(Orcinus) - C’est dangereux, Lumi, ce que tu fais…

(Lumi ) - Pourquoi ?

- Je ne suis pas de bois ! Encore que, l’expression n’est pas très bien choisie, là… Bref, je ne sais déjà pas comment j’ai réussi à ne pas abuser de la situation à chaque fois que tu venais dormir avec moi à l’hôpital, mais alors là…

- C’était si difficile que ça ?

- C'était héroïque ! Même si aucune légende ne me rendra justice auprès des générations futures… J’avais déjà très envie de toi, tu ne l’avais pas remarqué ?

(Je rougis.)

- Si.

- …

- Il faut dire aussi que certains signes finissent par se voir.

(Il sourit dans le noir et ma main descendit un peu plus bas.)

- Oh mais toi aussi, tu montres des choses. Différemment…

- Comment cela ?

- Je te fais tellement d’effet que tu es carrément tombée à la renverse.

- Gnagnagna !

- …

- Attention, Orci, si tu continues à te moquer de moi, tu t’exposes à des représailles.

- Vraiment… Lesquelles ?

(Je m’emparai doucement de son sexe qui, manifestement, n’attendait que ça.)

- Voilà. J’ai un otage.

(Il gémit et sourit plus fort.)

- Un otage qui ne semble pas protester très fort… Quelles tortures envisages-tu à son sujet ? »

Je souris bêtement, heureuse de voir qu’il prenait les choses (y compris mes réactions) comme elles venaient. Je le caressai doucement, le sentant durcir encore, guettant sur les courbes de son visage et sur ses paupières closes les sensations que mes gestes faisaient naître en lui. Je vins sur lui pour l’embrasser, sans pour autant lâcher mon « otage » tout palpitant. Alors Orcinus me guida doucement, de la main et de la voix. Ses hanches se soulevaient vers moi avec impatience, ses mains me parcouraient les seins et le ventre, ses yeux reflétaient de profondes ombres sombres que je n’y avais encore jamais vues dans l’encre de la nuit.

Il vint en moi en me tenant les fesses, ses mouvements étaient fluides et impatients et lorsque j’eus trouvé mon rythme, il m’accompagna de tout son corps pour aller plus loin, plus près, plus profond. Je n’étais pas forcément très à l’aise pour mener la danse, mais c’était bon… Et je finis par trouver une meilleure position, d’où je pouvais choisir la cadence, écouter mes sensations et embrasser à volonté la peau salée de mon partenaire. Je jouis la première, arc-boutée sur lui comme un croissant de lune incandescent, et il me rattrapa de quelques coups de hanche plus vifs, plus exigeants, qui ne firent que prolonger mon plaisir.

Alors que nous reprenions nos esprits, nous entendîmes quelqu’un marcher de l’autre côté de la cloison. Nous cessâmes de respirer quelques instants. Une voix m’appela dans tous les coins de la voilerie avant de repasser, sans s’arrêter, devant la pièce dans laquelle nous étions. Puis un volet s’ouvrit, un rai de lumière encadra la porte, donnant un soudain éclat doré aux paupières closes d’Orcinus.

Je l’embrassai dans le silence puis me collai à lui, gluante et suante, et il me serra contre lui en soupirant d’un air filou.

« - Ouf, on a eu chaud ! soupira-t-il.

- C’était qui ?

- Salmus, je crois. Il attendra un peu… Pour l’instant, je te garde.

- …

- Au fait, je crois que ton otage est très content de sa captivité.

(Je ris niaisement, bêtement flattée.)

- Tu crois ? Je vais quand même vérifier comment il va, cet otage…

(Je posai la main sur son sexe, qui était encore tout gonflé, tout ému. Sa peau était douce comme de la soie... Je le regardai intensément, il souriait sous ses paupières closes.)

- …

- Il est tout doux… Comment peut-on faire autant de mal avec quelque chose d’aussi doux ? »

Orcinus frémit et ouvrit les yeux en grand. Et là, dans la lumière diffuse qui suintait autour de la porte, il posa sur moi un regard couleur de maïs, d’un brun très clair, lumineux, presque jaune.