Le coach Linden Tyrell venait d'arriver. Le jeune homme âgé d'une trentaine d'année, travaillait pour le SCRS, un service de renseignement canadien et à l'Académie lorsqu'il n'était pas en mission. Edouard Calland l'avait aujourd'hui chargé d'encadrer deux équipes en préparation pour une mission. Il avait donc prévu une partie de paintball, visant à améliorer les réflexes des jeunes agents et de renforcer leur esprit d'équipe.

- Bien, mettez-vous en équipes. Allez, allez, dépêchez, ordonna-t-il.

Ils s'exécutèrent.

- Bien, on va aller dehors, jusqu'au terrain de paintball, là-bas, je vous distriburais votre équipement, ensuite les choses sérieuses pourront commencer, compris ? expliqua-t-il en regardant tour à tour les élèves qui hochèrent la tête positivement.

Son regard s'arrêta sur la brune à l'écart qui n'avait pas daigné relever la tête depuis son arrivée.

- Oh ! Toi ! Oui, toi, tu me regardes quand je te parle, gronda-t-il en voyant Addie détourner le regard.

Ils commencèrent à marcher et atteignirent rapidement le lieu d'entraînement. Tyrell leur donna un gilet "pare-balles", des gants, un casque avec une grande visière épaisse et une arme chargée. Les douze adolescents enfilèrent leur équipement en silence et attendirent les instructions.

- Bien, chaque équipe partira d'une base, 1 et 2, dans la zone nord-ouest, et 3 et 4, dans la zone sud-est. Vos casques et gilets sont munis de puces électroniques qui, grâce à un composant spécial dans la peinture, compte le nombre de fois où vous êtes touchés. Vous avez trois "vies". Dès que vous "mourrez", votre arme se désactivera automatiquement et vous quitterez le terrain. Le but de l'exercice et de récupérer une clé, expliqua-t-il en sortant deux clés de sa poche.

L'une était bleu, l'autre rouge.

- Donc, l'équipe bleue, 1 et 2, vous devrez récupérez la clé rouge, et équipe rouge, 3 et 4, la clé bleue. Pour cela, ils vous suffira d'éliminer tous les membres de l'équipe adverse. Des questions ?

Melvin leva la main.

- Oui ?

- On peut tirer de n'importe où ? demanda-t-il.

- Bien sûr, vous êtes en conditions réelles, votre but est d'éliminer vos ennemis. Pas de pitié, que vous soyez à un ou quinze mètres, vous tirez. Pas d'hésitation.

- Et pour les recharges ? demanda Inès.

- J'en ai caché à certains endroits, à vous de les trouver. En piste, les jeunes ! ordonna Linden.

Les deux équipes partirent dans des directions opposées.

Le coup de feu annonçant le départ résonna. La partie était lancée, dès lors, ils étaient ennemis.

Du côté des bleus, garçons et filles s'était séparés, Alex, Jon et Rico étaient partis vers la droite, et Slany, Addie et Mia, la gauche. Les garçons avaient rencontré Inès et Melvin en route, Jon avait touché Inès à la tête une fois et Alex, lui, avait tiré sur Melvin, ne touchant que sa jambe. Le duo était reparti en courant, évitant ainsi les tirs ennemis.

Quant aux filles, elles n'avaient croisé personne. Mia s'accroupit et ressortit, triomphante, sa main du buisson, duquel elle avait débusqué une recharge.

- Bien joué, Mia, c'est ça ? la félicita la rousse.

- Exact, merci, sourit la jeune fille, qui commençait à apprécier de plus en plus la nouvelle venue.

- C'est bon, vous avez fini, on peut y aller maintenant ? se plaignit Addie en levant les yeux au ciel, son arme pointée devant elle.

- Calme-toi, Ad', dit Mia en se tournant vers elle.

Les filles avancèrent jusqu'à l'orée de la forêt, elles entendirent des voix. Mia intima le silence et leur fit signe de se baisser.

- ... croyez qu'ils sont où ? demanda la voix de Timothée.

- Aucune idée, répondit Océane.

- Avancez et en silence, on va se faire repérer, ordonna Lenny en chuchotant.

Adélaïde voulut se lever pour tirer mais Slany la retint, la plaquant au sol, Mia posa rapidement sa main contre sa bouche. Les bruits de pas s'éloignèrent. La rousse relâcha sa prise sur la jeune fille.

- Mais pourquoi vous avez fait ça, Mia ? s'énerva Addie en parlant tout bas.

- Ils étaient quatre et bien mieux placés pour nous canarder, expliqua Mia.

- Si on avait attaqué, on se serait faîtes démonter, renchérit Slany.

- Je t'ai rien demandé à toi, depuis quand tu t'appelles Mia ? s'exclama la brune.

- Chhhht, couvrez-moi, ordonna doucement Mia en s'avançant silencieusement.

Les deux filles la suivirent en continuant de se disputer. Mia se retourna pour leur rappeller de se taire.

- Ne me touche plus jamais ! gronda Addie.

- Touché, grosse gamine, ricana Slany en déposant son index sur son épaule.

- Mais dégage, s'énerva-t-elle en la poussant.

Slany perdit l'équilibre et deux coups partirent quand elle voulut se rattraper.

- Ah bah bravo, on va se faire repérer à cause de toi ! déclara Addie avant d'être coupée par Mia qui se mit à gémir de douleur.

- Mia ? appella Slany.

- Tu lui as tirer dessus, débile ! soupira la brune.

- Est-ce que ça va ? Je savais pas que la peinture faisait aussi mal, s'inquiéta la rousse.

- T'étais près d'elle, abrutie !

- Pas... de la peint..ure, grimaça Mia en tombant à terre.

- Merde, Mia ! s'écria Adélaïde en se jetant à ses côtés.

L'adolescente se mît à se tordre de douleur, poussant des hurlements terrifiants. Repliée sur son ventre, une main contre sa cuisse, Mia criait sa souffrance.

- Mais viens m'aider, putain ! lui cria Addie, alors que la rousse restait immobile.

Addie détacha le gilet et pressa ses mains contre la blessure sanglante de Mia.

- À l'aide ! Y'a quelqu'un ?! Lenny ?! Coach Tyrell !?! cria Addie en posant doucement ses mains contre le flan gauche de Mia, la retournant délicatement sur le dos.

Slany, paralysée, n'avait pas bougé, son regard alternait entre la jeune fille se tordant de douleur et ses mains tenant encore l'arme avec laquelle elle l'avait blessée. Elle la laissa glisser, les mains tremblantes, elle entendit à peine le bruit de la crosse contre le sol en pierre. Ses oreilles bourdonnent et sa tête se met à tourner. Soudain, elle n'est plus à l'Académie, mais en Russie, là où toute sa vie a basculé. Elle rampe au sol, le visage couvert de poussière, la blessure encore ouverte causée par la balle qui a traversé son épaule lui fait un mal de chien. Machinalement, l'Irlandaise pose sa main sur sa cicatrice. À côté d'elle, Nóra est allongée, un pli d'inquiétude a établi domicile sur son front. Slany fait ce qu'elle peut pour la rassurer, malgré sa douleur. Une goutte de sueur perle sur le front de l'adolescente, elle sait très bien ce qu'il va se passer si elle n'arrive pas à sortir de ses souvenirs. Elle connaît la fin de l'histoire. Slany prend sa tête entre ses mains et tombe à genoux en criant. La sensation du métal froid contre sa main qu'elle a laissé tomber par terre la ramène à la réalité. Les cris de Mia n'ont pas cessé, Tyrell accourt vers eux, suivis d'Inès et Melvin. Les garçons de l'équipe bleue ne tarde pas à débarquer, eux aussi alertés par les cris. Océane, Lenny, Tim et Léah sont déjà agenouillés autour de la blessée. Terrifiée et impuissante, Slany sent ses joues s'humidifiaient, elle sait que par sa faute, Mia souffre, c'est elle qui a tiré, ça, la rousse l'a bien compris.

- Lenny, cours chercher Penny ! Vite ! ordonne leur coach en se penchant au-dessus de son élève.

Léonard part en courant vers le bâtiment principal, il balance en route son casque et ses gants.

- Vous deux, allez chercher le principal Calland, tout de suite, déclare-t-il en pointant Timothée et Ricardo du doigt.

Les deux garçons s'exécutent rapidement.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui a tiré ? demande Tyrell, perdu.

- Je sais pas pourquoi, mais Slany avait une arme chargée de vraies balles, explique Addie, compressant toujours la blessure de Mia.

- Vous êtes dans la même équipe, expliquez moi comment cela a pu arriver ? s'énerva-t-il.

- C'était un accident, coach, assura Addie, qui pour une fois, vu la gravité de la situation, ne voulait pas accuser la jeune fille, après tout elle aussi avait une part de responsabilité dans cet incident.

- Toi, et toi, aidez-moi à lui enlever son casque.

Jon et Alex s'approchèrent et prêtèrent main forte à l'homme. Océane qui jusqu'à présent était assise à côté d'Addie, laissa sa place à Inès et s'approcha de la rousse.

- Slany ? Eh, tout va bien. Elle va s'en sortir, ce n'est pas ta faute, lui assura-t-elle en se penchant pour la prendre dans ses bras.

- Tu peux... tu peux pas... comprendre, gémit la jeune fille en pleurant contre son épaule.

- Je sais, je sais que t'as vécu des trucs horribles, je l'ai bien compris. Mais tu n'y es pour rien, d'accord ? Comment aurais-tu pu savoir que l'arme était vraiment chargée ? fit-elle en lui caressant le dos.

- Elle est morte... ils sont tous morts... à cause de moi, chuchota-t-elle.

- Chut, je suis là, ça va aller. Je vais te ramener à l'intérieur, viens, indiqua Océane en lui prenant la main.

Elle commença à partir quand le coach les rappela.

- Où vous allez comme ça ?

- Elle se sent pas bien, je l'amène à l'intérieur, expliqua la châtaine.

- Hors de question.

- Pourquoi ?

- C'est elle qui a tiré, elle reste.

- C'était un accident, répliqua-t-elle.

- Dis ! C'est moi qui décide, elle reste un point c'est tout ! ordonna-t-il.

Lenny revenait en courant avec Penny et Serena, sa fille, elle aussi infirmière.