Partie 1-Chapitre 11 - Suite conversation houleuse Elma-Elkor
- Lâche-moi, ordonna Elma, ou il t'en coûtera.
Elkor resserra sa poigne et se rapprocha. La jeune femme se raidit en voyant son visage aussi proche du sien. Se souvenant de ce que Serymar lui avait appris, elle ne baissa pas le regard et continua à défier son homologue. Ne jamais baisser le regard.
- Peux-tu préciser ? se moqua Elkor avec un mauvais sourire aux lèvres.
- Je ne faisais pas référence à moi-même.
Elkor se raidit soudain en comprenant l'insinuation. Il jura intérieurement et relpacha Elma. Cela fait, il se retourna en direction de la porte pour demander sur un ton mielleux :
- Que pouvons-nous faire pour vous, Maître ?
Serymar était apparu à leur insu en toute discrétion, appuyé contre l'encadrement de la porte menant au couloir. Les bras croisés, il fixait ses deux subordonnés avec une expression indéchiffrable. Elma ne sut comment réagir. Si elle n'appréciait pas les manières d'Elkor, elle savait que son Maître ne supportait cette manière de parler. Plus encore quand la personne concernée était dans son colimateur.
Le Mage se redressa et ordonna sans cérémonie :
- Elma, j'ai à te parler. Seul à seule.
Elkor eut l'audace de se permettre un regard condescendant vis-à-vis de la jeune femme, comme pour lui réitérer ce qu'il pensait sur eux. Elma essaya de l'ignorer et rejoignit Serymar, surtout soulagée d'avoir un prétexte pour s'éloigner d'Elkor.
Sans un mot de plus, le Mage lui tendit simplement une main. Elma obéit à son ordre silencieux et la pièce changea brutalement. Elle comprit que son Maître l'avait téléportée avec lui dans son bureau, bien loin de la cuisine.
Il la relâcha aussitôt et s'éloigna de quelques pas afin de prendre appui contre le large bureau. Il croisa à nouveau les bras et la regarda dans les yeux. Elma ne bougea pas de sa position, debout et droite.
- Je suis contrarié, lui indiqua-t-il, aurais-tu oublié tout ce que je t'ai appris ?
- Non, Maître.
- Alors peux-tu m'expliquer pourquoi cet imbécile avait le dessus sur toi ? lui demanda-t-il sèchement.
Elma se tut en comprenant l'objet de cette conversation privée. Elle perdit aussitôt son assurance et baissa le regard. Elle frissonna lorsqu'elle entendit son interlocuteur soupirer.
- Lève la tête, lui ordonna-t-il brutalement.
Elma obéit, bien que mal à l'aise. Ses poings se serrèrent, honteuse à l'idée d'avoir déçu son Maître. Serymar se releva et avança jusqu'à se retrouver à sa hauteur.
- Je... je n'ai pourtant pas baissé les yeux, lui affirma-t-elle. Pas une seule fois...
- Tu étais tendue, expliqua Serymar. C'est un signal de faiblesse.
- Il vous avait insulté ! s'insurgea soudain Elma, je ne peux tolérer cette considération à votre égard ! Pourquoi laissez-vous les gens vous rabaisser sans rien dire ?
Serymar ne répondit pas tout de suite alors que son attitude changeait légèrement. Il offrit à Elma un regard étonné :
- Elma... je n'en ai strictement rien à faire de ce que l'on pense de moi, ça ne m'atteint plus depuis longtemps. Je demande seulement à ce que chacun respecte ses engagements, à partir de là, chacun peut penser comme il le souhaite.
- Mais c'était dégradant !
- Et... alors ?
Elma afficha un air décontenancé. Serymar sembla réfléchir et lui expliqua posément :
- J'étais comme toi, autrefois, je prenais tout à coeur. Puis un jour, j'ai finis par comprendre que répondre à ces provocations n'arrangeait rien, bien au contraire. Ça vient avec l'expérience.
- J'ai du mal à vous voir être manipulé par qui que ce soit...
- Pourtant, ça peut encore arriver. Je ne suis pas à l'abri d'une erreur, contrairement à ce que tu penses.
Il émit un court silence. Elma ne l'interrompit pas, habituée à le voir réfléchir à ce qu'il allait dire. Il finit par la fixer dans les yeux et reprendre :
- Quoiqu'il en soit, tu n'as pas besoin de défendre mon honneur. Ensuite, ce n'est pas en invoquant la menace que j'incarne pour te défendre que tu parviendras à dominer le moindre adversaire. Au contraire, ça te dessert, Elma.
La jeune femme dût lutter pour ne pas détourner le regard. Il le lui reprocherait encore.
Serymar s'éloigna un peu et annonça :
- Je crois qu'il est temps de t'entraîner à nouveau.
- Maître, sans vouloir vous offenser, non, contra Elma, les derniers m'ont suffit, merci. J'ai entendu vos raisons, et je vais faire en sorte de les appliquer. Nul besoin de m'imposer encore ces séances éprouvantes.
- C'est à moi d'en juger.
- S'il vous plaît, j'ai compris...
- Dans ce cas, il n'y a pas de problème : il te suffit de me le prouver.
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