Ruses et habileté

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Chapitre 3 - Ruses et habileté

C'est par missive que Guillemette de Besson-Blois avait appris sa sélection. Heureuse mais prudente, elle savait qu'il lui fallait passer devant le Conseiller du Palais chargé d'évaluer de son sérieux, de sa motivation et de ses réelles compétences. En post-entretien, Guillemette s'était donc minutieusement préparée à cette prochaine et décisive étape. Les semaines précédentes, elle s'était efforcée d'être la plus serviable, la plus aimable et la plus souriante de toutes les nobles demoiselles du Palais. Sachant que chacune des prétendantes choisies ferait l'objet d'une enquête approfondie auprès des nobles de la cour, Guillemette s'était arrangée pour changer sa réputation de peste notoire en celle de jeune fille respectable. Au passage, elle avait pris soin d'égratigner l'excellente réputation de sa trop vertueuse sœur, racontant aux oreilles qui traînaient que Hugonnette n'était pas aussi parfaite qu'elle en avait l'air. À demi-mot, Guillemette de Besson-Blois semait le trouble dans les esprits, sous-entendant de-ci de-là que sa sœur était en réalité une jeune fille cupide, de caractère impulsif et pas aussi chaste qu'elle le disait. Sous des airs désolés, Guillemette renseignait les curieux de l'hypocrisie et des mensonges de sa sœur. Elle rajoutait avec une mine éplorée, que seul son entourage proche savait qui elle était vraiment.

Au Palais, le bouche-à-oreille fonctionnait à merveille. Ainsi, au coin des rideaux de velours et en arrière des portes doubles, il se racontait qu'Hugonnette de Besson-Blois avait trompé son monde.

À l'heure de l'entretien avec le Conseiller du Palais, Guillemette de Besson-Blois qui, des jours durant, avait battu des paupières devant les hommes de la Cour, complimenté nombre de Dames de haut-rang, puis offert de magnifiques cadeaux à ses anciennes camarades, réussissait son examen de passage. De la bouche même du Conseiller du Palais chargé de l'évaluer, elle avait eu le plaisir d'appendre que les résultats de l'enquête la concernant, étaient plutôt satisfaisants. Au vu du peu de temps qu'elle avait eu pour élaborer son plan machiavélique et le mettre en pratique, sa note de rapport n'était pas extraordinaire, mais néanmoins au-dessus de la moyenne. Une heure plus tard, après avoir longuement interrogé Guillemette puis estimé ses talents et autres facultés, le Conseiller du Palais l'avait assuré d'une candidature tout-à-fait recevable.

De sa plus belle plume, il avait inscrit au bas de sa feuille " Avis favorable " puis précisé à la jeune fille qu'elle aurait bientôt un entretien avec la Princesse Émérienne II. La victoire sentait bon ! Guillemette avait souri en elle-même, se félicitant d'être aussi fine stratège et si adroite séductrice.

De son côté, Hugonnette qui s'était réjouie de la réussite de sa sœur, avait elle aussi réussi son examen de passage. Guillemette enrageait qu'elle fut encore dans la course. Curieuse de connaître sa note, elle s'était empressée d'aller l'interroger. Discrète comme à son habitude, Hugonnette était restée très évasive. Elle avait juste dit être sereine et attendre son futur rendez-vous avec la Princesse Émérienne II... Sans autre détail, elle avait adressé un sourire tendre à sa sœur puis s'était éloignée d'un pas tranquille.

Furieuse de ne pas savoir, Guillemette de Besson-Blois avait malgré tout détecté une lueur plus terne qu'à l'ordinaire dans les yeux de sa sœur. Hugonnette semblait troublée et Guillemette avait songé : " Il est sûr que le retour d'enquête auprès des nobles du Palais, a dû la surprendre et l'attrister... C'est une bonne chose... mais je n'en ai pas terminé avec elle. D'ici à l'entretien avec la Princesse Émérienne II, je vais encore éroder la renommée de ma bien trop parfaite et trop gentille sœurette... "

Aussitôt dit, aussitôt fait. Guillemette de Besson-Blois était repartie en guerre. Savante et habile calculatrice, elle avait été de toutes les réunions. Elle s'était incrustée partout afin de répandre mille horreurs sur sa rivale de sœur et avait dupé tout le monde. Elle en avait profité pour se montrer bienveillante et compréhensive. Elle avait fait beaucoup d'efforts pour se faire apprécier, mais la pensée de l'accession au poste suprême l'avait aidé à jouer la comédie.


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