Chapitre XXVIII (1/2)

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Milos s’approcha de son patient avec un sourire bienveillant, mais décidé. Il me confia le bol fumant ainsi qu’une cuillère à soupe et me demanda de lui donner à manger pendant qu’il installait son matériel sur une petite table juste à-côté. Orcinus grimaça (« Vous me prenez pour un bébé à vouloir me donner la becquée comme ça ! ») mais il se tut sous le coup d'œil lumineux et sans discussion possible dont le gratifia Milos par-dessus son épaule. Il se résigna donc à rester sagement immobile pendant que je lui donnai petit à petit des morceaux de poisson au lait de coco et du riz gluant qui sentait bon les épices.

Pendant qu’il avalait son repas, sous les encouragements bien infantilisants de Milos, ce dernier commença à lui changer ses différents bandages : sur le torse, sur les deux bras, sur la hanche et tout autour de sa jambe gauche. Entre deux cuillerées, j’étais priée de l’assister en lui passant au fur et à mesure le matériel qu’il me demandait. Ce fut l’occasion d’apprendre comment on disait bande, désinfectant, sparadrap ou encore coton en Lointain ! Mais je m’en tirai très honorablement, moyennant l’aide occasionnelle de notre patient qui surveillait les opérations d’un air à la fois préoccupé par son état et impatient d’en finir.

« Mon cher Orcinus, tu ne t’en sors pas si mal. Tout cela se referme bien… Même si tu en as encore pour quelques jours avant de pouvoir te lever.

- Encore ? Je n’en peux plus, Milos.

- Tssss ! Je ne veux rien entendre. Tant que je ne t’y autorise pas, tu n’as pas intérêt à sortir de ce lit. Il faut que tu bouges le moins possible.

- Tu viens de dire que j’allais mieux.

- Oui. Et maintenant que nous avons réussi à rejoindre cet hôpital, je pense que tu es tiré d'affaire. Heureusement, d’ailleurs ! Car Muraena m’aurait tordu le cou si tu étais mort.

- Ah, voilà ce qui t’inquiète.

- Bien sûr ! Si tu n’étais pas le petit-fils de la femme que j’aime, je t’aurais laissé mourir sans ménagement, tu t’en doutes.

(Orcinus sourit)

- Merci, Milos.

- De rien. Je ne fais que mon métier. Mais j’espère vraiment que tu auras compris la leçon et que tu n’essaieras plus d’impressionner Rutila avec tes acrobaties dans les mâts !

- Pfff…

- Lumi, s’il te plaît, mets tes mains ici et appuie fermement…

(Je m’exécutai.)

- Aïe ! gémit Orcinus.

- Moins fort, Lumi ! intervint Milos.

- Pardon…

- Quel dommage, reprit le praticien, que ton amie ne soit pas là ! Celle qui a du sang d’Asclépios dans les veines.

- Euh, pourquoi dis-tu cela ?

- Parce qu’il faut refaire ces bandages matin et soir. Elle aurait pu m’aider.

- Mais… Il y a des médecins partout autour de nous.

- J’ai promis à sa grand-mère de ne le confier à aucun autre praticien.

- Et je croyais que les enfants de couples mixtes ne pouvaient pas exercer la médecine.

- La médecine, non. Mais rien ne leur interdit d’aider un médecin qui doit soigner un patient très attachant mais néanmoins légèrement récalcitrant.

- Eh ! objecta l’intéressé. Je suis blessé, mais je ne suis pas sourd.

- Ni muet, hélas ! sourit Milos.

(Je regardai le médecin en silence pendant une bonne vingtaine de secondes.)

- Tu as deviné, n’est-ce pas, Milos ?

- Moi ?

- Oui. Tu as deviné que c’est moi, et non une de mes amies, qui ai du sang d’Asclépios. Et tu as raison… Ma mère venait du même pays que toi.

- Disons que je t’ai regardée attentivement… Et que tes questions ont fini de me convaincre que j’avais deviné juste. Quelle était la spécialité de ta mère ?

- Je n’en sais rien…

- Elle ne t’a pas parlé de son métier ?

- Elle ne m’a parlé de rien… Je ne sais rien de son histoire, à part le peu que m’a dit mon père.

- Bon. Peut-être que je pourrai me renseigner, si tu as envie d’en savoir plus, un jour. En attendant, accepterais-tu d’aider un vieux cousin un peu fatigué à assumer sa lourde tâche ?

- Bien sûr, Milos.

- Merci pour la lourde tâche, râla encore Orcinus.

- Je passerai tous les matins lui faire ses soins et j’en profiterai pour refaire tous les bandages. Si ça te va, tu feras pareil le soir. Et si cet énergumène ne fait pas tout ce que tu lui demandes, tu me le dis et je n’hésiterai pas à sévir. Je te montre comment faire ? »

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