Prologue 1/2 - Il était une fois

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Il était une fois, dans un pays lointain, une capitale grise et fière, recluse comme une majesté déchue mais intensément digne, droite, forte. Elle vivait de soirs de brouillard en nuits de pluie et prospérait depuis des millénaires, riche des sillons précieux que ses mines avaient gravés dans la terre et des cultures aux mille nuances de vert que son peuple avait plantées dans les champs alentour. Là-bas, le sang devait rester pur et les étrangers étaient rares.

Bâtie loin des côtes, en plein cœur du continent, la cité était traversée par quatre rivières sacrées et abritait dans un palais étrange, poussé dans les airs comme un champignon magique, le luxe et les ors de la famille royale. Celle-ci avait, comme il se doit, un jeune prince à marier : charmant comme une sonate en plein air, roux comme les blés dans le soleil couchant, avec des yeux verts comme les feuilles de printemps et un sourire doux comme une étoile. Il tenait l’avenir de son royaume entre ses mains et faisait la fierté de tout un peuple.

De l’autre côté du détroit palpitait une ville métissée, plurielle, aussi ouverte sur la mer que sur le désert. Elle était pleine de maisons blanches et de volets multicolores, comme si la vie y souriait toujours. Les quais du port étaient grouillants de vie, le monde entier s’y croisait sous le soleil et semblait se comprendre sans parler la même langue, uni par le goût salé des embruns ou le frais d’une chope de bière. Il y avait de la liberté dans les regards et de la confiance dans les rues : car la vie y était belle et douce depuis la fin de la dernière guerre.

Dans ce pays-là, le mariage n’existait pas et le pouvoir appartenait aux femmes. Une princesse longue et brune régnait dans la paix et la prospérité, peau de cuivre et doigts de fée, comme sa mère avant elle. Elle avait les yeux comme du velours doré, la peau comme des grains de café, le sourire comme la lumière de midi. Orpheline très jeune, bercée de théâtre et de poésie, elle était élevée par sa tante, qui assurait la régence jusqu’à sa majorité.

D’aussi longtemps que l’on se souvienne, ces deux cités se faisaient la guerre et la paix en alternance. En effet, elles se disputaient depuis des siècles le contrôle du détroit qui séparait leurs deux continents… Auparavant, à une époque dont même les livres d’Histoire ne parlaient plus, une légende racontait que les deux pays n’en faisaient qu’un et que c’était une punition divine, en frappant deux frères ennemis, qui les avait fait passer de l’union à la désunion.

Pour s’assurer de la paix, la régente de l’une prit un jour en otage le prince héritier de l’autre, au détour d’un tournoi où une fois de plus, il avait brillé par sa beauté, son agilité, son esprit. Il fut mené de force par-delà le détroit… Où la rumeur nous dit qu’il fut bien traité. Mais ce que personne n’avait prévu se réalisa : il tomba amoureux de la princesse. Et il l’épousa. Un affront terrible pour ses parents ! Elle avait 16 ans et lui 19. Ils étaient beaux comme la nuit et le jour, ils étaient aussi amoureux qu’innocents. Mais ils piétinaient, par leur seule union, les traditions de leurs deux pays, et la vie le leur ferait chèrement payer.

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