Chapitre 48 : Un bon conseil.
“C’est pas vrai”, fut la première pensée qui traversa Dossan, qui passa une main sur son visage, l’attrapant fermement, sous les regards de l’ensemble des Richess.
- Leroy ? fit Marry, très surprise.
- Mon fils, dit-il en se relevant à l’aide de ses deux mains sur ses genoux, adoptif, précisa-t-il ensuite avant de constater que Chuck était tout aussi ébahi. Je ne l’ai dit à personne, parce que...
- Oh, tiens ? Tu n’étais pas au courant ? se fit un plaisir de se venger Elliot.
- Toi, oui, peut-être ? répondit-il, laissant à peine paraître son agacement.
- Je l’ai vu lorsque je suis allé chez Dossan, sur les photos, chez lui, appuya-t-il à nouveau. Tu sais ? L’endroit où tu n’es sans doute jamais allé…
- Voyons, Elliot, fit Eglantine pour le calmer.
- Tu nous en as caché des choses, tout de même, lâcha Michael, soupirant en repensant au garçon sur les photos.
Dossan leva les yeux aux ciels en enfilant son veston, tandis que Blear faisait de même avec son manteau d’hiver et son écharpe.
- Et alors ? lâcha-t-il, plus que sur la défensive. Pour Kimi, c’était logique que je finirai par vous le dire, mais vous n’avez rien à voir avec Leroy.
Il était plus que ferme. Chuck observa longuement son meilleur ami, essayant de lire à travers lui. Ce n’était pas comme s’il avait vraiment voulu lui faire des cachotteries à ce propos, et même pour tout le reste, que ce soit pour Chuck ou les autres.
- Je tiens mes promesses, c’est tout. J’ai récupéré ce gamin en mauvais état, je le considère comme mon fils et c’est tout ce qui compte. Je ne veux pas m’étaler sur lui, car il n’apprécierait pas.
- Un homme de parole, et fidèle, murmura Chuck qui se sentait vibrer, c’est ce que j’aime le plus chez toi.
- Tu l’aimes tout court mon pote, à ce train là… balança le roux en se poilant.
- Jaloux ? lui renvoya le bel homme aux cheveux bleus.
Blear, sur le départ, récupéra son sac à main et l’enfila autour de son épaule. Il était difficile de s’éclipser.
- Bien… dit-elle un peu mal à l’aise. Je suis partie.
- Déjà ?? se leva Marry, d’une bouille triste, pour venir la récupérer dans ses bras.
Le contact chaud de la blonde lui fit prendre du recul. Il y avait longtemps qu’elle n’avait plus ressenti une sensation aussi agréable. S’y abandonnant, Marry replaça ses cheveux de part et d’autres de ses épaules en lui souriant coquinement. Eglantine et Katerina, presque bras dessus, bras dessous, s’approchèrent pour lui dire au revoir tout aussi amicalement.
- Vous partez ensemble, alors ? demanda boucle d’or d’un ton espiègle.
- Huuuum, fit Chuck, voilà une idée qu’elle est bonne ! Profitez-en pour vous rabibocher sur le chemin.
- Comme si… - Blear s’arrêta de parler - … Je n’ai pas à le conduire, s’il veut voir “son” fils qu’il ne veut présenter à personne, qu’il…
- Mais je n’ai pas de voiture, la coupa-t-il.
- Tu peux prendre le train, comme tu es venu, rétorqua-t-elle, sans lui accorder un regard, ses jolis sourcils bruns froncés.
- Je risque de ne pas arriver à l’heure, enchaîna-t-il en se frottant les lèvres l’une contre l’autre.
Sur le coup de l’énervement, Blear tapa presque du pied en le regardant d’un air outré. Pour tous ses mensonges, elle avait envie de l’étriper, mais ils allaient de toute manière au même endroit et le problème concernait leurs deux enfants.
- Parfait, se fit-elle plus grande en dandinant ses épaules. Suis-moi. Je ne veux pas traîner, dit-elle en s’enfonçant dans le couloir avant d’accorder un signe aux garçons.
Plus qu’étonné, Dossan entamait le pas, quand il s’arrêta pour regarder derrière lui. Chuck lui souriait. Elliot l’observait les bras croisés et Michael semblait dans l’attente. Aucun ne lui en voulait vraiment. Il se dépêcha de tendre sa main au roux qui lui remit une tape sur l’épaule, puis d’embrasser sur la joue Michael qui lui accorda aussi un geste affectif. Il se planta alors devant Chuck.
- Tu partais quelque part sans me dire au revoir ? l’embêta-t-il expressément en lui lançant un rictus.
- Quelle idée, bien sûr que non, répondit-il en se lâchant dans ses bras, enfuyant un instant sa tête sur son épaule.
- Tu sais que ce n’est pas faux… lui chuchota-t-il chaudement. Que je t’aime ? dit-il sur le ton de la rigolade, leurs nez se croisant en même temps qu’ils se regardaient dans les yeux avec une confiance inébranlable.
Déposant une main sur sa nuque, Chuck n’eut besoin d’obtenir une réponse pour savoir que le sentiment était réciproque.
- Encore merci, murmura-t-il en retour, avant de voir que les filles attendaient aussi un au revoir.
Elle eurent toutes droit à une accolade.
- Hey ! Si tu en fais un troisième, dis le nous ! lui cria Marry avant qu’il ne s’empresse de rejoindre Blear.
Cette dernière avait préféré emprunter les escaliers pour revenir au rez-de-chaussée. Elle s’était arrêtée, voyant qu’il tardait, mais fit mine de ne pas l’avoir attendu quand Dossan débarqua dans le hall en hâte. Tout en passant une main dans ses cheveux, il expira un bon coup, ne croyant pas qu’il se retrouvait seul avec Blear. Il observa son dos sur lequel reposait son écharpe d’où quelques mèches de cheveux s’échappaient. De toute sa splendeur, elle paraissait terriblement en colère et il comprenait très bien pourquoi.
Dossan eut tout de même le courage de se ranger à ses côtés, enfournant ses mains dans ses poches avant de sortir dans le froid. Elle gardait le silence, sortant les clés de sa voiture de sa sacoche. Lorsqu’elle le vit jeter un regard dans sa direction, elle gonfla les narines.
- Et donc… C’est laquelle ? demanda-t-il doucement, un peu perdue face aux sept voitures de luxe.
En réponse, Blear appuya sur le déverrouillage de ses clés, les phares d’une superbe Audi gris claire s’illuminant. Dossan leva les deux sourcils avant de rester la bouche ouverte comme un enfant face au bolide.
- En route, le pressa-t-elle, impatiente que ce calvaire se finisse.
- Attends… Blear, tenta-t-il de l’arrêter d’un geste qu’il retira immédiatement par gêne, tu veux pas… m’accorder une petite faveur ? s’osa-t-il, un air adorable sur le visage, le même qui offusqua grandement Blear, autant qu’elle n’y résista pas.
***
- Il est temps pour moi de m’en aller, fit Marry déjà rhabillée. Les filles, enchaîna-t-elle en collant une bise à Eglantine et Katerina. Vous pensez que nous pourrions bientôt nous revoir ?
- Je ne suis pas certaine d’en avoir envie, la charria la brune en mettant une main sur sa hanche.
Les deux femmes se sourirent mesquinement. Cette animosité entre elles ne les avait pas quitté depuis leur adolescence.
- Je te souhaite bon courage avec Mr. Elliot, qu’allez-vous faire, maintenant ? la taquina-t-elle en envoyant un clin d’œil à Eglantine qui pouffait doucement.
- C’est vrai, que faisons-nous, “maintenant” ? lui demanda le concerné en se déplaçant à ses côtés.
- Euh, je…
- Je propose qu’on discute encore un peu, ici ? Ça te dit ? lui mit-il un petit coup d’épaule.
Katerina devint rouge comme une tomate, puis remit une mèche en place, avant d’accepter. Ce fut le moment pour chacun de partir, tous se saluant chaleureusement, avant d’emprunter le chemin jusqu’à la sortie.
Les deux anciens couples, Marry et Chuck, et Eglantine et Michael, traversèrent les couloirs avec diplomatie, échangeant des mots un peu bateau sur leur vie de tous les jours.
À l’extérieur, le plus puissant d’entre eux siffla lorsque la belle blonde s’apprêta à monter en talons et en robe dans son énorme Chevrolet blanc.
Sur le côté, les deux autres profitèrent de ce moment pour rire un peu, mal à l’aise à l’idée de se retrouver seuls.
- Je vous impressionne, bande de merdeux, ahahahah ! s’écria Marry en imitant le signe de la reine d’Angleterre.
- Décidément, gloussa Eglantine en déposant ses doigts gantés sur ses lèvres.
- Je vais aller la calmer tout de suite, Monsieur, Madame, les salua Chuck. Sur ce, bonne journée à vous.
En effet, Chuck pressa le pas jusqu’à la voiture de Marry qui s’empressa de refermer la portière sous son nez. Ce dernier leva les yeux au ciel en poussant un soupir, tapotant son index sur le carreau. La blonde l’abaissa.
- Excusez-moi, je n’avais pas vu que vous étiez de service Monsieur, vous vouliez sortir ma voiture, peut-être ?
- Marry… dit-il en appuyant ses coudes à l’intérieur de la voiture.
Un instant, les anciens amants partagèrent un regard, non pas affriolant, mais calme et profond. Marry s’en sentit troublée.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle en battant lentement des paupières, touchée par le léger sourire qui se dessinait aux coins de ses lèvres.
- À la réunion, je t’ai sentie… Je ne sais pas, tu étais un peu trop calme à mon goût, je me trompe ? J’ai l’impression d’avoir touché juste, devina-t-il à ses lèvres rouges qui se retroussèrent doucement.
- Peut-être… répondit-elle en abaissant les yeux, les mains sur le volant.
- Tu comptes encore faire des secrets ? Après tout ce qui vient d’éclater ?
- Et toi ? Qu’est-ce que tu prévois à Saint-Clair ? l’attaqua-t-elle en retour.
- Hum, rit-il, business chérie…
Elle lui flanqua une pichenette sur le front qui le laissa béat, relevant une mèche bleue rebelle pour passer sa main dessus.
- Ça fait mal, hein ? Les ongles d’une femme ? C’est pour avoir menti et nous avoir caché quelque chose d’aussi important.
Il jugea que sa punition était bien faible pour un tel secret, mais Marry n’en avait pas fini :
- Maintenant, un conseil Chuck, prend soin de ta fille, dit-elle en se préparant à démarrer.
- Ma fille…
- Ciao, “chéri”.
Avant même qu’il ne puisse l’interroger davantage, l’espiègle Richess releva les deux sourcils avant d’appuyer sur l’accélérateur pour le laisser en plan sur le parking. Sa fille ? N’en prenait-il déjà pas soin ? Bien qu’il ait eu quelques désagréments avec Laure ces derniers temps, il ne comprenait pas sa remarque, pensant déjà avoir réglé l’essentiel. Inquiet, il monta dans sa propre voiture pour y réfléchir sur la route. Il adorait jouer, mais n’appréciait pas tellement avoir un désavantage. Sacré Marry, c’était bien parce qu’il s’agissait d’elle qu’il arriva à garder le sourire.
***
Après la réunion, Laure était sortie en furie du local. Cette information là, elle ne pouvait la digérer. Son père et Marry Stein ? Couché ensemble ? Ensemble tout simplement ? Alors qu'elle avait entendu tant de mal de cette famille depuis même le ventre de sa mère. Alors qu'on lui avait toujours interdit de parler aux autres Richess, expliqué en long et en large pourquoi elle ne pouvait pas se mêler à eux. Non. Tout simplement, non. Elle n'acceptait pas que cela puisse être vrai.
Elle traversa les couloirs de l’école rapidement en ne fixant qu’un point. Elle avait besoin de se calmer, de s’isoler, besoin de… Essoufflée, elle s’arrêta en plein milieu de son chemin, n’ayant pas vraiment réfléchi à jusqu'où elle irait. Mais quelle importance ? Plus aucunes des routes qu'elle avait envisagées n'était empruntable. Elles étaient réduites en bouillie. Sa poitrine se soulevait férocement. Elle n'avait pas non plus réfléchi au fait que peut-être certains de ses amis avaient actuellement besoin de son aide. L'image de Kimi, triste, tout aussi perdue, lui fouetta le visage. Elle s’en voulut de l’avoir laissée seule, bien que la jolie blonde ne l’était en réalité pas.
Kimi avait trouvé un repère dans un endroit silencieux, assise à côté d’Alex qui ne disait pas un mot. Elle avait fui tous les autres, mais sa présence ne la dérangea pas. Il avait une aura très reposante et agréable. Au fond, une aura aussi chaleureuse que Faye qui avait dès lors poursuivi sa copine. Elle avait d'abord eut l'idée de la taquiner pour la faire sortir de ses gonds, comme elles adoraient se provoquer l'une l'autre, mais elle fut alertée par son comportement inhabituel.
Sur ses arrières, la grande rousse eut vaguement l’impression d’être dans un film d’horreur lorsqu’elle vit Laure de dos, sa longue chevelure mauve tombant sur ses reins, les mains accrochés aux bords de sa jupette.
- Hey, lâcha-t-elle dans l’espoir qu’elle se retourne. Laure ? Ça va ? demanda-t-elle en s’approchant à tâtons pour venir lui faire face.
En déposant une main sur son épaule, elle la tourna légèrement pour récupérer son attention. Faye écarquilla ses grands yeux verts qui passèrent de crainte à horreur. Une horrible grimace sévissait sur le visage de Laure, qui se voyait incapable de détendre ses sourcils et de calmer son minuscule nez qui se contractait. Elle serra un peu plus les poings, claquant sa langue contre son palais, parce qu’elle aurait préféré ne pas être vue à ce moment-là.
- Raconte, fit Faye d’un signe de tête. Laure, raconte, insista-t-elle en l’attrapant par les épaules.
- Il voulait que…
- Que quoi ? Qui ? paniqua-t-elle, abaissant sa tête pleine de boucles pour plonger son regard dans le sien.
Mais Laure déviait la tête. Elle en avait gros sur le cœur, mais avait honte de réagir de cette manière. Elle se montrait faible.
- C’est pas le moment ! s’écria-t-elle en l’envoyant balader.
Faye rattrapa son bras, claquant sa main autour de son poignet.
- Tu te rappelles quand tu m’as aidée à la piscine ? Tu étais là pour moi, dis-moi ce qui ne vas pas ?
- Oh, qui ne s’en rappellerai pas, grogna-t-elle en levant les yeux aux ciels. Je t’ai fourré mes doigts dans la bouche ! C’était dégueulasse !! Répugnant ! Aussi répugnant que… que ces... Il voulait que je sois parfaite ! cria-t-elle en se tassant, telle une enfant crisant pour avoir un bonbon.
- Parfaite… Mais personne n’est parfait…
- Moi, si ! Je… suis… Je le suis, geignit-elle en se pointant de ses deux mains, calées entre sa poitrine.
Sa voix se brisa lorsqu’elle retint un sanglot. Une autre grimace suivit, accompagnée d’une longue plainte. Elle se crispait, incapable de sortir sa colère autrement.
- Bordel, je n’arrive pas à…
- Je ne comprends pas tout, mais… c’est logique que tu sois énervée contre… ton père ? Et… ? La mère d’Alex ?
- Ne parle pas de ce que tu ne connais pas !! lui hurla-t-elle dessus, hors d’elle.
La bouche ouverte, Faye se sentit impuissante. Elle ne l’avait jamais vue comme ça.
- Laure, écoute… Ne bouge pas, je vais appeler Loyd…
- Je ne veux pas qu’il…
Mais la rousse avait déjà son téléphone sur l’oreille. Elle expliqua très rapidement la situation à Loyd qui n’était pas très loin. Lorsque Faye se retourna pour la prévenir qu’il arrivait, elle ne la vit plus.
Laure refusait qu’il la voie dans cet état, trottinant dès lors par un autre chemin. Elle regardait en arrière quand elle entendit qu’on l’appelait de devant. Loyd et Sky étaient tous les deux venus. Elle s’arrêta net.
Les deux garçons eurent de la peine de la voir aussi troublée. Quand elle tenta de faire demi-tour, Faye était à l’autre bout du couloir. Elle se mit alors à tourner en rond, perdue, la sensation d’être piégée, se raccrochant à Loyd en même temps qu’il vint lui prendre doucement les mains. Il ne sut rien dire, sentant qu’elle attrapait sa chemise, son souffle se saccadant. Il finit simplement par la regarder droit dans les yeux.
Lui non plus ne l’avait jamais vue aussi déstabilisée, et même apeurée. La jolie pie qu’elle était habituellement donnait l’impression qu’on essayait de la capturer, mais Laure était déjà prise au piège par ses propres murs.
Un drôle de sentiment traversa Loyd, tandis qu’elle ne se prononçait pas, ses pupilles tremblantes. Il déposa son regard sur ses doigts qui se rattachaient aux boutons de sa chemise, puis caressa doucement ses mains. Il entreprit ensuite de la ramener contre son torse, glissant une main dans son dos. Elle tremblait en continu, comme une feuille qui se brisait sous le froid glacial. Loyd la réchauffa en collant sa joue à la sienne, l’attrapant plus fort.
- Je… vais… Je vais me venger, souffla-t-elle assez bas pour qu’il n’y ait que lui qui l’entende, Loyd se figeant à cette déclaration.
Il prit une légère distance, une main sur chacun de ses avants-bras pour capturer son regard. Bien que ravagé, son visage était toujours aussi joli. Il était aussi plus que sérieux et profondément sombre en comparaison à celui de Loyd qui avait une mine innocente et inquiète. Gêné et nerveux par ce qu'il s'apprêtait à faire, il cala doucement sa main sous sa mâchoire pour y passer un pouce, plongeant ses yeux bleus peinés dans les siens. Ils débordaient de haine.
Sky jugea opportun de s’en aller même s’il avait de la peine. Il préféra laisser Laure dans les mains de son meilleur ami, et surtout dans celles du garçon qui l’aimait d’un amour incommensurable. En passant, il lui jeta un regard que Loyd comprit aussitôt. Il lui faisait confiance pour en prendre soin et il lui rendit bien. Sky éloigna alors Faye qui ne pouvait retirer son attention de la scène.
- Viens, l’obligea-t-il alors qu’elle rechignait à ne rien faire pour son amie. Viens, je te dis, Faye. Laissons-les.
La rousse abandonna après les avoir longuement regardés. Elle ne pouvait de toute manière pas s’intercaler entre les deux.
Loyd ne lâchait en effet pas son emprise, caressant sa joue dans l’espoir de la calmer. Il profitait de cet instant pour lui montrer qu’il serait toujours à ses côtés. L’amour dans ses yeux l’apaisait, mais la colère l'inondait par vagues, secouant sa tête en signe de refus.
- Chuuut, là, lui murmura-t-il en passant alors son doigt sur ses lèvres.
- Ne me… drague pas… maintenant…
- Ce n’est pas la question, respire, continua-t-il en la rattrapant dans ses bras pour lui chuchoter ces mots doux.
Leurs têtes se touchaient, leurs joues aussi, mais leurs bouches ne se croisèrent jamais. Laure reprenait sa respiration, se calmait, avant de renfoncer ses ongles dans le bras de Loyd. Il ne lui en voulait pas de lui faire mal, jaugeant que la douleur dans ses yeux était bien plus intense. Sa bouille, déformée par la rancœur et le dégoût, le rendait malheureux. Il ne voulait pas qu’elle soit prise par de tels sentiments, passant sa main derrière sa tête et l’autre autour de ses épaules pour lui communiquer toute sa force. Mais la fissure était malheureusement bien trop apparente :
- Je vais me venger, répéta-t-elle près de son oreille en le serrant plus fort. Je te jure que je vais me venger et ça va faire mal, aussi mal que…
- D’accord, l’arrêta-t-il, fermant les yeux sur son ton rauque pour déposer son front contre le sien. Je reste avec toi, déclara-t-il en remontant sa main pour la croiser à la sienne.
“ Que d’être moi”, pensa-t-elle en laissant enfin un peu de repos à ses traits, jusqu’ici crispés, mais moins, dès qu’elle avait décidé de se reposer sur l’épaule de Loyd qui embrassa le haut de sa tête.
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