Chapitre LXI (2/2)

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(Lumi) - Je ne sais pas, Orcinus.

(Orcinus) - Mais tu as bien une petite idée, je te connais !

- Eh bien, je sais que tu ne veux pas te battre, ni revendiquer tes droits, ni quoi que ce soit de ce genre.

- Non.

- En même temps, il me semble de plus en plus difficile d’imaginer que l’on puisse garder ce secret indéfiniment ! Et fuir pour toutes les générations qui vont suivre.

- Tu as sûrement raison...

- Et puis…

- Oui ?

- Je trouve que c’est un peu lâche de laisser un pays aux mains d’un être aussi malfaisant que Rotu… Nous ne pouvons pas les libérer, puisque nous n’avons ni armes ni combattants. Et puis cela voudrait dire révéler ton identité, alors que tu refuses de le faire.

- …

- Mais nous pourrions peut-être aider les Champarfaitois à se libérer.

- Comment cela ?

- Je ne sais pas… Mais il doit y avoir un moyen ! Quelque chose qui encouragerait le peuple à se soulever contre cet usurpateur de Rotu, ce tyran, ce voyou ! Bref, quelque chose qui aiderait les Champarfaitois, sans pour autant t’obliger à monter sur le trône.

- Tu veux dire… Ne pas révéler aux gens que je suis le fils du prince Lomu, mais faire en sorte de les pousser à se débarrasser eux-mêmes de Rotu ?

- Oui.

- Mais, Lumi, s’il est renversé, envoyé en exil ou que sais-je… Qui deviendra roi ?

- Peu importe ! Les membres du protocole du palais royal éplucheront l’arbre généalogique jusqu’à ce qu’ils trouvent quelqu’un… Un cousin, un grand-oncle… Avec un peu de chance, nous tomberons sur quelqu’un de bien. En tout cas, ce ne pourra pas être pire que Rotu.

- …
- Orcinus, je sais que tu ne souhaites pas trop parler de tout ça… Mais je n’aime pas l’idée d’avoir cette lignée d’assassins à la tête de mon pays natal. Ils ont quand même fait tuer tes parents et ta soeur… Tu ne crois pas qu’il serait grand temps que nous arrêtions, tous autant que nous sommes, de regarder ailleurs ?

- …

- Orci ? Tu m’écoutes ?

- Oui. Et je t’entends, même.

- Et ?

- Et je dois discuter avec Salmus et Rutila. Je crois qu’il faut convoquer le Grand Conseil. »

Pendant la nuit qui s’ensuivit, je fus réveillée à plusieurs reprises par les mouvements d’Orcinus qui se tournait et se retournait sans arrêt dans le lit. Sa peau était brûlante comme un vent du désert et son souffle était court, moite, lourd. Il garda ma main dans la sienne jusqu’au petit matin, mais je ne tentai pas d’interférer dans ses pensées qui me semblaient bien agitées.

Dès l’aube, tandis que les premières lueurs du jour mordoraient doucement les reflets d’ocre de ses yeux, Orcinus se hissa sur ses jambes comme une drisse au départ d’une grande traversée, dans un mélange d’appréhension et de détermination. Il s’habilla soigneusement, sans dire un mot. Puis il m’embrassa deux fois, comme il le faisait toujours sans même sans rendre compte : d’abord avant de mettre son produit magique dans ses yeux, puis juste après, avec son regard bleu comme une pêche miraculeuse.

Je le retins tout contre moi pendant quelques secondes, comme si quelque part, j'essayais de retarder un peu ce que l’avenir allait nous réserver... Il me rendit mon étreinte avec tendresse, mais aussi avec fermeté. Et quand il quitta la voilerie, de son pas si caractéristique de marin des airs, je me dis que, quel que soit son destin, il semblait prêt à l’affronter. Et que, quoi qu’il advienne, je l’y aiderais de toutes mes forces.

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