Défaite

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Le coup final fut porté, me faisant perdre mon épée qui tomba lourdement à près d'un mètre de moi. L'enchainement fut si rapide qu'il me fallut une petite seconde avant d'assimiler l'information. J'avais perdu, en comprenant cela je me suis contenté de pousser un soupir et de me laisser tomber lourdement au sol, offrant enfin un peu de répit à mes jambes engourdies.

- J'ai un gout métallique dans la bouche. Tu peux vérifier que je ne me suis pas mordu la langue ?

Posant sa lame sur le coté, elle prit le temps de jeter un coup d'oeil à l'intérieur de ma bouche entrouverte avant de répondre.

- Non, je ne vois rien. Tu es probablement juste épuisé. Ce genre de sensation m'arrive aussi après un effort excessif. 

J'ai hoché de la tête. C'était probablement ça. Le monde autours de moi me semblait encore plus flou que d'habitude. La cours de la maison dans laquelle j'arrivais encore à prendre mes repères il y'a à peine vingt minutes me semblait à peine reconnaissable maintenant. Mes mains s'appuyèrent sur le sol chaud en dessous de moi. J'essayais de me garder bien situé en concentrant mon attention sur les motifs complexes inscrits sur les dalles devant moi.

- Je n'ai pas beaucoup d'énergie en plus de ma piètre vision.

Elle souffla du nez. Venant poser sa main sur mes cheveux, ses doigts passant délicatement entre mes longues mèches décoiffées.

- Tu n'es pas habitué à tenir une lame. Mais bientôt tu seras aussi à l'aise avec une épée qu'un poisson l'est dans l'eau. Tu n'as pas à t'en faire Valence.

Sa tentative de me réconforter me fit sourire. Mais je ne pouvais pas vraiment partager son optimisme. Lorsque j'ai levé la tête pour observer son visage. Ce dernier me sembla tout aussi flou que le reste. Je n'arrivais même pas à déchiffrer l'expression de ma sœur.

Elle a probablement dû remarquer mon regard hasardeux. Sa main descendit jusqu'à ma joue, et elle s'approcha un peu plus pour venir poser un baiser sur mon front, son autre main serrant la mienne. Le contact me rassurait. d'aussi près je pouvais détailler les fils et imperfections dans sa tunique blanche. 

- Tu te prends trop la tête tu sais ? Je suis sûr que ta vue se rétablira, et ce jour là c'est toi qui me battra à plate couture.

- Tu as trop d'espoir Charlotte. Même si ma vue était parfaite je serais à des lieux de pouvoir te surpasser. Tu pourrais juste souffler trop fort et j'irais voler de l'autre coté de la résidence pour tomber dans une quelconque botte de foin.

Elle retint un rire suite à ma remarque.

- Eh bien si tu ne deviens pas épéiste. Tu pourras toujours considérer une carrière dans la comédie petit frère.

- Et quand je deviendrai célèbre et regardé par le roi, je ne le reconnaitrai pas lorsqu'il viendra m'offrir ses félicitations. On finira bien par me couper la tête.

Elle passa ses mains sous mes genoux et derrière mon dos. Se relevant soudainement en me portant dans ses bras. D'un coté c'était très embarrassant, et d'un autre mes jambes encore faibles la remerciait.

- Je pense qu'on a assez discuté de têtes qui tombent Valence. Le soleil frappe fort. Si tu tombes malade sous ma garde, mère m'arrachera bien une oreille ou deux.

- Ahah...Ce n'est pas f-

- De plus !

Elle me regarda dans les yeux, et d'aussi près j'arrivais enfin à déchiffrer son expression. Je vis alors une étrange détermination dans son regard, une dont l'origine m'échappait tellement que je pensais l'avoir juste imaginée.

- Si on venait à vouloir te couper la tête mon frère. Il serait de ma responsabilité de venir te sauver. 

Après mieux réflexion, elle devait sûrement faire preuve d'humour, elle ne pouvait pas être sérieuse après tout. Mais je me suis surpris à cet instant précis, à y croire. 

Alors qu'elle commençait à marcher en direction de la porte de la maison, je me suis laissé apprécier le sentiment de sécurité que je ressentais dans les bras de ma sœur. La seule chose qui me paraissait encore un peu claire et compréhensible dans le monde autours de moi.

Pendant un instant, j'ai espéré que toutes les défaites me sembleraient toujours aussi douces.

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