Chapitre LXXVI (2/2)
(Lumi ) - Les livres n’ont pas toujours raison, Perkinsus… Comment s’appelle donc cette perle rare ?
(Perkinsus) - Sonu.
- Un troisième fils ! Visiblement, les loyalistes dissidents ont conservé cette habitude ridicule du prénom-numéro. Au moins, ce n’est pas sur lui que pèsera l’exigence de procréer pour perpétuer la lignée…
- …
- En tout cas, tu as l’air tout content, cela fait plaisir à voir.
- Et si je te dis qu’il m’a donné quelques nouvelles de ton beau marin à toi, Lumi, est-ce que ça te fait plaisir ?
- Quelle question ! Evidemment… Comment va Orcinus ?
- Bien, apparemment. Enfin, aussi bien que possible. Il râle, il s’ennuie, il tourne en rond dans cette forteresse aux remparts de glace éclatante et de pierre noire. Mais sa santé est bonne, il n’est pas maltraité, bien au contraire ! Puisqu’il est leur prince…
- Leur prince qu’ils retiennent prisonnier… C’est une drôle de façon de respecter la royauté. Et Orcinus va devenir fou s’ils persistent à l’enfermer entre quatre murs, quand bien même ils lui donneraient des habits cousus d’or et un train de vie royal.
- Moi aussi, je perdrais la tête, si j’étais à sa place… Mais c’est pour le protéger de Rotu qu’ils l’ont enlevé, apparemment. Et au moins, ils prennent soin de lui. Il est libre d’aller et de venir à l’intérieur de la forteresse, c’est mieux que rien.
- Combien de temps pensent-ils le garder ?
- Sonu n’en sait rien… Mais il va essayer de se renseigner. Je dois le voir ce soir.
- Tu y retournes ?
- Il faut battre le fer tant qu’il est chaud.
- Je vois que ce fer-là te motive beaucoup !
- C’est vrai… Pardon, Lumi, ce n’est pas très délicat de rêver ainsi des beaux yeux de ce charmant garçon alors que tu es privée de la compagnie du tien.
- Mais non… Si tu arrêtais de vivre, cela ne me rendrait pas Orcinus. Et puis, combien de fois m’as-tu donné des conseils, encouragée à me dévoiler, écoutée radoter à propos de mon amoureux alors que le tien était parti pour toujours ?
- …
- Je tiens à toi, Perkinsus. Je rêve de te voir heureux, et même béat ! Fais juste attention à ne pas t’enflammer trop vite : un garde de la forteresse loyaliste, ce n’est pas le choix le plus simple, par les temps qui courent.
- Je sais… Merci, Lumi.
- D’ailleurs, j’ai une idée !
- Ouhla, je crains le pire.
- Tsss ! Inutile de discuter. C’est décidé, ce soir, je viens avec toi.
- Quoi ? Non. Il n’en est pas question.
- Si si si. Ce n’est pas toi qui me disais à l’instant que je devais sortir de ma grotte ?
- Pour te changer les idées, pas pour te jeter avec moi dans la gueule du loup.
- Je ne suis pas une mauviette, mon cher.
- Voilà une précision parfaitement inutile ! Mais s’il t’arrive quelque chose, les autres vont m’éviscérer.
- Si tu m’emmènes avec toi, je te dirai un secret.
- Celui de la jeunesse éternelle, de l’amour parfait, de la vie après la mort ?
- Non. Mais un vrai secret quand même.
- Tu ne m’auras pas aussi facilement, ma belle.
- Même si je te jure que ce secret-là, même Orcinus n’en a pas connaissance ?
- Vraiment ?
- Vraiment.
- …
- …
- Bon… Puisque ça te fait plaisir à ce point…
- Je savais bien que j’arriverais à te convaincre !
- Tu me connais par coeur, je ne peux pas vraiment lutter… Mais j’ai quand même une condition.
- Laquelle ?
- Nous demanderons à Tempetus de nous accompagner. Je ne veux pas prendre le risque de te laisser seule pendant que je vais rejoindre mon joli garde.
- Adjugé ! Va donc le prévenir.
- Bon. Pense à porter du blanc pour ne pas te faire repérer dans le paysage… Et rendez-vous sur le banc de quart après le dîner. A tout à l’heure, Lumi ! »
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