Jogging & Jalousie
Le soleil se leva doucement sur New York, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes, la journée s'annonçait idéal pour faire un footing. Je m'étais levé tôt ce matin-là, animé par une énergie nouvelle. Après cette journée magique avec Julie, ma semaine avait été extraordinaire, mon dernier rendez-vous chez le Docteur Johnson avait été instructif, les cours m'avaient captivés et j'avais même pris la décision de discuter avec Tiffany pour prolonger notre rencontre. Bref, j'avais l'impression que le monde entier s'était transformé et que tout était possible. Elle avait donc fixé le rendez-vous jogging en ce samedi matin et j'avais tout bonnement accepté.
Le parc de Central Parc était calme à cette heure-ci, baigné par la lumière tamisée du soleil naissant. J'attendais Tiphaine près de l'entrée nord, mes baskets de courses neuves serrées à mes pieds, un vieux jogging qui me servait normalement de pyjama, je n'avais rien du vaillant sportif mais mon esprit, lui, était en ébullition. La silhouette de ma sauveuse se dessina au loin sa démarche assurée et longue chevelure noire en queue de cheval flottant légèrement au gré du vent. Elle m'offrit un sourire radieux en m'apercevant.
- Salut Marc ! Belle journée pour un jogging, non ? s'exclama-t-elle en me rejoignant.
- Salut ! Je ne voulais pas te faire attendre, répondis-je, un sourire sincère se dessinant sur mon visage.
Nous nous mîmes à courir côte à côte, nos pas s'harmonisant naturellement. C'était la première fois que nous partagions un moment comme celui-ci, et il semblait que nous étions déjà sur la même longueur d'onde. Nous n'avions pas besoin de beaucoup de mots pour communiquer. La conversation coulait comme une rivière paisible. Le temps s'effila à mesure que nos pas se faisaient plus amples. Ce ne fut qu'au bout d'une heure que nous nous arrêtions finalement pour marcher le long d'un étang pour prendre le temps de discuter.
- Marc, c'était génial de courir avec toi. J'espère que tu te sentais bien, me demanda-t-elle.
- Oui, je me suis senti incroyablement bien, répondis-je, sincèrement reconnaissant.
Elle me fixa.
- Je suis heureuse que tu aies répondu à mon invitation. Tu es le bienvenu à chaque fois que tu le souhaites, proposa-t-elle.
- Je te remercie. Est-ce que cela te dit d'aller boire un verre ce soir ? Si cela te tente bien sûr.
- Un rencard ?
- Euh, non, non. Je suis en couple depuis peu, marmonnai-je mal à l'aise.
- Je rigole, Marc ! dit-elle en riant.
- Je serai ravi d'aller boire un verre. Il y aura tes amis ?
- Oui, si cela te convient bien sûr, répondis-je
- Parfait, à ce soir.
Elle partit en courant dans les rues de New York, tandis que je prenais mon téléphone pour prévenir Adam et la compagnie.
Je rentrai à l'appartement épuisé par le sport que j'avais fait. C'était la première fois que je faisais une activité sportive en dehors du College. Etonnament , cela m'avait fait un bien fou et je me sentais de bonne humeur. Adam était en train de composer une nouvelle chanson et il semblait se prendre la tête sur une suite d'accords qui sonnaient mal.
- Hey, alors ce footing ? dit-il pour me souhaiter la bienvenue.
- C'était génial. Je suis un peu épuisé mais on a passé un très bon moment avec Tiffany. Et toi, tu t'en sors ?
- Non, j'en ai marre... conlue-t-il en posant sa guitare. On se fait un FIFA ?
- Allez ! disai-je d'un ton enjoué. J'ai proposé à Tiphaine de venir à notre soirée.
- Oh, tu cherche le diable.
- Pourquoi ?
- As-tu prévenu Julie ? demanda-t-il.
- Euh, non. C'est grave ? répondis-je tout penaud.
- Tu devrais, dit-il.
Je pris mon smartphone et j'envoyai un simple message pour la prévenir.
Coucou, comment vas-tu ? J'ai proposé à Tiphaine de venir pour notre soirée, si cela ne te dérange pas ? Je voulais la présenter à toute la bande. A toute à l'heure. Bisous.
La soirée arriva rapidement, et je me préparai avec soin. J'avais choisi une tenue décontractée mais plus élégante que mes t-shirts geek. Comme à notre habitude, on allait passer ce vendredi soir à l'appartement pour jouer à des jeux de société, manger quelques pizzas et boire quelques bières. Matthew et Chloe avaient ramener un nouveau jeu que nous allions tester, Gwen et Julie avaient pris à manger et nous étions en train de nous installer lorsque la sonnette de l'interphone sonna.
J'ouvris la porte, Tiphaine était là devant moi. Je fus sous le choc en la voyant. On ne s'était vu que deux fois et c'était pour faire du sport. Elle n'était alors guère à son avantage. Alors que ce soir là, elle avait décidé d'être sur son 31. Ainsi, elle portait une robe noir avec des strass sur son col claudine, des talons aiguilles qui dévoilait sa grâce, une coiffure travaillée qui dégageait sa nuque et un mascara qui soulignaient ses yeux marrons.
- Hey ! me salua-t-elle en me montrant une bouteille de vin qu'elle avait apportait avec elle.
- Coucou, je suis ravi que tu sois venu, dis-je en lui faisant signe de rentrer. Je te présente la bande, voici Adam, mon colocataire.
- Yo ! fit Adam en lui présentant une bière.
- Matthew et Chloe, un couple d'ami qui sont dans la même classe qu'Adam, continuai-je.
- Enchanté !
- Et Gwen et Julie qui sont notre première rencontre à New York, concluai-je.
- Salut, j'adore tes escarpins, s'empressa de dire Gwen en venant lui faire la bise.
Julie n'avait pas dit un mot et regardait attentivement le moindre aspect de la nouvelle arrivante. Elle ne semblait pas ravie et ne le cacher guère à mes yeux. Ce que je ne comprenais pas. Il m'avait fallu énormément de temps pour faire la rencontre d'un individu depuis que j'étais new yorkais et j'étais plutôt ravi d'y être parvenu mais ma petite-amie n'était, semble-t-il, pas du même avis.
La soirée se déroula dans une ambiance décontractée, entre les discussions animées, les jeux et les bières. Tout le monde riait bien volontiers. Cependant, Julie n'en démordait pas. Une sorte de jeu s'était créé entre elle et Tiphaine. Dès lors que cette dernière me parlait, Julie venait tout bousculer à coup de demandes extravagantes, de câlins forcaient et même de baisers langoureux. Je me sentais peu à peu mal à l'aise au point que je passais maintenant mon temps avec les garçons.
- Bon, on va y aller, nous, déclara Matthew en se désignant avec Chloe. On est fatigué et on a un devoir à faire demain.
- Je vous suis, je suis exténué, dit Gwen.
- Pareillement, ajouta Julie qui fixait Tiphaine pour la énième fois de la soirée.
- Je vais t'aider à ranger, Marc, répondit cette dernière.
C'en était trop pour Julie qui ouvrit la porte et partit en la claquant derrière elle. Je ne comprenais pas son comportement. Je n'avais rien fait de mal et je l'avais même prévu que je voulais lui présenter Tiphaine. Mais il semblait que j'étais à des années lumière de comprendre les conventions sociales.
Quelques minutes plus tard, tout le monde était parti et l'on se retrouvait avec Adam sur le canapé à discuter de la soirée.
- Marc, tu as fait une énorme boulette, expliqua-t-il.
- C'est-à-dire ? Qu'ai-je fait au juste ?
- Tu es avec Julie depuis quelques semaines et tu fais venir une inconnue à l'appartement. As-t-on avis, comment l'a-t-elle perçue ?
- Euh... Je ne sais pas.
- Comme une rivale, mec !
- Tu es sûr ? demandai-je.
- Oui !
- Qu'est-ce que je fais ?
- Tu vas envoyer un message à Julie pour t'excuser et pour expliquer que Tiphaine est une amie et tu biens ces mots. Bon, allez, je vais pieuter. Je suis épuisé.
- Ok, ça marche, merci.
J'allais dans ma chambre tout en pensant à ce qu'Adam venait de me dire. Je ne voulais blesser personne. Avais-je mal agi en invitant Tiphaine ? Je me couchais dans mon lit, l'écran de message de mon téléphone devant les yeux. Que devais-je écrire ?
Coucou, est-ce que tout va bien ?
Non, ce n'était pas bon. Je devais directement aborder le sujet. C'était pour cela qu'elle était parti en claquant la porte. Elle devait me pester, il ne fallait pas que je laisse la situation telle quelle et que je revienne avec un "Tout va bien ?".
Julie, que se passe-t-il ? Je ne voulais pas te rendre mal à l'aise en invitant Tiphaine à notre soirée. C'est une amie que j'ai rencontré à Central Park. Elle sait que je suis en couple avec toi, je ne lui ai pas caché. Est-ce que tu m'en veux ?
C'était bien. Je l'envoyai et attendit une réponse de sa part. Quelques secondes secoulèrent et puis quelques minutes et enfin, une vibration.
Désolé, j'ai suréagi, je me suis fait des films et j'ai crûe qu'elle t'intéressait. Elle doit me détester, je m'en veux terriblement. Je m'excuserai à notre prochaine soirée. Donc, nous sommes en couple ?
Nous n'avions pas pu nous revoir depuis notre ôde new-yorkaise que l'on n'avait pas pu poser des mots sur notre relation, notre quotidien ayant prit le dessus sur notre fréquentation naissante. Elle venait alors de poser la question fatidique et ma réponse était évidente.
Oui, on est en couple si tu veux bien sûr.
Une seconde plus tard.
D'accord, dors bien. On se voit demain ?
Oui, on se voit demain. Dors bien.
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