Edouard Calland venait d'arriver sur le lieu de l'accident. La jeune Mia Torres était allongée à même le sol, une flaque de sang s'étalait sous son corps meurtri. Penelope et Serena Bartolini, mère et fille, tentaient de stopper l'écoulement du liquide pourpre. Océane Alméras tenait Slany Nic Craith par la main, visiblement frustrée. Le coach Tyrell était debout, Léonard Passereau à ses côtés. Jonas Endlund et Alexander Bentley parlaient ensemble. Léah Joyner était assise un peu plus loin, calée dans les bras d'Adélaïde Brochard. Inès Burris et Melvin Donovan attendaient près de leur amie, un air inquiet sur le visage. Timothée Harvey et Ricardo Delva marchaient juste derrière lui, les deux jeunes garçons étaient venus le prévenir de ce grave incident, survenu pendant leur session d'entraînement. Calland s'approcha et questionna le coach.

- Tyrell, que s'est-il passé ?

- La jeune fille là-bas a tiré sur sa coéquipière et son arme était réellement chargée, pas de peinture, mais bien du plomb, expliqua Linden.

- Accidentellement, sur sa coéquipière avec une vraie arme, répéta le directeur.

- C'est exact, Monsieur.

- Bien, qui a tiré ?

- Cette jeune fille juste là, fit-il en pointant Slany du doigt.

- Oh, Nic Craith ? s'exclama-t-il, surpris.

- Penelope, comment va Torres ?

- Son état est stable mais il faut qu'on la transporte à l'infirmerie, ici nous ne pouvons l'opérer, Edouard, indiqua l'infirmière.

- Bien, Tyrell, appelle Eli et demande lui de ramener le bus pour transporter Torres, et qu'il se dépêche ! ordonna l'homme avant de détourner son attention vers les deux jeunes filles, un peu plus loin.

Une fois devant elles, il fit signe à Slany de s'expliquer. La jeune fille resta muette, incapable de justifier son acte, et ne voulant pas dénoncer la brune.

- Nic Craith, j'exige des explications, maintenant ! gronda-t-il en attrapant le bras de l'adolescente qui retint sa respiration.

- Je... c'était un accident, Monsieur ! Elle devait contenir de la peinture, pas des vraies balles, débita rapidement Slany.

- Mais pourquoi as-tu tiré sur Mia, c'était ta coéquipière ?!

- J'ai trébuché Monsieur, et en me rattrapant j'ai appuyé sur la gachette, je voulais pas, je vous jure ! sanglota la rousse.

Il la lâcha et Océane serra un peu plus sa main.

- Monsieur, il faut trouver qui a fait ça ! s'exclama la châtaine.

- Depuis quand est-ce toi qui décide pour moi, Alméras ?

- Mais non, Monsieur, je n'ai pas...

- Il suffit ! Suis-moi, Nic Craith ! ordonna-t-il.

Slany sentit une boule d'angoisse grossir en elle. Elle avait peur, oui, elle était terrifiée. Et s'il la renvoyait sur le front en Russie pour la punir ? Et s'il décidait de l'éliminer ? Elle ne voulait pas blesser Mia, jamais. En vérité, Slany donnerait tout pour partir d'ici, retourner chez elle, il y a quelques mois voir années. Quand ils étaient toujours ensemble, quand Aengus, Flann et elle avaient rejoint le centre de formation à la mort de leurs parents. Quand elle avait rencontré Nóra et qu'elles passaient leurs journées ensemble, inséparables. Quand tout allait bien pour eux. Elle voulait repartir à cet époque-là et ne jamais être envoyée en Russie.

- Slany ? l'appella Océane en tirant sa main.

- Désolée ! s'exclama-t-elle.

- Eh ! Qu'est-ce que tu as ? Tu te sens bien ? lui demanda-t-elle.

- Le laisse pas m'emmener, s'il te plaît ! Je veux pas y retourner !! Pas là-bas ! Pitié..., supplia la jeune fille en agrippant les pans de la veste de la châtaine.

- Tout va bien. Je te laisse pas, je suis là. Tu iras nul part, c'est promis, assura Océane en la serrant contre elle.

- J'ai peur... Je voulais pas la tuer, je te jure, sanglota la rousse.

- Elle n'est pas morte, Slany, ça va.

- Si ! Elle est morte à cause de moi, parce que j'ai pas su la protéger ! Je lui avais promis que je laisserais personne lui faire de mal et elle est morte, hurla-t-elle en donnant des coups dans les épaules de la jeune fille.

Océane, ayant compris que la rousse était bloquée dans un moment terrible de son passé, la laissa déverser sa rage contre elle. Un peu plus loin, alors que le moyen de transport de Mia arrivait, la jeune brune attrapa le poignet d'Inès et lui dit d'une voix rauque et tremblante :

- Dis à... Slany... que c'est... pas... pas sa faute. Et... que je lui en... en veux... p... pas...

- Je lui dirais, Mia, répondit Inès en lâchant sa main pour la laisser partir avec la mère et la fille Bartolini.

En se retournant vers Slany, la jeune fille préféra la laisser se calmer avant de lui parler. Lenny voulut intervenir pour aider Océane, mais cette dernière lui fit signe de reculer, craignant d'effrayer Slany et de faire grandir son angoisse. La jeune Irlandaise finit par s'épuiser et s'effondra, rattrapée de justesse par la châtaine.

- Monsieur, s'il vous plaît, laissez-moi la ramener à l'intérieur, je vous en prie, supplia-t-elle en tenant le corps tremblant de Slany contre elle.

- Vas-y, accorda le directeur, ne souhaitant pas perturber son élève, connaissant bien son passé douloureux.

Il se tourna ensuite vers le coach. Océane se dirigea vers la sortie, tirant une Slany perdue et brisée derrière elle. Elle l'entoura de son bras et disparut au tournant.

- Tyrell, qui lui a donné son arme ?

- Moi, Monsieur, mais je vous assure qu'elles étaient toutes aux même endroit, je ne vois pas comment elle a pu se retrouver chargée de vraies balles, s'indigna Linden.

- Il y a un traître parmi nous, déclara gravement Calland.

- Qu'allons-nous faire Monsieur ? demanda Jonas.

- Le retrouver Endlund, le retrouver, assura-t-il.

- Comment on va s'y prendre ? insista Addie.

- Rentrez, le stage est suspendu, annoça-t-il ignorant la question de l'adolescente.

- Bien, Monsieur, acquiesa Léonard en partant vers le bâtiment principal.

Ils partirent tous. En arrivant devant le bâtiment, ils furent assaillis de questions, tous voulaient savoir ce qui s'était passé.

Addie rentra avec Léah et Inès, tandis que les garçons expliquaient rapidement aux autres que Mia avait été blessée pendant une session d'entraînement.

Un peu plus loin, dans les dortoirs des filles, Océane caressait doucement les cheveux de Slany, allongée dans le lit de la châtaine. La rousse avait les yeux clos et respirait lentement, bercée par les caresses et la voix de la châtaine qui chantonnait une petite mélodie. La leader des Neptune comprit que l'adolescente s'était enfin endormie et quitta doucement sa chambre pour rejoindre ses amis.

Quand Océane arriva, tous furent étonnés de la voir seule.

- Elle dort, expliqua-t-elle rapidement.

- Et dire que je comptais aller dans ma chambre, c'est mort, bougonna Addie en croisant les bras contre sa poitrine.

- Ad' ! Mais qu'est-ce qui t'arrives, bordel ?! s'énerva Lenny.

Léah hocha la tête, les sourcils froncés.

- Quoi ? J'ai rien, riposta l'adolescente.

- Avant t'étais pas comme ça, t'étais pas... méchante et mesquine, la décrit Jon.

- Avant qu'Hanna ne meurt et qu'on la remplace comme un vulgaire objet, déclara-t-elle calmement.-

- Je te reconnais plus, Addie, se désola Rico en enfonçant ses mains dans ses poches.

- En plus de ça, tu ne sais rien de ce qu'a vécu Slany ! s'exclama Océane.

- J'en ai rien à foutre ! s'écria la brune avant de partir tapant rageusement dans le fauteuil dans lequel elle était assise en se levant.

Les jeunes se regardèrent.

- Qu'est-ce qui lui prend ? s'étonna Inès.

- C'est vrai, quoi. Nous aussi, on est triste et en colère mais ça nous rend pas invivable pour autant, décréta Alexander.

- Je l'ai jamais vu comme ça, râla Léonard.

- Elle serait tellement déçue, murmura Océane en baissant la tête.

- Hanna détesterait la personne qu'Ad' est devenue, renchérit Jon.

- Je suis d'accord, si elle ne se reprend pas rapidement, elle finira par avoir des ennuis, des vrais, soupira Timothée.

- Perso, je trouve Slany un peu arrogante et froide, mais ça ne donne pas à Addie le droit de la traîter comme elle le fait, ajouta Ricardo.

- Carrément d'accord avec toi, mec, déclara Melvin.

La porte de la bibliohèque où ils s'étaient réfugiés s'ouvrit brutalement. Ilyan, un gamin de douze ans, entra et leur dit, paniqué :

- Y'a la nouvelle qui est devenu folle ! On a entendu du bruit, du coup on a ouvert la porte et elle a commencé à crier. Ava s'est approchée pour la réveiller sauf que bah, elle a été un peu brusque et du coup l'autre elle s'est mise à paniquer et elle arrive plus à respirer.

Après cette annonce, Océane réagit au quart de tour et partit en courant en direction de sa chambre.