Quand la nuit nous fait fantasmer
Réponse au défi « Place à la rêverie »
Ce matin je me réveille, seule dans un grand lit qui n'est pas le mien. Cette semaine de vacances improvisées chez mon frère et ma belle-sœur est aussi ressourçante que troublante. Les nuits s'enchaînent et mon imagination me joue des tours.
Tantôt héroïne de l'une de mes séries du moment, tantôt en complet désarroi dans un cauchemar sans fin. Je crois que l'absence de mon conjoint à mes côtés trouble complètement mon sommeil.
Cette nuit pas de cauchemar ou d'action grotesque dans un film dans lequel je ne joue qu'en rêve. Non ! Aujourd'hui c'est ce genre de rêve où l'on se demande à quel moment la réalité a pris tant de place.
Tout commençait pourtant pas mal. Une journée de boulot comme une autre avec des collègues très réalistes et des patients tout aussi semblables que ceux que j'ai l'habitude d'avoir au quotidien et puis le premier chamboulement.
Je rentre "chez moi", dans un appartement où je n'ai jamais mis les pieds, avec des meubles qui ne sont pas les miens et pourtant je m'y sens bien et en sécurité. Je comprends très vite que j'y suis à ma place. En soi, c'est un appartement douillet, bien qu'un peu petit puisque le lit trône en plein milieu de la pièce, mais le reste du mobilier se compose autour dans une harmonie presque parfaite. Ce genre d'aménagement aurait pu me mettre la puce à l'oreille, mais rien. Je continue d'évoluer dans cet environnement aussi à l'aise que s'il était réellement mien.
La sonnette retentie, je me précipite pour aller découvrir mon hôte inattendu. La porte s'ouvre sur un collègue, une assiette pleine de cookie à la main, venant me souhaiter la bienvenue dans la Résidence.
Comprenez bien, je ne suis jamais allée chez ce collègue dans la vraie vie, mais je sais de source sûre qu'il vit dans une maison entourée d'un grand jardin, donc très loin de l'image que renvoie cette jolie petite résidence où nous sommes tous les uns sur les autres. Revenons à mon rêve.
Pour le remercier, j'invite ce collègue, que l'on nommera Matt, à entrer boire un verre. Très gentiment il décline l'invitation, m'invitant cependant au repas du soir, ventant les louanges des talents de cuisinière de sa femme. Bien sûre que j'accepte, on est dans un rêve, je n'ai absolument pas la main sur ce qu'il se passe. C'est donc tout naturellement que je me pointe chez eux à vingt heures, une bouteille de vin dans une main, une jolie Orchidée dans l'autre.
Matt m'ouvre la porte, sourire aux lèvres, me débarrasse de mes affaires en m'invitant à entrer. Immédiatement, le contraste entre mon appartement et le sien me frappe. Ici tout semble dédoublé : l'espace, le nombre de pièce, ce beau jardin qui m'appelle ...
Matt revient vers moi, un verre de vin blanc à la main. Attendez, comment a-t-il su ce que je bois ? Finalement, il m'annonce que sa femme n'est pas là, elle est partie avec ses filles je ne sais plus où et moi, et bien je trouve cela tout à fait normal. D'ailleurs, suis-je normal ? Qu'est-ce que la normalité finalement ? Ce n'est pas le sujet.
Très amicalement, il m'incite à le suivre dans le jardin où une jolie table est dressée. Chandelles, verres ballons, couverts du dimanche... Tout y est. Là seulement je remarque que Matt est bien classement habillé pour un simple diner de bienvenue. Encore une fois, tout me semble d'une normalité sans faille. Je m'assoie et nous passons une excellente soirée. L'heure se fait tardive, je me décide à rejoindre mon logement. Matt se propose de me raccompagner, oui oui monter un étage et marcher un couloir lui paraissait risqué pour une femme seule visiblement. Ce n'est qu'une fois devant ma porte que tout dérape pour de bon. Nous nous jetons mutuellement l'un sur l'autre. La suite, vous la connaissez : une nuit de gémissements, jambes en l'air et autres positions très équivoques. Réveil fictif, Matt à mes côtés dors comme un bien heureux. De mon côté, pas de regrets, pas de révélations honteuses... juste une sensation irréelle d'une tâche de plus accomplie.
Et mon rêve se poursuis ainsi, des journées de travail tout à fait banales se concluants sur des rendez-vous tous plus invraisemblables les uns des autres, avec Matt. Finalement, ce qui devait arriver, arriva ! Sa femme se pointe chez moi, à la recherche du moindre indice confirmant les infidélités de mon collègue.
Réveil brutal. Retour à la réalité.
En précision, je souhaite ajouter que je n'ai jamais, consciemment du moins, fantasmé sur ce collègue. On s'entend très bien dans le cadre du boulot mais ça s'arrête là. "Les rêves sont des songes trompeurs qui nous mène où la vie s'arrête."
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