Addie est assise sur son lit, seule dans sa chambre, ses amis ne veulent pas lui parler, du moins pas tant qu'elle ne se sera pas excusée auprès de Slany. Par fierté, la brune n'a aucune intention de le faire, et puis, c'est elle qui l'a cherché, d'abord.

De son côté, Slany court sous la pluie, ses baskets frappant le sol au rythme de ses foulées, sa musique dans les oreilles, elle court depuis déjà une dizaine de minutes et elle en est à son huitième tour de terrain. Au centre de la piste, Abril Fonseca, la coach sportive, surveille le temps et compte les tours.

Assise dans les gradins, Océane attend la jeune fille pour rentrer, elle voulait courir avec elle, mais la coach le lui a interdit. La pluie coule lentement le long de son visage, trempant ses longs cheveux châtains. Emmitoufflée dans sa doudoune, elle a froid pour Slany qui ne porte qu'une veste légère sur son débardeur.

Léonard est installé à la bibliothèque, il fait des recherches sur le gang d'Isata. Lassé, il ferme le livre et éteint l'ordinateur avant de s'affaler contre le dossier de la chaise.

Jonas améliore un logiciel sur son ordinateur. Les nombres et formules défilent à l'écran, le garçon réajuste son casque et reprend sa programmation.

Melvin et Mia jouent au ping-pong dans la salle de repos. Une victoire chacun, ils jouent la dernière manche qui leur permettra de se départager. Timothée arbitre le match et commente en riant.

Ricardo et Alexander s'affrontent sur Call of Duty. Leurs doigts frappent habilement les touches de la manette, chacun tente de résister aux assauts de l'autre. Rico se jette en arrière sur le canapé, il a perdu. Alex a encore gagné, bon joueur, il serre la main de son adversaire en riant.

Inès et Léah lisent chacune de leur côté. Inès est plongée dans l'article d'un magazine d'espionnage, tandis que Léah tente désespérement de retenir sa leçon de géographie.

Il est 6h58, tous sont dans le gymnase, exceptées Océane et Slany. Les voilà qui arrivent, juste à temps pour éviter une punition plus sévère. Le directeur s'avance et leur fait signe d'approcher.

- Vous serez regroupez en équipe de trois : deux équipes de filles, deux de garçons. La première équipe est composée de Slany, Adélaïde et Mia. La seconde de Jonas, Alexander et Ricardo. La troisième, Océane, Inès et Léah. Et la dernière, Timothée, Léonard et Melvin. Compris ?

Les jeunes hochèrent tous la tête.

- Bien, aujourd'hui vous commencerez par une compétition, équipes 1 et 2 contre 3 et 4. Le coach Tyrell va arriver d'une minute à l'autre pour vous expliquer le déroulement de l'épreuve.

Après ces paroles, Calland quitta le gymnase et laissa les adolescents seuls.

- Pfff..., souffla Addie en croisant les bras.

- Il l'a fait exprès pas vrai ? se plaignit Mia.

- Bonne chance Mia ! pouffa Melvin.

- T'es drôle, toi, dis donc ! râla la jeune fille.

- Slany, Addie ? Venez, votre petite guerre ne peut plus durer, assura Lenny.

- Je suis d'accord, acquiesa Jon, posté au côté d'Alex qui hocha la tête.

- Pour le coup, c'est Addie qui s'est mal comportée, indiqua Océane.

- Ouais, t'as merdé, Ad', confirma Rico.

Adélaïde leva les yeux au ciel.

- Bon, les filles. C'est simple, vous avez une semaine pour vous entendre. Après vous vous deviendrez un danger pour la mission, et pour nos vies, déclara Lenny.

- On vous demande pas de devenir les meilleures amies du monde, juste d'éviter de vous battre chaque fois que vous vous voyez, déclara Océane en levant les bras en l'air.

- Allez, faîtes un effort quoi ! C'est pas sorcier, si ? s'indigna Jonas.

- C'est elle qui me cherche depuis qu'elle est arrivée ! s'exclama Addie.

- Non, mais n'importe quoi ! Je t'ai rien fait, c'est toi qui m'a agressée ! répliqua la rousse en criant.

- Pardon ?! Tu m'as balancée ton genou dans le ventre ! accusa-t-elle.

- C'était un entraînement et puis en plus, c'est toi qui m'a sauté dessus juste après !

- Je me suis défendue !

- Je ne suis pas une menace ! s'énerva Slany.

- Ah ouais ! Et qu'est-ce qui me le prouve ?! Hein !? l'interrogea Addie.

- Mais je ne t'ai rien fait, bordel ! Toi, tu m'as volontairement renversé du jus dessus ce matin, s'indigna-t-elle.

- Arrêtez !! cria Lenny.

- Mais c'est el...

- Stop, intervint Rico en coupant Addie.

- N'abuses pas Addie, c'est toi qui aies en tort et je suis sûre qu'ils sont du même avis, rétorqua Océane, déçue.

- Non...

- Désolée, Ad', mais je suis d'accord, affirma Jonas en la regardant tristement.

Léah hocha la têt, montrant qu'elle le pensait aussi, avant de détourner le regard pour ne pas voir la colère dans celui de son amie qui l'avait tant aidée et soutenue.

- Moi aussi, acquiesa Tim.

- La mort d'Hanna, bien qu'elle soit terrible, ne te donne pas le droit de t'en prendre à Slany comme tu le fais, expliqua doucement Léonard.

Addie sentit les larmes lui montaient quand elle vit que tous ses amis se rangeaient à l'avis d'Océane. Elle partit s'assoir plus loin, attendant seule l'arrivée de leur coach. Les larmes roulaient sans s'arrêter sur ses joues. Elle comprit à ce moment-là, en voyant son équipe parlait avec Slany, que cette dernière avait réussi, elle lui avait mis ses amis à dos. Alors qu'elle avait besoin d'eux, ils l'abandonnaient. Adélaïde aurait tout donné, absolument tout, pour revenir quelques mois auparavant, quand Hanna était encore en vie et qu'ils étaient tous soudés. Elle essuya les dernières larmes sur son visage et poussa un long soupir. Quelqu'un s'installa à ses côtés, Addie ne prit même pas la peine de se retourner.

- Ad' ? appella-t-elle.

L'adolescente resta silencieuse.

- S'il te plaît, je suis désolée, je ne voulais pas les monter contre toi. Seulement te faire comprendre que tu allais trop loin, insista-t-elle.

Aucune réponse.

- Addie, tenta-t-elle à nouveau.

Rien.

- Eh ? Allez, réponds, je m'excuse...

Adélaïde posa sa tête sur ses genoux, remontés contre sa poitrine.

- Léah s'en veut, s'il te plaît, reviens...

Ayant l'impression de parler à un mur, l'adolescente se leva et retourna vers les autres, secouant la tête de gauche à droite. Addie attendit qu'Océane soit repartie pour laisser couler une ultime larme.