurs narines en reproduisant des sons de prouttt avec la bouche, quand les odeurs quelquefois repoussantes, ne les faisaient pas détaler à toutes jambes.