À jamais, nous serons liés par la chair.
de Stradivarius
La mort.
Ce havre de paix. Bucolique. Charmant. Ténébreux. Ce pourrait être la description d’un homme merveilleux. Mais non, il s’agit bien du sens de la vie : la mort. Toute une direction tracée dans la perfidie d’une vie menée pour en arriver à ce terme sadique. Une vie de psychopathe tourmentée par l’horloge qui fait son tic-tac effrayant, terrifiant, morbide. Comme si le coeur, lui-même, battait la chamade au rythme effréné du temps qui passe jusqu’à nous conduire inéluctablement vers le lieu où le corps sera décharné et bouffé par les vers. La tombe où tous les sens s’endorment pour laisser le cadavrepourrir et suinter pacifiquement, sans aucune trace de lutte. Sans aucune trace de combat. Rien. C’est le néant. L’anéantissement. La puanteur se dégage pourtant de ce trou béant, comme si tout cela n'était qu'une condensation chimique, alors que le corps se décompose toujours un petit peu par petit peu. Le sang ne coule presque plus et l'activité de toute une vie ne se lit pratiquement plus sur les traces du crâne à nu.
Mais nous ne savons rien de la vie après la mort. N'est-ce pas?
On ne sait quel Paradis, ou quel Enfer souffreteux nous rongera jusqu'à l'éternité. D'ailleurs, ne serait-ce pas sournoiserie de nous parler d'éternité après une vie trop longue et douloureuse pour être vécue? Ce serait presque comme un Enfer avant l'heure. Comme si nous étions sur le Styx, que nous devions payer le Passeur à chaque fois. Ce Passeur qui est représenté, ici, par l'État et ses taxations incessantes. Ce besoin de travailler encore et toujours, sans relâche, sans paix. Et, pendant ce temps là, on voit les morts défiler sous nos yeux, ces âmes qui passent sous la petite pirogue qui nous conduit inlassablement vers Hadès. J'ai payé mes créances à ce type là. Je lui ai donné tout ce que j'avais. On n'emporte jamais nos trésors dans la mort. Aucun trésor. Rien. Nada. Que tchi. Mais sur ce navire, on sent que l'amour et la joiedisparaissent à tout jamais pour laisser place à une sorte de terreur insouciante, inconsciente, sordide. Difficile. Pourrie.
Mais vous savez quoi? Finalement.
Nous sommes tous maîtres de notre destinée, non? Il y a toujours du bon dans la vie, et même dans la mort. Aussi, il faudrait se souvenir uniquement des belles choses qui se sont déroulées et ne jamais resonger au moindre mal que nous ayons eu à subir. Moi, je pense à cette belle femme, cette attirante demoiselle qui m'a séduite et que j'ai pu séduire par chance. Et je pense à elle à chaque instant, à chaque moment, où une vague à l'âme percute la proue du navire. Je songe et resonge à elle, puisque mes pensées ne sont tournées que vers elle. Et vous savez quoi? J'ai beau être dans l'Enfer, dans la mort, dans le pire endroit au monde. Cette femme là, elle est morte en même temps que moi. Nous naviguons ensemble et nous sommes enterrés ensemble. Et je peux le dire, notre vie fut faite ainsi que nos deux corps s'enchevêtraient paisiblement, sans aucune discorde, et à présent, à jamais, nous deux, nous serons liés par la chair. Celle-ci qui ne pourrira jamais et qui vivra à l'éternité par l'amour que nous nous sommes donnés durant toute notre vie.
Je serais ton Hercule qui te délivrera de la furie de la mort.
Tu seras ma Mégara.
Et moi, je te le dis, je t'aime à jamais.
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