Chapitre 36 : Discussions de filles.

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Plus tard, dans la soirée, en apprenant que les filles se réunissaient, les garçons décidèrent de faire de même.

Sky et Loyd avaient sorti des bières en guise de réconciliation et avec Alex sur les arrières, ils se rendirent tous les trois jusqu’à la chambre de Selim. En ouvrant, ce dernier se laissa basculer, son épaule s’écrasant contre l’entrée.

  • Vous voulez quoi les mioches ? fit-il en levant un sourcil.
  • Dit-il alors que c’est un nain, lâcha le grand blond qui surplombait d’une tête ses deux autres copains.

Après lui avoir répondu par une grimace, le petit Hodaïbi défia Loyd d’un regard très sérieux. Ce dernier voulait arranger les choses avec tout le monde.

  • Je sais que ça ne sera peut-être pas simple pour toi de me pardonner, mais… Je m’excuse encore une fois pour ce que je t’ai fait, déclara-t-il en y répondant avec force.
  • Pfff, tu parles, se bidonna-t-il. C’était bien suffisant de te menotter ! s’exclama-t-il en venant le choper par la nuque. Allez, entrez ! Alex, j’espère que tu m’as pris ma boisson ?
  • Tu me prends pour qui ? lâcha ce dernier tout fier.
  • T’es le meilleur ! Quoi ? fit-il en constatant que Loyd le regardait presque avec émerveillement.
  • Toi, tu es vraiment un bonhomme, répondit-il avec un sourire en coin.
  • Tu le remarques que maintenant ? le charria-t-il en s’accrochant à son épaule.
  • Ne le flatte pas trop ! s’écria Sky qui s’était assis sur les genoux de son complice blond qui pour une raison obscure le taquinait aux tétons.
  • Mais…

Loyd et Selim se regardèrent de près un instant, tout sourire.

  • Tu m’as quand même séquestré et menotté ! éclata-t-il de rire.
  • Le plus beau jour de ma vie !

Dans une esclaffée générale et la bonne humeur, qu’ils n’avaient plus vécus ensemble depuis longtemps, les garçons s’installèrent pour faire la fête.

***

Du côté des filles, Faye arrivait en bombe, main dans la main avec Nice qui s’était aussi fait des petites ondulations dans son carré noir. Le duo de copines se portait plus que bien ces derniers temps, à l’instar de Laure et Kimi qui ne savaient pas comment aborder le sujet fâcheux. En un sens, cette dernière attendait avec impatience l’arrivée des filles pour ressentir moins de pression et comme elle l’avait imaginé, les voir débarquer, pleines d’énergie, la rassura.

  • Eh ben ! C’est pas la joie ! s’exclama la grande rousse dont les cheveux ne faisaient que s’étendre en boucle.
  • Pourquoi ces petites bouilles ? s’inquiéta Nice qui s’installa immédiatement à genoux aux côtés des filles qui se faisaient face.
  • J’aimerais bien le savoir, moi aussi, déclara Laure en osant un regard vers la blonde qui se mordillait nerveusement les lèvres.
  • Tu fais la gueule, Kimi ? lui demanda Faye sans passer par quatre-chemins en s’installant au bord du lit pour avoir une vue sur ses trois copines.
  • Non, pas vraiment… Ce n’est pas ça…
  • Est-ce que j’ai fait quelque chose qui t’a déplu ? l’interrogea Laure.
  • Non, c’est…
  • Parce que j’ai embrassé Sky ? tenta-t-elle alors. Oui, c’est à cause de ça, conclut-elle lorsqu’elle resta bouche bée.

Dès lors, les filles fixèrent Kimi qui ne disait plus rien. Depuis qu’elle avait appris pour ce bisou, tout un tas de pensées parasites s’étaient installées dans sa tête. Elle n’en voulait pas à Laure, mais en même en temps, elle n’aimait pas se les imaginer. Il s’agissait aussi du droit de Sky et d’une erreur, comme elle l’avait compris, mais elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir un peu à lui. Cette nouvelle avait créé un froid, parce qu’elle avait l’impression que ce baiser avec Sky ne voulait plus rien dire, pour le peu qu’elle le considérait déjà.

Voyant qu’elles attendaient une explication, elle se lança :

  • À Halloween, pendant la chasse, il y a eu…

Difficilement, Kimi revint sur l’histoire de la peinture. Ce passage fit beaucoup de peine aux trois Richess qui comprirent qu’elle avait gardé des séquelles de son enfance.

Elle leur raconta comment Ulys l’avait aidée et comment il était important à ses yeux depuis toutes ces années, car il connaissait parfaitement ses traumatismes.

Puis, l’arrivée de Sky, ses cris, ses pleurs, le fait qu’elle n’arrivait plus à se reprendre, et le baiser qu’il lui avait donné pour la calmer.

  • Il t’a embrassée… fit Laure en amenant ses doigts sur son menton, réfléchissant. Et comment il était ? demanda-t-elle alors que Faye et Nice se couvraient les bouches pour ne pas passer en ultrason, excitées de la nouvelle.
  • Je… Ah bah, je… Il était, je ne sais pas moi, je n’étais pas … bégaya-t-elle, un peu bouleversée.
  • Je veux dire, son visage, comment il était ?? insista-t-elle en s’appuyant sur ses paumes pour marcher à quatre pattes jusqu’à sa copine.
  • Euh… Il me regardait… On se regardait sans rien dire, c’était bizarre…
  • Et qu’est-ce que ça t’a fait à toi ??
  • Mais Laure ! Ce n’est pas la question ! Je suis gênée parce qu’il t’a embrassée toi avant moi et…
  • Et alors ?? Je ne suis pas amoureuse de lui ! Tu le sais, non ? s'en assure-t-elle.
  • C’est juste que…
  • Qu’est-ce qui t’embête exactement, Kimi ? lui demanda gentiment Nice.

La blonde se tut pour réfléchir.

  • Je crois que… ça me permet juste de me rendre compte que ça n’avait rien de spécial, répondit-elle tristement. Des filles, il en a embrassé des tas et toi aussi, alors que vous n’êtes pas…
  • Excuse-moi, mais je t’arrête tout de suite, fit Laure en levant sa main pour prendre la parole.

Légèrement à contrecœur, parce qu’il s’agissait d’un moment très intime, elle lui expliqua ce qui s’était exactement passé à cette fameuse soirée. Elle insista sur le fait qu’ils étaient tombés d’accord sur le fait qu’ils ne partageaient aucun sentiment amoureux.

  • Alors, c’est vrai qu’il n’a jamais embrassé avec amour, mais pour qu’il t’embrasse toi…
  • En quoi ce serait différent ?
  • Tu n’es pas n’importe qui, la rassura-t-elle. Tu es la fille qui l’a giflé, lui sourit-elle en se remémorant la scène, ce qui arracha un petit rire à Kimi. Vous vous chamaillez, tout le temps. Tu es allée chez lui, je dirais même que vous vous faites la guerre. Vous avez voyagé à L.A. ensemble et tu as chanté pour lui ! Pour essayer de te calmer, il t’a embrassée, c’est mignon, non ?

Kimi pensa qu’il y avait même eu bien plus, entre toutes les disputes, les réconciliations, et cette fois où il avait découvert sa cicatrice, qu’il l’avait touchée… Ou encore quand elle avait assisté à la dispute avec son frère et qu’elle lui avait sauté dans les bras. Ils avaient même déjà dormi ensemble, mais toutes ces informations, elle préférait les garder pour elle.

  • Et surtout…
  • Quoi ?? recula Kimi face à son air coquin.
  • Je l'ai vu te zieuter en cachette en cours aujourd'hui...
  • Ce n’est pas vrai ! s’exclama-t-elle en rougissant.
  • Oh que si, et toi, tu étais toute gênée ! la taquina-t-elle.
  • Il y a de l’amour dans l’air ! l’embêta Faye à son tour.
  • C’est trop mignon, s’émerveilla Nice.
  • Non, les filles ! Non ! les arrêta-t-elle alors qu’elles la regardaient toutes comme des renards rusés. C’est… Je n’ai jamais aimé, que ce soit avec Mike ou avec Ulys, je ne suis pas tombée amoureuse.
  • Ce n’est pas la même chose, c’est de Sky dont on parle, ici, répondit Laure.
  • Le fait que tu puisses être contrariée que ce bisou n’ait pas de valeur montre que toi, tu y accordes de l’importance, ajouta Nice qui lui sourit doucement pour la mettre en confiance.
  • Il te perturbe et c’est ça qui fait la différence, dit Faye.
  • Mais justement, c’est… ! Oh, je ne sais pas, je suis perdue, déclara-t-elle forfait, déconfite.
  • Si tu veux, je peux mener mon enquête, proposa Laure.
  • Ah non ! Pas ça ! C’est trop gênant, je préfère que ce soit… naturel ?
  • Oh, donc, tu as quand même envie qu’il se passe quelque chose ? pouffa Nice qui se mettait aux taquineries.
  • Pas toi ! la bouscula-t-elle gentiment. Non, je… je verrais bien, mais merci… Je me sens un peu mieux, dit-elle en déposant une main sur sa poitrine. Et Laure, je suis désolée… Je ne voulais pas mettre de la distance ou quoi que ce soit, je ne savais juste pas comment t’en parler. Tu ne m’en veux… pas trop ? lui demanda-t-elle d’un ton hésitant, rapprochant machinalement son index en le grattant contre le sol.
  • Ne dis pas de bêtises, répondit-elle en attrapant sa main entière, je comprends tout à fait. Encore une fois, sois certaine qu’il ne m’intéresse pas. Il est tout à toi, annonça-t-elle, un sourire en coin.
  • D’accord… dit-elle en rougissant légèrement.

Alors que la petite Nice déposait ses index de part et d’autre des joues de Kimi pour l’embêter, Faye regarda Laure avec un sourcil levé. Les deux filles débutèrent alors une guerre de celle qui tiendrait le plus longtemps.

  • C’est vrai, on en parle de Kimi, mais et toi ? Avec Loyd ? essaya-t-elle de la déstabiliser.
  • Et sinon, Alex en thérapie ça marche aussi ? Il a pas trop mal au zizi ? rétorqua-t-elle en envoyant valser sa longue chevelure en arrière.

La bouche grande ouverte, Faye fit des yeux aussi ronds que Kimi et Nice qui arrêtèrent tout de suite de se chamailler, les cheveux tout ébouriffés, tout aussi choquées.

  • Comment tu sais ?! s’exclama la rousse en plaquant ses paumes au sol.
  • Je sais toujours tout, ricana-t-elle, je suis “Laure Ibiss”, ahahahah ! imita-t-elle son père en tapotant ses lèvres telle une richarde, bien contente d'avoir réussi à detourner la conversation.

Laure n'avait aucune envie pour le moment de devoir mettre des mots sur ce qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle pensait à Loyd, n'arrivant pas à gérer ce tambour continuel dans sa poitrine. Elle ne voulait pas devenir timide en parlant de lui, et montrer à tous qu'elle aussi pouvait faire preuve de faiblesse.

  • Tu es folle… souffla Faye avant de baisser les yeux.
  • Je ne voulais pas te faire de peine, dit-elle alors.
  • Prise au piège ! s’écria-t-elle en venant appuyer son index sur le front de Laure.
  • De quoi vous parlez ? demanda Kimi qui ne comprenait pas et qui remarqua que Nice était dans la confidence.
  • Oh, c’est… Alex, ces derniers temps, il discute avec Sylvia de nos petits soucis…
  • Petits soucis ? s’étonna-t-elle.
  • Au lit, répondit-elle. Comment dire qu’il était toujours très… demandeur ? En gros, il voulait le faire tout le temps et c’est devenu difficile pour moi de suivre, expliqua-t-elle, avec tout de même un peu de gêne. Récemment, on s’est disputés à cause de ça et depuis, je vois que ça l’inquiète vraiment, qu’il fait attention à ce que ce soit agréable… Ça l’a toujours été, mais, enfin bref, rougit-elle. Vous avez compris.

Laure se garda bien de lui dire qu’elle était celle qui avait conseillé Sylvia à Alex. Une atmosphère un petit peu lourde s’était alors installée dans la chambre.

  • Désolée, ça plombe l’ambiance…
  • Mais non ! voulu la rassurer Kimi, c’est juste que… Enfin, j’ai du mal à imaginer…
  • Tu ne l’as jamais fait, toi ? lui demanda Faye.
  • Hum, non…
  • J’en connais un qui sera ravi de l’apprendre, marmonna Laure en regardant ailleurs.
  • Hey ! Tu as pas intérêt ! lui sauta-t-elle dessus.

Pendant que les filles riaient, Nice les observaient, les genoux ramenés à sa poitrine et ses bras autour de ceux-ci. Elle avait soudainement une petite mine.

  • Je me demande comment c’est… lâcha-t-elle un peu ailleurs.

Elles s’arrêtèrent immédiatement, alarmées.

  • Avec Selim, vous… ? investigua Laure à tâtons.
  • Il me semblait que tu étais au courant de tout, la coupa Faye.
  • Tais-toi, donc.
  • Non, nous n’avons encore rien fait…
  • Mais ça fait longtemps quand même que vous êtes ensemble, souleva Kimi.
  • Oui, répondit-elle un peu tristement. Récemment, hum… Ah, je ne sais pas si je devrais parler de ça, se mit-elle à rougir.
  • Tu sais que tu peux nous parler de tout ! s’exclama Faye.

Toute timide, Nice leur expliqua que pendant tout un temps, il ne lui avait plus proposé de dormir ensemble et que cela concordait avec le moment où il passait beaucoup de temps avec Faye. Cette dernière se sentit désolée de ne rien pouvoir lui dire sur les raisons qui les avaient poussés à se retrouver. Et le jour où elle pensait dormir à nouveau avec lui, elle avait dû rejoindre Loyd. Cette même fois où pour la première fois, elle l’avait vu excité. Depuis, un tas de pensées à ce sujet la tracassait. Elle avait pris conscience de ses besoins et de ses propres envies. De comment il la protégeait vis-à-vis des attouchements qu’elle avait subi, mais surtout du fait qu’il n’avait jamais eu un geste déplacé. Elle se demandait s’il ne se réfrénait pas trop pour son bien, alors que du désir naissait de son côté.

  • C’est vrai que depuis un an, ça ne doit pas toujours être facile pour lui, lâcha Faye. Mais je ne pense pas avoir un bon exemple avec Alex.
  • Je crois qu’il doit en avoir envie, tu es sa petite copine, ça fait longtemps que vous êtes ensemble, c’est naturel, acquiesça Laure. Mais il te respecte. Je ne pense pas que Selim tentera quoi que ce soit qui puisse te mettre mal à l’aise.
  • Sauf que je… ! J’aimerais qu’il tente, dit-elle en cachant son visage dans ses genoux.
  • Et pourquoi tu ne prends pas les devants ? proposa Kimi en levant un doigt en l’air, fière de son idée.
  • Moi ?? Mais… je… n’oserais jamais…
  • Ce n’est pas une mauvaise idée, tu ne penses pas ? décréta Faye en regardant Laure.
  • Je suis d’accord. Comme je l’ai dit, je ne suis pas certaine que Selim fasse un pas vers toi tant qu’il ne verra pas que tu es à l’aise. Et tu en as envie, non ?

Frénétiquement, Nice hocha la tête.

  • Je ne sais juste… pas comment m’y prendre, avoua-t-elle, gênée.
  • Parle-lui en, répondit Faye.
  • Tu crois que c’est suffisant… ?
  • Au point où vous en êtes, tout est une question de timing ! Plutôt que d’essayer de trouver le bon moment, tu dois le provoquer ! Et pour ça, il te suffit de jouer la carte de la franchise !

Les yeux tout ronds, elle écouta les paroles de Laure et de Faye avec énormément de concentration tandis que des petites étoiles se mirent à tourner au-dessus de la tête de Kimi. Si Nice se sentait prête, c’était de loin son cas.

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