Les derniers voyageurs s’empressent de monter avant que les portes du TGV ne se verrouillent. J’appuie mon front contre la vitre froide. Je ferme les yeux un instant. Encore une heure à patienter, à m’ennuyer… Seule, sans compagnie, dans ce train qui me ramène près des miens !
Alors que je soupire de lassitude, je sens une odeur de musc. Mes paupières se rouvrent et je découvre une silhouette masculine. Avant de pouvoir distinguer les traits de son visage, je ne peux ignorer ses fesses qu’il offre sans honte à mon regard. Il est si proche qu’il m’est facile de compter le nombre de points qui retient l’unique poche arrière, sauf que… ce n’est pas vraiment sa poche qui m’intéresse.
Au moment où je commence à admirer l’ensemble de sa personne, le jeune homme se retourne et sans l’avoir prévu, je me surprends à fixer son intimité. J’en rougis brusquement et détourne mon attention.

Après avoir déposé son sac de sport sur l’étagère au-dessus de nous, il retire son pull polaire, en laissant apparaître son torse. Je découvre avec ravissement une poitrine légèrement velue, où les pectoraux et les abdominaux se dessinent parfaitement. Je pince mes lèvres entre mes dents. Un sourire discret accompagne mon regard admiratif. La fin de mon voyage s’avèrera nettement moins ennuyeuse.
Trop rapidement à mon goût, il replace son t-shirt, et s’assied en face de moi. Nos yeux se croisent. Il semble satisfait, sans doute ravi de l’attention que je lui porte ! Légèrement vexée d’avoir été découverte, je baisse la tête et tente de me replonger dans la lecture de mon roman abandonné sur mes genoux. Mais les lettres dansent devant mes yeux et même si je me contrains à déchiffrer les mots, mon esprit ne parvient pas à se concentrer suffisamment pour leur en donner un sens.
Après avoir admiré les fesses et le torse de cet inconnu, je n’ai qu’une envie : découvrir son visage ! Mais c’est trop tôt ! Si je croise à nouveau son regard, il comprendra de suite l’intérêt qu’il suscite en moi. Et ça… Je le refuse !

De manière très enfantine, je me mets à compter silencieusement les secondes, évaluant la durée propice pour un nouveau contact visuel. Je me promets de laisser passer cinq minutes avant de relever doucement la tête, le visage tourné vers la fenêtre. J’imagine qu’ainsi je pourrai l’observer à la dérobée.
Mais avant que je ne puisse le faire, l’inconnu me surprend en me questionnant de sa belle voix rauque :
— Est-ce si passionnant ?

— Je vous demande pardon ? répondis-je interloquée.

— Votre livre, là… Vous en oubliez de tourner les pages !

— Je lis peut-être très lentement, ironisé-je.

— Peut-être oui ! On échange ? » propose-t-il en me tendant son magazine.

Et sans attendre ma permission, il frôle mes mains déposant dans l’une son journal, alors qu’il prend délicatement mon roman polisson. J’ouvre la bouche pour le prévenir, mais c’est trop tard. Un sourire énigmatique se dessine aux commissures de ses lèvres.

Alors qu’il semble s’amuser de cette nouvelle lecture, je laisse libre cours à ma contemplation.
Un ovale du visage plutôt carré, entouré par une chevelure noire, des sourcils de même intensité, rend le bleu de ses yeux encore plus clair. Sa barbe naissante augmente son attrait. Je ne dirais pas qu’il représente l’homme idéal, mais je ne suis pas insensible à son charme. Vraiment pas !

Attentive au moindre détail, j’admire le petit anneau accroché à son oreille, lorsque de son genou, il déplace légèrement ma jambe gauche, de manière à l’écarter de sa jumelle. Sans aucune réaction, je laisse ma jupe étroite remonter sur mes cuisses, acceptant silencieusement que mon voisin admire le haut de mes jarretelles noires finement décorées. Une bouffée de chaleur m’enivre à l’idée de ce qu’il peut penser, de ce qu’il aperçoit. Alors qu’il retire une de ses chaussures, je balade mon regard sur sa nuque large, descendant le long de ses bras musclés, m’attardant sur ses poignets robustes. J’aurais aimé m’en approcher. Sentir sa chaleur, sa douceur. Prendre sa main et la déposer sur ma joue, mon ventre puis peut-être même…

Son pied recouvert d’une chaussette d’un blanc impeccable remonte à présent le long de mon mollet. Alors qu’il parvient lentement à la hauteur de mon genou, un frémissement me parcourt. Nos yeux se croisent, nos bouches s’entrouvrent doucement. Il passe discrètement sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, et sa respiration devient plus perceptible. L’espace d’un instant, je détourne le regard pour constater avec soulagement que les autres passagers ignorent tout de l’excitation qui nous gagne.

Je n’aurais peut-être pas dû relâcher mon attention, il en profite pour venir s’asseoir à mes côtés. Sa main prend immédiatement la place de son pied entre mes jambes. Alors qu’il glisse ses doigts chauds et experts entre ma peau et la bretelle de mon porte-jarretelles, je bascule ma tête contre le siège, étouffant un soupir de bien-être. La seconde suivante, le désir irrépressible de le toucher m’envahit. Poser ma main sur son torse devient une évidence. En vérifier la dureté de ses muscles, caresser la chaleur de sa peau, puis descendre près de sa ceinture et en décrocher doucement l’anneau. Deviner, à travers le tissu plutôt rigide, son plaisir gagner en volume. Mais il ne m’autorise pas à une telle découverte. Il glisse ses doigts entre les miens et plaque le tout contre l’appuie-tête du siège. De son autre main, la pression se fait plus forte. Il attrape ma cuisse, la soulève et la pose en travers de sa propre jambe. Ma jupe craque légèrement sous l’écartement excessif, ce qui semble augmenter son envie. Ses pulpes parcourent encore quelques centimètres, avant de frôler la douceur de mon sous-vêtement. Mes yeux, fermés depuis plusieurs secondes s’ouvrent instantanément, tant l’émotion est grande. Mon cœur s’emballe, alors que ma respiration se fait plus rapide. La raison me pousse à lui reprendre sa main curieuse, mais le plaisir est si intense…