Chapitre 83 : Le sang des femmes III

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Courageusement, Erwann décide de sortir de leur cocon d’amour pour aller leur préparer un petit déjeuner digne de ce nom. Debout et nu, dos à elle, il se rhabille sans se presser. Son corps est superbe, long et sec, sans aucun embonpoint, probablement grâce au footing qu’il fait régulièrement. Ses tatouages sont bien mis en valeur sur cette musculature parfaitement dessinée. Il a d’immenses ailes d’ange dans le dos, recouvrant presque l’intégralité de sa peau. C’est bel et bien un ange, pense la jeune femme en l’observant à la dérobée. Un ange à l’âme magnifique et au corps d’Appolon. Pour un homme qui attaque la quarantaine, il paraît en parfaite santé.

Leurs styles de vie sont assez similaires et chacun à leur façon, ils ont trouvé des moyens pour ralentir les effets du temps et en faire un allié plutôt qu’un ennemi. Les années passées ont bonifié leurs atouts et les rendent encore plus charmants.

Elle le dévisage lorsqu’il est nu mais baisse les yeux pour se cacher dès qu’il a fini de mettre son jogging et son tee-shirt. Il s’active dans la cuisine. Elle le trouve si beau et attirant qu’elle ne peut s’empêcher de le suivre du coin de l'oeil, discrètement. Elle ne voudrait cependant pas le mettre mal à l’aise en le dévisageant comme s’il était une bête curieuse.

Rêveuse, elle repense à la soirée de la veille… Si elle n’avait pas été aussi comblée par les attentions de son amant, elle ne pourrait sûrement pas résister à présent à la tentation de lui sauter dessus. Mais contrairement à de nombreux réveils par le passé, elle se sent pleinement satisfaite et rassasiée ce matin.

Qu’il est loin le temps où elle devait se contenter de regarder l’autre avoir un orgasme sans profiter de la même chose en retour. Dès ses premières relations sexuelles, elle avait accepté que le rapport se termine au moment où l’homme avait joui, comme si cela avait été l’unique finalité du coït. Que les préliminaires soient bâclés ou pas, elle se laissait pénétrer dans le seul objectif que son partenaire « termine » et fasse sa petite affaire, quand bien même elle n’avait pas accès au plaisir. Même si elle appréciait la pénétration, cela n’était en rien comparable avec un véritable orgasme comme elle en connait aujourd’hui. Celui qui est déclenché par une stimulation plus intime et qui n’est possible que lorsque l’on s’occupe vraiment de sa partenaire. Ce qu’Erwann a très bien compris et mis en application au cours de ces deux derniers jours.

Jamais de sa vie elle ne s’était sentie autant considérée et valorisée. Comment ne pas succomber à toutes ces nouveautés qui lui sont offertes sur un plateau d’argent après tant d’années de disette ?

Erwann se met en quête de café moulu, d’un filtre en papier et verse une grande quantité d’eau dans le réservoir de la cafetière électrique. Alors que la machine est lancée, il remet des bûches sèches dans le poêle à bois et l’allume, puis informe sa belle qu’il descend au rez-de-chaussée récupérer la livraison de viennoiseries.

Elle profite de son absence pour s’habiller à son tour, émergeant de sous la couette à contre cœur tant le contact de l’air froid sur sa peau brûlante la fait frissonner. Elle se glisse en vitesse dans son pantalon de soie noire, puis superpose son caraco et son gros pull en laine et file aux toilettes à l’étage au-dessus.

Le jour est levé maintenant et lorsqu'elle ouvre les volets, une vue idyllique s'offre à elle. Du haut de la fenêtre, Gwendoline observe la mer scintiller au pied du phare. Des mouettes volent de manière désordonnée, probablement à la recherche de nourriture. L’océan est à présent calme et accueillant. Hier, il était dangereux, mais aujourd'hui, il luit de ses bienfaits. La tempête a laissé place à une atmosphère pleine de gaîté. Tout change, rien ne dure, la vie s’écoule dans une suite de hauts et de bas, de bonnes ou de mauvaises choses, inlassablement.

Gwendoline est subjuguée par le paysage. Le phare domine la Rade de Brest, qui accueille dans son goulet l’Océan Atlantique. La ville n’est pas jolie, mais ses côtes escarpées, comme découpées au cutter, lui donne un charme sauvage typique de la Bretagne. Cette Bretagne qui fait rêver la jeune femme depuis si longtemps, avec sa mer turquoise et limpide et ses falaises abruptes. Cette Bretagne qui se révèle intraitable lorsque les colères de la mer font périr les hommes et les bateaux sans états d’âme. Dangereuse mais si magique et fascinante pourtant.

Elle a toujours voulu venir vivre dans cette région, face à l’Océan, pour admirer chaque jour la beauté de cette nature tantôt paisible et reposante, tantôt violente et capricieuse. Une région de caractère avec ses paysages paradisiaques et ses habitants fiers et têtus. Sa région de cœur.

Après son passage aux toilettes, elle se lave rapidement et découvre du sang sur ses doigts. « Merde », pense-t-elle en réalisant qu’elle n’a rien prévu pour ses règles, étant donné qu’elle n’était pas au courant de cette escapade improvisée. Elle cherche un bout de tissu qui ferait l’affaire le temps de quelques heures. Ce n’est que le premier jour, son flux ne sera pas trop abondant.

Elle se nettoie un peu au lavabo et descend mettre son jean skinny moulant qui maintiendra le tissu coincé à l’intérieur.

Erwann est déjà en bas en train de mettre le petit déjeuner sur la table lorsqu’il constate qu’elle se rhabille à la hâte, enfilant son pantalon le plus rapidement possible.

— Il y a un problème ? s’enquit-il, légèrement inquiet.

— Rien de grave, explique-t-elle rapidement avec un sourire.

— Sûre ? insiste-t-il en terminant de poser les bols et la cafetière pleine au centre de la table.

— Absolument, affirme-t-elle en rangeant ses affaires.

— Viens manger alors, le café est chaud et les viennoiseries ont l’air très appétissant.

Pour accompagner ses paroles, il ouvre le sachet en papier et en vide le contenu dans un panier en osier. Une savoureuse odeur de pâte feuilletée au beurre s’en échappe. Alléchée par la table bien garnie, elle vient s’installer face à lui, les cheveux relevés par une pince. Elle n’est pas maquillée, sa peau est rose et fraîche après un passage sous l’eau glacée. Il remarque son teint sans défauts, ses pommettes saillantes et surtout, son air épanoui.

— Tu es de toute beauté ce matin. L’air marin te réussit.

— Je ne crois pas que ce soit uniquement le bon air de la mer, dit-elle, un sourire coquin au coin des lèvres. Tu y es aussi pour quelque chose...

Le compliment le fait rougir.

— Tant mieux alors. J’ai une question, déclare-t-il après quelques secondes de silence, tout en arrachant un énorme morceau de son croissant au beurre.

Elle le regarde en sirotant son café au lait et d'un signe de tête, l’invite à continuer.

— Tu veux d’autres enfants ? demande-t-il sans préambule.

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