23h00 - 00h00
L'action se déroule entre 23h00 et 00h00 dans la banlieue nord du Caire
La nuit est tombée sur les dunes découpant l'horizon de silhouettes fantasmagoriques. La caravane avance tel un bateau ivre d'espace dans un silence où le vent est le seul compagnon de route.
Non, je déconne ! c'est un foutoir pas possible. Les chameliers en sont à trois rasades de thé à la minute pour ne pas tomber d'épuisement.
Je vous fais un plan :
Quand Gréta est montée en amazone sur le chameau, la pauvre bête a plié d'un coup et son centre de gravité est passé par le bulbe rachidien à cause des deux bosses refoulées vers le coccyx.
Le Baron, après avoir pris la mesure entre le ventre de l'animal et le sol, homologua le départ en déclarant qu'elle pouvait y aller en toute sécurité. Quelques pas plus loin, le camélidé s'écroulait mort d'une rupture d'anévrisme.
Après avoir remboursé le propriétaire en chèques vacances, nous voilà partis avec ma Gréta assise dans un panier en osier de chez Le Creuset, coincé entre les flancs d'un attelage double.
Tout le monde s'est mis derrière à l'abri du soleil, sauf Gunther qui avance en tête avec une boussole pour nous indiquer la route. Ahmed le rejoint pour lui dire qu'il ne veut pas mourir car le chemin qu'il prend va droit dans les sables mouvants. Comme d'habitude, il se vexe et va rejoindre l'arrière du peloton.
La chaleur nous accable et pour nous changer les idées, le baron entonne avec Youssef une ballade irlandaise. Le duo chante aussi bien que deux castras ayant contractés une fièvre hémorragique. Après une séparation d'une quarantaine de mètres nécessaire, les chameliers n'en peuvent plus et le font savoir au baron qui se vexe et va rejoindre Gunther.
Tout fini par se passer pour le mieux, puis le drame ...
Des coups de feu retentissent dans le désert semant la mort sur leurs passages. Gunther s'écroule du haut de sa monture touché en pleine poitrine par la balle mortellement tueuse. Le Baron se met à couvert derrière le corps de Gunther, puis Youssef, puis ... Non pas moi... Trop loin. Gréta est sorti de son panier à la vitesse d'un bouchon de champagne créant une dépression fatale à l'attelage. Elle s'est précipité en pleurs auprès de son père pour tenter de le sauver. Mais le corps baigne dans une mare de... rien du tout. C'est bizarre, la balle a dû cautériser la plaie.
Et Jack qui lui lèche le visage et le tapote de la patte pour le réveiller.
Les balles sifflent à nos oreilles et nous constatons que les chameliers aussi sont morts.
Ahmed nous a rejoint en criant :
— Les Touaregs rouges. Planquez-vous... Les fusils, où sont les fusils ?
Nous récupérons les armes et formont un cercle de défense autour du corps de Gunther et de plusieurs chameaux abattus.
— C'est qui ces trouducs ?
La voix est caverneuse, ressemble à une trachéite de sorcière.
— Nom de Dieu ! il est vivant. J'y crois pas ! m'exclaffé-je.
Il avale les balles ou quoi. Je ne comprends pas, le projectile a fait le trou de la sécu dans sa chemise mais effectivement, il n'y a pas de sang.
SuperGunther se redresse comme un vampire qu'est pas du matin.
Nous mate et répète :
— Qu'es-ce que vous attendez pour les flinguer ces trouducs ?
Comme les miracles n'arrivent qu'aux saints, je déchire sa chemise pour apercevoir enfin le truc du Houdini berlinois. Son Marcel en cotte de maille avec le projectile planté au milieu telle une crevette prisonnière d'un panier à huîtres.
Pas trop le temps de s'attarder sur l'homme de fer que nous sommes vite entourés par une horde de chevaux montés par les indiens du coin qui gesticulent et nous somment de nous rendre.
Ce que nous faisons volontiers malgré les invectives du ressuscité.
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