Chapitre 29 : "Des bisous partout"

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Le souffle court, Kimi vérifia dans son dos qu’elle l’avait semé. À droite, à gauche : rien. Elle accueillit le silence avec un dégluti, à l’affût. Tout en jetant des coups d'œils vifs autour, elle tressaillit du propre frottement de son bras contre ses vêtements. Elle remettait ses cheveux en place quand elle devina des bruits de pas. Il était toujours là, sa tête de loup, apparaissant bout à bout depuis le coin du mur. Face à ses dents acérées, ses yeux jaunes injectés, Kimi se figea. Quand la grande masse noire menaçante se planta au milieu du couloir et la fixa de son masque sans âme, elle sentit son cœur se compresser violemment dans sa cage thoracique et son sang remonter jusque dans ses tempes. Le cri lointain d’un ami lui délia les pieds : “ COURS !!”.

Dans sa fuite, tout devint flou, rapide et incontrôlable. Pensant trouver refuge, un long hurlement strident fit écho dans l’école, puis revint le silence inquiétant.

  • Kimi ? frissonna Sky, dans la cage d’escalier, le nez pointé vers l’étage du dessus.

***

Sur les basses, les élèves de Saint-Clair profitaient du début de soirée mouvementée, dansants, hystériques, dans un début d’ivresse cachée. Les seringues piégées de Kyle portaient leurs fruits. Même le groupe de Richess s'était prêté au jeu, pariant lesquels d'entre eux tomberaient sur celles contenant de l'alcool. Seule Nice resta raisonnable, partageant celle de Selim, uniquement à la cerise. Une année plus tôt, Cupidon, distributrice de flèches, s’était faite piquer par l'amour et aujourd'hui, elle dansait, mains liées et jambes entrecroisées avec son pirate.

Fidèles à eux-mêmes, Laure et Sky se trémoussaient quand ce dernier s’arrêta, choqué par une certaine vision, et non pas celle de Kimi dansant, coincée entre les deux vampires blonds.

Au milieu de la piste, un adorable chat de Cheshire, des oreilles pointues sur la tête, et un pull aux rayures mauves sur le dos, se mouvait en jouant de sa queue devant Lysen. Cette dernière l'enjôlait de ses yeux entourés d’un maquillage en forme de toile d’araignée et de ses mains gantées.

  • Je rêve ou quoi ? lâcha le docteur Makes, jetant immédiatement un regard vers Kimi.
  • Ils ne font que s'amuser ! s'empressa-t-elle de le canaliser en déposant une main sur son torse.
  • De manière très proche, intervint Laure, des étincelles dans les yeux, puis se retenant de rire quand Kimi lui fit de gros yeux.
  • Houp ! Ça ne va pas le faire ça, par contre…

Courant vers son jeune frère qui se voyait proposer une seringue, Sky les dévisagea, contrarié. L’arrêt de la musique récupéra son attention, comme le restant de la salle. D’une main, Loyd invita Nice à se mettre en hauteur pour annoncer la suite des événements.

  • J’espère que vous vous amusez, débuta le petit ange qui reçut une réponse immédiate. Ce soir, nous avons prévu une surprise, expliqua-t-elle d’un air timide, mais gai. Nous vous proposons de faire un jeu, et il s'agit d'une chasse !

Alors que les étudiants attendaient d’en savoir plus avec excitation, Loyd enchaîna avec les règles du jeu :

  • Le but de cette chasse sera d'éliminer ses concurrents, et ça, en les touchant, avec la main, comme au jeu de la balle au prisonnier. C’est donc un chacun pour soi, mais vous avez le droit de former des équipes, tant qu’il n’en reste plus qu’un à la fin. Pour éliminer quelqu'un, il ne suffira pas à proprement parler de le toucher, expliqua-t-il, ses grandes ailes noires lui donnant un air noble. Vous verrez, que nous avons installé à chaque bout de couloir et dans des points stratégiques des pots de peintures. Vous l'aurez compris, pour éliminer quelqu'un vous devrez y laisser votre empreinte. Une fois que c'est fait, cette personne revient au gymnase, le restant de l'école est à votre disposition et nous prévoyons un temps de dispersion avant de commencer le jeu. La sonnerie marquera le début de la chasse et si je peux vous donner un conseil : méfiez-vous des professeurs. Eux aussi ont le droit de vous éliminer, il est donc tout à fait possible que l’un d’eux remporte la partie. Alors, je vous en prie, sauvez l’honneur ! s’exclama-t-il en levant son poing à la foule qui se mit à rire. Est-ce que vous êtes chauds ?

Lorsque l’assemblée répondit d’un grand cri commun, Loyd et Nice partagèrent un regard extrêmement complice et encouragèrent les équipes se formant à quitter doucement le gymnase. Derrière tous les participants qui décampaient, Kimi traînait de la patte. Son ex, Ulys, ne put que le remarquer.

  • Je ne sais pas si je vais pouvoir jouer, lui dit-elle en ouvrant sa main pour regarder sa paume, d’un air craintif.
  • Bien sûr que tu vas jouer, fit-il en lui attrapant, je serai ta main ce soir, ok ? S’il ne reste que nous deux… Eh bien, on avisera à ce moment-là, plaisanta-t-il en lui lançant un clin d’œil. Allons-y !

Légèrement rassurée, la blonde se laissa emporter par le mannequin pour quitter le bâtiment main dans la main.

***

Un effroyable calme s’était installé dans l’immense arène, tous les joueurs en attente du signal, patientant, cachés ou plantés au milieu du jeu de quilles. Lorsque la musique se déclencha, un vacarme de cris et de rires s’installa et se prolongea durant de longues minutes.

À fond dans son rôle de Catwoman, Sylvia fit preuve d’une grande diligence pour se faufiler jusqu’au sous-sol. La belle brune constata que les portes menant au bassin étaient fermées, mais pas les vestiaires. Avec le sentiment que quelqu’un s’y cachait, elle déboula dans la pièce à toute allure. Personne. Elle faillit hurler en sentant qu’on l’attrapait par derrière, une main, couvrant sa bouche, l'en empêchant. Lorsqu’elle tomba sur le sourire ricaneur de Steve, elle s'en débarrassa à coup de coude.

  • Tu es fou ?! s’écria-t-elle.
  • Chuuuuut, répondit-il en déposant un doigt sur sa bouche pulpeuse. Des gens arrivent, s’alarma-t-il alors en l'attrapant pour la mener jusque dans une cabine.

Collés, serrés dans le petit endroit, Steve gardait son index sur ses lèvres. Sylvia n’entendait rien, se concentrant. Quand elle vit son sourire s’étendre, elle comprit la supercherie.

  • Ah, il n’y a personne… Steve franchement… Sortons d’ici… Et vous avez des comptes à me rendre, toi et Kyle ! Je savais que cette histoire de seringue était louche !

Lui barrant le passage avec son bras, il ramena celui-ci pour venir caresser la pointe de ses cheveux. Ses yeux bridés s’agrandissaient légèrement en la contemplant. Il aimait son air sévère, la façon dont elle détournait les yeux, puis les replantait dans son regard, pour faire preuve d’autorité. La jeune professeur n’avait en réalité jamais été aussi troublée, encore moins par un étudiant.

  • Pourquoi… Est-ce que tu agis de cette manière ? Je n’aime pas ça, ce jeu… Je ne peux plus accepter tes “avances”, ou je ne sais quoi… déclara-t-elle d’un ton peu convaincant.
  • C’est de ceci dont vous parliez ? demanda-t-il en sortant une seringue dissimulée dans la manche de sa combinaison en latex qui ne faisait qu’accentuer le malaise de la belle brune. Je crois qu’au contraire, vous l’adorez, ce “jeu”. Faites “Aaaah”, lui commanda-t-il en pointant la seringue vers sa bouche.
  • Je ne te… C’est faux ! Et je ne… ne… bégaya-t-elle, louchant sur le bout de plastique qui se rapprochait dangereusement.
  • Je vous déstabilise ? Soyez honnête, je vous plais, n'est-ce pas ?

Après un temps, contre toute attente, Sylvia, dont le joli visage se réchauffait, fronça les sourcils et ouvrit sa bouche petit à petit. Craquant pour ses jolis yeux fuyants, Steve déposa doucement la seringue sur ses lèvres et la retira au dernier moment pour l’embrasser. Le baiser volé s’étendit dans le temps dans la petite cabine quand la jeune professeur fit tomber toutes les barrières. Emporté par la fougue, l’Asiatique lui glissa à l’oreille un mot dans sa langue maternelle : “Wǒ ài nǐ”

"Je t'aime"

***

Deux étages plus hauts, un autre couple vivait l’aventure à deux, mais dans une ambiance beaucoup moins torride et sauvage.

  • Pourquoi tu fais la gueule ? demanda franchement Alex à Faye qui avançait d'un pas rapide.

La rousse avait effectivement des choses à lui reprocher.

  • Tu demandes pourquoi ? se retourna-t-elle alors, blessée. Tu m’évites ! Depuis notre dernière dispute, j’ai l’impression que… tu ne veux plus de moi !
  • Pardon ? s’insurgea-t-il, en la regardant bien de haut en bas, pour lui faire comprendre que c’était impossible. Je ne te suis pas là…
  • Moi non plus ! Je sais que tu l'as mal pris quand je t'ai dit “non”, mais de là à danser avec Kimi, devant mes yeux, alors qu’on s’est peu parlé de la semaine… C’est trop pour moi !

Alex tenta tout de suite de la rassurer en venant attraper ses deux mains, mais aussi en comptant sur son charme vampirique.

  • Je n’ai rien pour Kimi. Je l’adore, tout comme Nice et comme Laure, sourit-il en voyant son air s’adoucir. Mais toi, c’est plus que ça et… Je ne te lâcherai pas parce que tu ne voulais pas qu’on... fasse l’amour. Jamais.
  • Alors pourquoi tu as pris tes distances ? demanda-t-elle, l’accablant d’un triste et sérieux regard.
  • Parce que j’avais l’impression d’être trop sur toi. De trop t’en demander, je voulais te laisser de l’espace et… Tu sais que je m’en veux ? Je m’en veux d’avoir autant envie… Mais en même temps, lâcha-t-il d’un air dragueur, comment veux-tu que je résiste à une si jolie pirate, ajouta-t-il dans l’espoir de lui décrocher un sourire, et ça fonctionna.
  • Merci, souffla-t-elle sincèrement, flattée, mais… Non, je suis désolée. Je sais que je t’ai blessé.
  • Moi aussi, je ne t’ai pas respectée.

De ces mots d’excuses, les amoureux se languirent de l'autre, un peu gênés de s’être pris le chou ces derniers jours. Passant d’abord une main dans ses cheveux plaqués avant de l’attraper dans ses bras, Alex en profita pour lui taquiner le cou.

  • Viens ici que je te dévore ! s’exclama-t-il en le mordillant, pour ensuite y déposer des baisers, lui arrachant des rires qui trahirent leur position dans l’école.

***

De manière très zen, mais un peu essoufflé, Leroy s’avançait dans un couloir vide. Il venait tout juste de s’échapper d’un assaut d’élèves plus âgés avec une grande agilité. Depuis le début du jeu, il n’avait fait qu’éviter ses concurrents sans même avoir eut l’occasion de voir la couleur de la peinture et de les attaquer en retour. En tournant au coin, il tomba enfin sur un pot, mis en évidence. Un piège. L’araignée avait tissé sa toile, l’attendant forcément cachée dans l'angle mort. Jouant cartes sur table, il sprinta jusqu’au seau métallisé et y plongea sa main, dérapant contre le sol, quand, comme prévu, il vit sa concurrente lui sauter dessus. Comme des aimants, badigeonnant les vêtements de l’autre, Leroy et Lysen s’embrassèrent passionnément avant de se dévorer des yeux, fous amoureux.

  • Tu m’as eue, rigola-t-elle de bon cœur, tortillant son petit nez.
  • Toi aussi, répondit-il en joignant sa main à la sienne, la peinture passant entre leurs doigts. C’est du rouge ? lâcha-t-il ensuite en observant sa paume.

Lysen se moqua en ne comprenant pas sa remarque. En effet, la peinture était rouge, bordeaux même, comme le sang. Levant les sourcils pour sortir de ses pensées, Leroy proposa de rentrer au gymnase, mais elle pensa à mieux. Assis l'un à côté de l'autre, sur une table d'une classe libre, ils prirent le temps de discuter et de s'embrasser, le chat de Cheshire s'obligeant à chasser ses inquiétudes.

***

Kimi et Ulys marchaient côte à côte, aucunement effrayés par les décorations morbides et les attaques surprises qu’ils avaient jusqu’ici évitées avec brio. Ils partageaient une discussion tout à fait normale, relâchés, jusqu’à ce qu’ils atterrissent devant un panneau : “Attention, au tournant, vous entrez dans le territoire des loups”. Un instant, les deux se regardèrent partageant un rire étouffé.

  • Ça rappelle presque des souvenirs… lâcha Ulys qui faisait référence à leur passé.
  • Ah, ça… répondit-elle en haussant les sourcils, puis en réajustant ses dents de vampire. Ça me fait pas peur !

Le courage et la détermination dont ils firent preuve disparurent immédiatement quand ils se firent attaquer au tournant par deux loups-garous enragés. Kimi eut le réflexe de reculer face à la main pleine de peinture qui se dirigea droit sur son visage et fit signe à Ulys de courir. Détalant comme des lapins pour fuir les deux professeurs déguisés, le blond se prit bêtement les pieds dans une bâche de protection et fut le premier attrapé.

Kimi se retrouva alors seule, dans un face à face avec l’interprétation même de ses plus sombres cauchemars. Le loup en face, bien qu'il ne s'agît que d'un costume, la terrorisa. Elle se remémora des images et des silhouettes portant des masques similaires qu’elle souhaitait oublié.

Lorsqu’Ulys, déjà hors course, lui cria de déguerpir, elle partit en trombe, évitant plusieurs personnes sur son passage pour descendre un étage. Elle courut à en perdre haleine jusqu'à ce qu'elle trouve un lieu potentiellement sûr, dont elle ouvrit la porte avec précipitation. Kimi eut droit à une douche froide, un seau entier de peinture rouge lui tombant sur la figure et dégoulinant le long de son corps, de ses vêtements et bientôt de ses jambes. Seule son visage avait été épargnée grâce à son réflexe de la couvrir.

Son ami, son ex, son duo, son presque tout, ayant promis de ne pas l’abandonner, l’avait retrouvée sans peine à l’aide de son cri. En la découvrant, recouverte, il s’approcha, prêt à rire. Kimi eut d’abord le même réflexe, réalisant qu’elle s’était fait avoir comme une bleue par une porte piégée. Mouillée et collante, elle passa désagréablement ses mains derrière ses oreilles pour dégager son visage de ses cheveux, puis les regarda comme pour établir un constat.

  • Tu n’as vraiment pas de chance… Kimi ? fit Ulys en la voyant baisser la tête, soudainement silencieuse. Tes mains...

Ses grands yeux bleus, autant que ceux de Kimi, s’arrondirent sur ses paumes, pleine de rouge. Il la vit se tenir les poignets tour à tour pour empêcher ses doigts de se crisper. Elle les secoua, ses mains devenant tremblantes. D'une horrible grimace, elle se mit à les frotter doucement, puis compulsivement, se forçant à les éloigner du reste de son corps. Le cou tout autant tendu, elle projeta son dos contre le mur, puis fut prise d’un spasme au niveau de la cage thoracique. Prenant conscience de la situation, Ulys passa l’une de ses mains sous ses mâchoires pour relever son visage vers le haut.

  • Ne regarde pas. Ça va aller.
  • Aide… peina-t-elle à sortir, son regard animal planté dans le sien.
  • Oui, ne regarde pas. Viens, avançons, la guida-t-il en passant ses bras derrière son dos.

Au même moment, Sky, qui venait également de se faire éliminer, montait les escaliers par deux marches, attiré par ce qu’il avait pensé être la voix de Kimi. Lorsqu’il tomba sur Ulys, de son point de vue en train de la forcer à rentrer dans une salle, il s’empressa de venir les séparer.

  • Tu fais quoi bordel ?! Lâche-là ! s’écria-t-il en reprenant Kimi par le poignet, constatant par la même occasion son état. Mais… Qu’est-ce que t’as fait, toi ?

Quand la blonde retomba à nouveau sur la couleur, elle se remit à criser, plus fort, cette fois. Lorsque des larmes se logèrent dans ses yeux, Sky passa de la surprise à la colère. D’un renard noir, il l’assaillit.

  • Tu lui as fait qu…
  • Imbécile !! C’est vraiment pas le moment ! s’irrita-t-il en le chopant par la nuque pour l’embarquer de force dans la pièce, pressé de lui régler son compte, mais plus inquiet pour Kimi qu’il envoya aussi dedans.
  • La touche pas comme ça ! s’énerva-t-il lorsqu’il le vit à nouveau la malmener.
  • C’est pas vrai… lâcha le blond en regardant par-dessus l’épaule de Sky, tombant sur Lysen et Leroy, très proches.

Le couple qui avait essayé de se faire très discret en entendant autant de bruit à l’extérieur venait de se faire prendre la main dans le sac. Quand Sky eut un mouvement vers eux, Ulys l’en empêcha.

  • Plus tard. Aide-moi, le retint-il.
  • Nan, attends, mais vous faites quoi là… insista-t-il en se dirigeant vers sa petite sœur qui le regardait avec dédain.
  • Plus tard !! Je te dis ! Allez vous-en, vous deux !
  • Mais t’es qui pour me donner des ordres ?! Et encore moins à ma sœur ! le poussa-t-il à l’épaule.
  • Tu vois pas qu’elle va mal !!! hurla-t-il en l’attrapant par le col, tapant sa tête contre la sienne. Elle a peur du sang ! À cause de l’accident ! Alors je te demande une chose, UNE seule chose, c’est de m’aider avant qu’elle pète les plombs !

Voyant que Kimi tremblait comme une feuille, Leroy constata que ses craintes étaient fondés. Quand lui aussi voulu venir vers eux, Ulys le chassa d’un regard plus que persuasif. Tel un chat apeuré, la queue entre les jambes, il prit la main de Lysen avant de partir.

À leur départ, Sky se retourna vivement vers Kimi qui se repliait sur elle-même, le regard écarquillé, les dents apparentes, tel un animal sauvage. Elle avait fermé ses poings, sur lesquels ses veines ressortaient à force de trop les serrer. Elle suffoquait de plus en plus, tout en commençant à bégayer :

  • Ma…
  • Non, arrête de regarder, la rattrapa Ulys lorsqu’elle se laissa tomber à genoux. Sky, aide-moi à la relever, on va l’amener à l’évier.
  • Ma… man…

En train de s’exécuter, le mot “maman” déchira Sky de l’intérieur. Il constata une atroce souffrance dans ses expressions. Plus question de réfléchir, il essaya de la stabiliser quand elle commença à se débattre.

  • Non !! cria-t-il en se penchant en avant.
  • Sky, retiens…
  • Oui, je sais ! s’écria-t-il à son tour, paniqué.

Après avoir réussi à l’accompagner devant le lavabo, Ulys la força à passer ses mains sous l’eau qu’elle s’empressa d’envoyer en l’air, refusant qu’on la touche davantage. Fermement, le blond la coinça tandis que Sky ne savait plus où donner de la tête. Les grosses larmes et les cris étouffés qui restaient coincés dans sa gorge lui brisait le cœur. Il n’avait jamais vu Kimi agir de cette façon, ne lui avait jamais connu une telle force. L’entourant de ses bras pour l’immobiliser, elle arrivait encore à se mouvoir, secouant la tête en vain.

  • Putain, mais tu sais pas la retenir deux secondes ! craqua Ulys alors sous la pression.
  • Je fais ce que je peux ! rétorqua-t-il.
  • Eh bien ! Fais mieux !!

En train de hoqueter pendant qu’Ulys mouillait une serviette, Kimi arriva à repousser Sky qui la rattrapa aussitôt, plongeant ses yeux dans les siens pour essayer de la convaincre de se tenir.

  • Kimi, regarde-moi…
  • Noooon ! Lâchez-moi !!

Elle se mordait les lèvres compulsivement, toujours en refusant de se calmer, mais Ulys arrivait à nettoyer ses mains petit à petit.

  • S’il te plaît, calme-toi…

Lui hurlant à la figure, elle lui envoya un coup de coude dans les côtes. Douloureusement, il se tint le flanc en observant Ulys prendre le relai. Rien ne fonctionnait. Sky perdit espoir qu’elle reprenne ses esprits d’ici peu. La vision de Lysen et de Leroy collés l’un à l’autre lui revint en tête comme un coup de fouet. Ce n’était pas le moment, pourtant il pensa au fait qu’ils puissent être ensemble. Des mots le frappèrent : “Je n’ai même pas encore eu le temps de …”, si bien qu’il fut pris d’un élan, abandonnant sa douleur, pour passer une main à l’arrière de sa tête, et l’autre sous son menton. Sans hésiter, il l’embrassa.

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