Chapitre LII (2/2)

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Cette fois-là eut cependant quelque chose de différent, parce que mon regard plongeait dans ses yeux de miel et de soleil comme jamais auparavant. C’était la toute première fois qu’Orcinus s’offrait à moi sans filtre, sans fard, sans faux-semblant. Et même si j’étais largement habituée aux reflets océan qui éclairaient son visage au quotidien, l’amour qu’il me fit ce jour-là avait un petit goût de renouveau ou d’authentique. D’unique. D’inexploré, peut-être…

Il m’assaillit de caresses et de va-et-vient en prenant tout son temps, il était doux, il était beau, et le plaisir que nous échangeâmes fut puissant et brut. J’avais le souffle court, la peau brûlante, et je laissai échapper un petit cri qu’il saisit au vol en m’embrassant dans un sourire immense.

Qu’ils étaient loin, mes mauvais souvenirs ! Pourtant, Champarfait était juste là, tout autour de nous, avec ses champs alanguis, sa noblesse arrogante et ses règles strictes ! Mais j’avais l’impression un peu irrationnelle que mon pays natal ne pouvait plus vraiment m’atteindre. Me blesser, peut-être ; mais m’abattre, plus jamais ! Cela me fit sourire, et lorsque Orcinus me demanda doucement pourquoi j’affichais un air aussi béat, je lui répondis en vrac que je l’aimais, que son amour était délicieux, qu’il avait les mains coquines et délicates et qu’il était doux comme un vin de pêche. Il rit alors comme un météore et, après avoir déposé un baiser possessif sur mes lèvres d’en-haut, il entreprit de taquiner celles d'en-bas...

J’avais appris, au fil du temps que je passais au creux de lui, au fil des nuits sages ou coquines, au fil des matins lumineux ou embrumés, à lui faire confiance d’une manière absolue. Et à oublier tous les cadres, toutes les limites, tous les jugements que les bonnes mœurs de mon pays natal plaquaient sur ce qu’elles qualifiaient de “devoir conjugal”. Le sexe, tel que nous le partagions, Orcinus et moi, dans l’inconfort de l’une ou l’autre de nos paillasses, n’était ni un devoir, ni un droit : c’était un cadeau, un échange, une lumière. Et s’il n’avait rien de conjugal, puisque nous n’étions pas mariés, Orcinus me conjuguait effectivement à tous les temps comme une aventure qui n’aurait pas de fin.

J’avais tenté, un peu comme on prend un risque, de lui dire ce que j’aimais et ce que j’aimais moins. D'apprivoiser mon désir autant que le sien. D'écouter mon corps quand il s’exprimait sous ses mains. De savourer la douceur musculeuse de sa peau et la fermeté délicate de son érection. De demander sans rougir quand j’en voulais encore. Et aussi, de le faire se tortiller sous mes lèvres ou sous mes doigts comme une anguille lorsque je décidais de l’assaillir à mon tour. Il n’était jamais plus beau que dans ces moments-là, dans la transparence de l’intimité, quand son souffle se coupait et que son regard brillait comme deux flammes de douceur.

Cette fois-là ne fit pas exception, et je me cambrai en gémissant tandis que sa bouche titillait les méandres de mon intimité, avant de laisser la place à l’exigence moelleuse de ses doigts. Puis il remonta vers mon visage en embrassant au passage la chaleur de mon ventre, le galbe de mes seins, les replis de mon cou… Il était penché sur moi comme on dévore une pâtisserie, ses yeux d’ambre s’accrochaient aux miens, ses jambes se mêlaient aux miennes, ses bras me parcouraient comme un parchemin et son sourire répondait à chaque arythmie de mon souffle, tout contre ma joue.

Il me pénétra avec appétit, ses mouvements étaient à la fois possessifs et précautionneux, et chacun de ses coups de rein réveillait des sensations profondes et délicieuses. Je m’accrochai à son dos, à ses fesses, à son regard, et je répondis à son désir en libérant le mien de toute mon âme ! Puis il s’allongea près de moi, contre moi, avec sa peau de miel et ses petits frissons. Et je ne tardai pas à m’endormir contre son épaule, perdant sans aucun regret toute notion du temps comme de la réalité.

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