Chapitre XXVIII (2/2)

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Alors il me montra, sous l'œil méfiant mais docile d’Orcinus. Cela ne semblait pas si compliqué, finalement… Et je me débrouillai plutôt correctement. Quand j’eus terminé, notre patient semblait presque comme neuf ! Les eaux nous enveloppaient de leur lumière mouvante comme un rêve enfantin, et nous nous apprêtâmes à laisser le malade goûter un repos bien mérité. Mais il demanda, d’une voix hésitante, s’il avait le droit de manger encore un peu.

« Autant que tu veux, fils ! Lumi, je vais te montrer où se range le matériel médical et où trouver de quoi nourrir ce jeune homme. Tant qu’il a faim, il faut le faire manger ! Viens donc avec moi. »

Je suivis Milos à travers les couloirs bleutés et déserts de l’hôpital. Cinq minutes et quelques recommandations plus tard, je revins dans la chambre avec une autre ration de riz et de poisson que j’entrepris de donner à manger à Orcinus, très doucement, tout en lui faisant la conversation.

« - Milos est content que tu ailles mieux. Il t’aime bien…

- C’est surtout ma grand-mère qu’il aime bien ! Mais c’est un homme droit, et il prend soin d’elle depuis des années, alors forcément, ça crée des liens.

- Pourquoi dit-il que tu as voulu impressionner Rutila ?

- Oh, ça… Ce n’est rien. Il se fiche de moi.

- Pourquoi ?

- Parce que quand j’étais petit, j’étais amoureux de la capitaine.

- Ah ! C’est mignon…

- …

- Et depuis ?

- Depuis, quoi ?

- Tu as eu d’autres amoureuses ?

- Eh bien… Quelques-unes.

- Qui ça ?

- D’abord, il y a eu Nautila… Mais elle vit dans une tribu qui navigue très loin d’ici, on ne se voyait jamais, alors avec le temps…

- Et après ?

- Après… Il y a eu quelques jolies jeunes filles qui ne comptaient pas vraiment.

- Et ?

- Et Ventura, l’année dernière.

- L’année dernière ? Elle était dans ta chambre, enfin, dans le placard qui te sert de chambre, pas plus tard qu’il y a un mois.

- Oui mais ça, c’était pour la pièce. Pour répéter son texte.

- Elle t’inspire quand tu écris pour elle ?

- Oui et non. Elle est jolie, elle joue très bien… Mais c’est fini depuis un bon moment avec elle.

- …

- D’ailleurs, chez nous, on ne se marie presque jamais à l’intérieur de sa tribu.

- Comment ça ?

- On quitte le bord, nous les garçons, pour aller vivre avec la troupe de notre femme.

- Oh… Et si vous tombez amoureux de quelqu’un de votre propre bateau, que se passe-t-il ?

- C’est rare, mais c’est possible. Et personne ne dit rien. Ce n’est pas l’habitude, parce que sinon nous serions tous consanguins ! Mais quand ça arrive, c’est accepté. Tout est accepté, chez nous, du moment que l’on ne nuit ni à notre peuple, ni à qui que ce soit.

- Alors un jour, tu pourrais quitter le bord ? Muraena ne le supporterait pas !

- Peut-être ! Ou alors elle me suivra.

- Sauf si tu te maries avec Ventura… Comme ça, tu resteras avec ta troupe.

- Lumi, je te l’ai dit. C’est fini avec elle.

- …

- Tu reviens ce soir, alors ?

- Oui ! Milos compte sur moi. D’ailleurs, puisque tu as fini, je vais y aller. Je meurs d’envie de faire une sieste sous les cocotiers, à la plage. A tout à l’heure, Orcinus ! »

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