Depuis toujours, Leila s'était trouvée différente des gens sans savoir pourquoi et surtout sans savoir ce qui était différent chez elle.

Durant les trois derniers mois, Leila n'arrêtait pas de faire des rêves qu'elle qualifiait comme bizarres. Bizarres mais tellement réalistes que toute son âme tremblait, même des heures après son réveil. Elle était persuadée que ses rêves étaient des messages envoyés par son inconscient afin qu'elle se révèle enfin après seize années de flou dans son existence.

Elle décida d'agir et de suivre son instinct, il la guiderait jusqu'à la vérité cachée. Cette fois-ci elle voulait s'écouter et trouver qui elle était en réalisant son rêve farfelu.

Elle s'habilla rapidement avant de sortir de chez elle en courant jusqu'au grand bâtiment où son père travaillait.

Elle monta discrètement jusqu'au toit du bâtiment et fut satisfaite lorsqu'elle se rendit compte que c'était bien l'endroit de son dernier rêve.

Elle s'approcha du bord du toit, l'air faisait voler ses cheveux et Leila sentit son corps valser au vent. Elle était sûre qu'elle pourrait voler, sa nature était enfouie en elle depuis trop longtemps à son goût, elle devait sortir au grand jour, il le fallait.

Après une grande inspiration, elle se jeta dans le vide. Les quelques secondes qui suivirent, elle ne ressentit rien. Puis elle cria puissamment quand elle sentit ses poumons brûler en elle, son dos lui faisait terriblement mal, comme si des milliers de couteaux s'agitaient à l'intérieur et à l'extérieur d'elle en même temps. Elle manquait d'oxygène et elle sentait que le sang dans ses veines changeait. Elle était effrayée, elle se voyait déjà morte, écrasée sur le bitume à cause d'un rêve. Sa vie défilait dans sa tête à mesure que le sol se rapprochait de son corps.

Des gens s'étaient attroupés en bas du bâtiment dont le père de Leila, qui avait vu une masse passer à toute allure à côté de la vitre de son bureau. Il avait compris quelques secondes plus tard qu'il s'agissait d'un corps, alarmé par ses collègues.

Les pompiers sur place tendaient une toile d'atterrissage où la jeune adolescente était censée tomber, afin d'amortir le plus possible la chute, hélas très probablement mortelle.

C'était seulement à environ vingt mètres du sol que Leila ferma fortement ses yeux pour ne pas voir la fin de sa vie. Mais le miracle se produisit, l'adolescente s'était envolée dans les airs comme un oiseau. Elle ouvrit les yeux à l'instant où elle entendit les gens crier, applaudir et qu'elle ne sentait pas le sol dur sous son corps mais l'air et la sensation de légèreté, la liberté.

— Oh mon dieu! J'ai réussi ! Je vole !

Elle tentait de doser la vitesse dans le ciel pour ne pas tomber. Son père était fier, il avait toujours su que sa fille était spéciale et il fut ravi de voir qu'elle était comme sa mère, un être volant, doté de pouvoirs bienfaisants. Sa fille était une bonne personne et elle avait suivi son instinct comme il lui avait conseillé de faire.

Elle avait risqué sa vie, mais au moins elle savait qu'elle n'était pas folle et ça lui fit un bien fou. Heureuse d'avoir cru en elle et d'avoir découvert une part d'elle. Elle se sentait enfin bien, libérée d'un poids et elle avait hâte de se trouver plus encore.

Toujours suivre son instinct, mais attention aux dangers, on a qu'une seule vie.