Un dimanche à la campagne
de
Salvard

Elle surgit dans la pénombre, les bras chargés de fleurs fraichement coupées. Nos regards se croisèrent un bref instant et pourtant, je garde de cette rencontre, un souvenir indélébile. Je revois avec perfection sa chevelure rousse ramassée en un chignon épais et désordonné dont quelques mèches s'échappaient formant autour de son visage, de jolies boucles lumineuses. Nous restâmes quelques temps immobiles, muets, avec pour seuls compagnons les bruits de la campagne ensoleillée, le frémissement léger dans les peupliers, et le silence contradictoire de la maison.
Nous étions si proches sur ce seuil de porte qu'il me fut aisé de sentir son parfum de menthe et de verveine. Revenant à elle, elle me proposa une tasse de thé que j'acceptai volontiers.
- J'ignorais qu'il restait quelqu'un. Me dit-elle un peu gênée.
- Les bords de l'Allier ne me disaient rien qui vaille. Lui répondis-je alors qu'elle servait le thé.
Je vis ses mains trembler de confusion et je regrettai amèrement de la mettre ainsi à défaut.
- J'avoue que moi-même je ne peux admirer l'Allier qu'à la tombée du soir, quand remonte des eaux, toute la fraîcheur de la terre. M'avoua-t-elle me tendant ma tasse. Et je l'imaginai aussitôt marchant le long de la rivière, pensive, chagrinée peut-être de n'avoir personne à ses côtés. Soudainement, la pensée que cette femme charmante, si agréable put être seule, me troubla.
- La campagne est merveilleuse en cette saison. Fis-je l'aidant à ramener le plateau en cuisine. Elle sourit de contentement et acquiesça d'un signe de tête prononcé. -En effet. Répliqua-t-elle me débarrassant du plateau et m'invitant à rejoindre une gloriette située au fond du jardin.
En sortant, nous fûmes violemment happés par le soleil puissant qui brûlait terriblement la façade.
- Venez, suivez-moi, nous allons longer la haie de thuyas. Me lança-t-elle traversant rapidement la cour. Je la suivis prestement et m'engageai derrière elle à l'abri des arbres hauts et fournis dont l'ombre bienfaitrice, se projetait sur le sol blanchi par la lumière vive du jour.
Nous atteignîmes la gloriette, laquelle, recouvertes de rosiers en fleurs, offrait aux corps harassés de chaleur, un repos absolument délicieux. Nous nous laissâmes choir sur le banc en fer comme si nous venions de parcourir quelques cinquante kilomètres. Les yeux ouverts, je penchai ma tête en arrière et contemplai le soleil qui tentait de brèves intrusions à travers les trous que formait la treille d'églantiers.
- Quel bonheur ce petit havre de fraîcheur ! M'exclamai-je arrachant à mon hôtesse un rire franc et contagieux.
- Et bien, prolongez votre séjour ! M'adressa-t-elle emplie d'une gaieté naturelle et spontanée.
Table des matières
Commentaires & Discussions
Un dimanche à la campagne | Chapitre | 4 messages | 1 mois |
Des milliers d'œuvres vous attendent.
Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.
En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.
Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion