Chapitre LIX (2/2)

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(Il avait murmuré cela dans un tout petit souffle, tout contre mon ventre, comme si je risquais de disparaître s’il le disait trop fort. Alors je pris son visage dans mes mains et je l’attirai jusqu’à la hauteur du mien, pour le regarder droit dans ses faux yeux bleus.)

(Lumi) - Non, Orci. Je voulais connaître la vérité, que tu saches enfin d’où tu viens et qui étaient tes parents. Et maintenant que l’on a des informations fiables, crédibles, je veux que l’on puisse en parler ensemble sans faire comme si tout cela n’existait pas. Je veux qu’on partage, qu’on échange, qu’on affronte si besoin, tous les deux.

(Orcinus) - …

- Quant à Champarfait… Eh bien, c’est là que je suis née, c’est là que vivent mon père et mes petites sœurs. Alors oui, je préfèrerais voir quelqu’un d’autre que Rotu sur le trône ! Mais honnêtement, je ne t’imagine pas une seconde à sa place. Ou alors…

- Ou alors ?

- Peut-être quand tu auras quatre-vingt ans…

- Avec un gros ventre et une longue barbe blanche ?

- Voilà. Tu seras parfait.

- Et donc, en attendant mes quatre-vingt ans ?

- Tu es libre.

- Et je peux rester libre, comme tu dis, c’est-à-dire Lointain, sans risquer de perdre ma chérie ?

- Bien sûr ! Et si tu continues à me demander cela, je te préviens, je vais me vexer. Je ne comprends même pas comment tu as pu croire une chose pareille.

(Il afficha un air immensément soulagé, je sentis littéralement tout son corps se détendre contre le mien et un poids immense quitter ses épaules pour aller… au diable, peut-être, ou ailleurs, en tout cas loin de mes bras et de ma paillasse.)

- …

- Embrasse-moi, tiens, au lieu de poser des questions bêtes.

(Il s’exécuta avec application, sourire en coin et lèvres canailles.)

- Alors on ne dit rien à personne et on continue à vivre exactement comme avant !

- Oui. Enfin, presque.

(L’inquiétude reparut instantanément au fond de ses yeux.)

- Presque ? Que veux-tu dire ?

- Tu devrais emménager pour de bon avec moi. Ton placard nous servira de… placard ! Et il n’est pas prudent de dormir seul, quand on est l’héritier secret de deux royaumes.

- Vraiment ? Tu t’inquiètes pour ma sécurité ?

- Non. Mais si ça peut aider à te convaincre de t’installer ici, je suis prête à faire semblant.

(Il rit, si sincèrement, si joliment, que la nuit me sembla soudain plus claire.)

- Mon placard est vraiment trop petit, de toute façon…

- Ah ! Donc en vrai, si tu t’es installé dans ton ersatz de cabine comme un chevalier des mers, soi-disant pour me laisser mon intimité, c’était juste pour que je t’invite à partager la voilerie ?

- Non… Ce n’était pas pour cela, mais j’espérais bien que cela arrive, oui !

(Ce fut à mon tour de lui sourire en grand, d’un air certainement très niais. Je le poussai doucement pour qu’il s’allonge sur le dos, tout contre moi, et me tournai vers lui comme j’aurais assiégé un oreiller joyeusement moelleux.)

- Alors on reste et on ne change rien. Je suis bien, comme ça, contre toi. Mais…

- Mais quoi, Lumi ?

- Tu es sûr de ne pas le regretter un jour ?

- Sûr et certain ! Je n’ai besoin de rien d’autre que ce que j’ai déjà. Mes journées dans les haubans ou sur le pont, mes soirées au théâtre et mes nuits avec toi.

- Tu es un sacré petit veinard, en effet !

- Je sais.

- Dis-moi, Orci, puisqu'il fait nuit, et que c’est le créneau que tu me réserves sur ton emploi du temps de non-prince…

- Eh bien, puisqu'il fait nuit ?

- Je pourrais avoir un câlin, tu crois ? Et tu serais tout mignon, tout doux, comme si j’étais une princesse…

- Hmmm… Voyons cela… »

Il roula sur moi en une demi-seconde, ondulant des hanches autant que du regard, et il entreprit de me grignoter doucement, méthodiquement, depuis les pieds jusqu’à la tête. Ce fut délicieux comme une renaissance, et quand le plaisir me cueillit comme une fleur sauvage, je pensai rapidement qu’une couronne ne valait pas les mains douces, les lèvres tièdes et le cœur battant d’Orcinus tout contre moi. Puis je cessai de penser, me contentant de jouir entre ses bras.

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