Le mariage - Première partie : la cérémonie
La lumière du jour me tire de mon sommeil. J'ouvre doucement les yeux et constate que ma femme de chambre se tient devant mon lit à baldaquins, dont elle vient d'ouvrir les rideaux. Elle déclare sur un ton doux :
- Bonjour, Votre Altesse. Il est temps de vous lever. Vous devez vous préparer pour les noces.
Oui, c'est aujourd'hui. Je dois épouser le roi de l'eau Kaï dans quelques heures, quelques jours seulement après l'annonce de nos fiançailles. Je m'assieds dans mon lit pour m'étirer longuement, pendant que ma servante se charge de préparer l'eau de mon bain.
Quelques minutes plus tard, je plonge dans l'eau chaude de ma baignoire, parfumée à la rose. Je sens les mains expertes de ma femme de chambre masser mon crâne tandis qu'elle savonne ma longue chevelure rousse. Elle s'empare ensuite d'une éponge pour frotter mon corps, avant de rincer le tout avec de l'eau chaude.
Puis elle déroule une large serviette dans laquelle je m'enroule. Cela sert uniquement à préserver mon intimité car je me sèche de moi-même en augmentant ma température corporelle.
Nous nous rendons ensuite dans la garde-robe, où ma femme de chambre m'aide à enfiler ma longue robe dorée, brodée de roses rouges. Elle chausse ensuite mes pieds de bas pourpres et d'escarpins en or, incrustés de rubis étincelants. Puis elle m'installe devant ma coiffeuse pour peigner mes longs cheveux roux. Elle en attache certaines mèches en une couronne de tresses qu'elle fixe à l'aide de pinces dorées, avant de recouvrir ma chevelure d'un long voile en soie dorée et d'orner ma coiffure de roses rouges.
Elle s'empare ensuite de mes produits de beauté pour me maquiller. Elle applique avec professionnalisme le rouge à lèvres, le blush, le mascara et le fard à paupières doré pailleté. Il ne lui reste plus qu'à recouvrir mes ongles bien taillés d'une couche de vernis rouge pour achever le maquillage et pouvoir passer aux bijoux.
Elle attache autour de mon cou un collier en or aux pendentifs taillés dans des rubis et me met des boucles d'oreilles assorties. La touche finale est mon diadème composé du même métal précieux et dont les pierres écarlates sont taillées de sorte à ressembler à des flammes.
Lorsqu'elle termine enfin, ma femme de chambre s'exclame :
- Vous êtes resplendissante, Votre Altesse ! Ce roi de l'eau ne pourra que s'incliner devant votre grâce et votre beauté.
- Vous ne me dites là que des choses que je sais déjà.
Nous quittons ensemble la garde-robe et traversons ma chambre à coucher pour nous rendre jusqu'à mon boudoir. J'y trouve mes demoiselles de compagnie qui m'attendent déjà. En me voyant entrer, elles me font la révérance en m'adressant la parole en choeur :
- Bonjour, Votre Altesse.
- Bonjour, leur répondé-je avec un hochement de tête pour leur faire signe qu'elles peuvent se redresser.
Elles s'exécutent, puis ma première demoiselle d'honneur déclare :
- Leurs Majestés impériales vous attendent déjà dans le hall principal pour que vous partiez ensemble. Il serait donc temps de les y retrouver, si vous le permettez.
- Allons-y, dis-je en lui tendant grâcieusement ma main pour qu'elle glisse la sienne en-dessous.
Nous quittons ainsi mes appartements et traversons les couloirs, suivies par le reste de mes demoiselles de compagnie. En arrivant dans le hall principal, je constate en effet que mes parents y sont déjà. Ma mère, habillée d'une longue robe orange aux dentelles dorées, est la première à m'adresser la parole :
- Bonjour, Mademoiselle. Enfin vous voilà !
- Bonjour, Vos Majestés, leur dis-je en leur faisant la révérence.
Mon père, vêtu d'un costume pourpre comme à son habitude, m'adresse un hochement de tête pour m'indiquer que je peux me redresser. C'est ce que je fais. Nous quittons ensuite le palais en procession : mes parents en tête, moi juste derrière eux et nos suivants en queue. Des gardes impériaux nous encadrent pour assurer notre protection.
Nous traversons ainsi la cour qui entoure le palais jusqu'à atteindre la calèche en or, attelée à deux imposants dragons aux écailles écarlates. J'y monte à la suite de mes parents, tandis que nos suivants s'arrêtent devant. Ils ne peuvent pas nous accompagner dans notre voyage. Seule la famille impériale et les plus plus grands nobles du pays sont conviés au mariage.
Nous nous asseyons sur la banquette en velours rouge, garnie de moelleux coussins. Une fois que tout le monde est prêt, les dragonniers donnent le signal du départ à leurs bêtes et les deux créatures déploient leurs larges ailes pour s'envoler.
Nous survolons le pays pour nous diriger à l'ouest, où se situe le royaume de l'eau. D'en haut, tout semble minuscule et je me sens encore plus grande. Le vent vient fouetter nos visages et agiter nos chevelures, mais ce n'est pas une sensation désagréable, bien au contraire. Durant le voyage, je contemple les nuages blancs aux formes et tailles diverses pour passer le temps, mais aussi et surtout pour ne pas penser à ce qui va suivre. Oh, j'appréhende tant ma rencontre avec le roi de l'eau que j'en suis presque terrifiée !
Il nous faut plusieurs heures pour atteindre notre destination. Les dragons se posent alors sur la terre ferme et mon père est le premier à se lever pour descendre de la calèche. Il tend ensuite sa main à son épouse pour l'aider à faire de même. Je couvre mon visage du voile en soie dorée, avant de prendre la main de mon père pour poser pied à terre.
Nous nous trouvons devant un grand temple en saphir. Les contours des vitraux sont élégamment sculptés et incrustés de perles blanches. Le long de l'allée, bordée de chaque côté par un fleuve, se tiennent des gardes habillés d'uniformes azurs. Nous avançons jusqu'aux grandes portes du temple. Mes parents sont en tête et les nobles venus assister à la cérémonie ferment la marche. Une fois arrivés devant l'entrée du bâtiment, deux gardes royaux nous en ouvrent les portes. Nous pénétrons dans le temple. La salle est immense, éclairée par les rayons du crépuscule qui passent à travers les vitraux colorés.
Deux longues rangées de bancs en argent font face à l'autel. À notre gauche sont assis les nobles des royaumes de l'eau et de la terre et à notre droite se trouvent les hauts dignitaires de la Cité de l'air, parmi lesquels je reconnais mon amie Éoline, la Gardienne de cette dernière, assise au premier rang. Les nobles de notre empire quittent un à un notre procession pour prendre place auprès de nos alliés de la Cité de l'air. Arrivés au niveau du premier rang, mes parents s'installent aux côtés d'Éoline. Je poursuis seule ma marche jusqu'à l'autel où se tiennent un prêtre et . . . le roi de l'eau Kaï . . .
C'est un homme de grande taille, aux yeux bleus et aux cheveux ondulés et argentés coupés au carré. Il est vêtu d'un élégant costume bleu brodé de fils d'argent.
"Au moins, il n'est pas laid, mais cela ne change rien . . ." pensé-je.
Je monte une à une les marches en saphir pour me positionner face à mon fiancé. Ce n'est qu'alors le prêtre commence son long discours. Je l'écoute d'une oreille distraite, trop occupée à fixer discrètement le roi de l'eau pour essayer de le cerner, mais ce dernier m'observe d'un air impassible.
Ce n'est qu'après de longues minutes que l'homme me demande :
- Princesse de l'empire du feu Oriane, souhaitez-vous épouser Sa Majesté le roi de l'eau Kaï et jurer fidélité à lui, mais aussi à votre nouveau pays ?
J'aimerai répondre non, mais je sais bien que je n'ai pas d'autre choix. Je dois me dévouer pour mes parents et l'empire du feu. Alors je réponds :
- Oui.
Le prêtre interroge ensuite son souverain :
- Roi de l'eau Kaï, souhaitez-vous épouser Son Altesse la princesse de l'empire du feu Oriane et lui jurer fidélité ?
- Oui, répond-t-il sans aucune hésitation.
- Je vous déclare donc mari et femme. Que les esprits de l'eau bénissent votre union.
Il nous présente ensuite les alliances sur un coussin bleu, brodé d'argent. Ce sont deux bagues en or blanc, incrustées de lapis-lazulis. Le roi de l'eau et le premier à s'emparer de l'une d'elles pour me la passer à l'annulaire gauche. J'imite son geste. Ce n'est qu'ensuite qu'il soulève doucement mon voile pour révéler mon visage. Nos regards se croisent pour la première fois et il me sourit. Puis il prend ma main pour y déposer un baiser du bout des lèvres.
Ce n'est qu'alors que l'assemblée se lève pour nous applaudir, clôturant ainsi la cérémonie.
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