Chapitre 27 : Premier échange
Il était environ neuf heures du matin lorsque les jeunes se lèvent. Océane fut rassurée lorsqu’elle aperçut que sa meilleure amie était bien en vie. Elle se dirigea vers elle dans le but de s’excuser quand elle s’arrêta brusquement. Samara venait d’arriver. La jeune fille aux cheveux rouges passa ses bras autour du cou de Slany, qui elle, déposa délicatement ses mains sur ses hanches. Océane resta cachée, écoutant la conversation.
- Est-ce que je peux dire à tout le monde que tu es ma petite-amie ? demanda Samara en venant l’embrasser.
Océane grimaça en serrant les poings.
- Ta petite-amie ? s’étonna Slany.
Bam ! Dans tes dents !
- Euh… tu l’es pas ? bredouilla Samara avec une moue triste.
- Si si, c’est juste que je m’y attendais pas, mais ça me plaît bien, rétorqua l’adolescente.
La jeune fille était à deux doigts d’entrer pour casser l’ambiance.
- Alors ? Je peux le dire ? Juste à nos amis, précisa-t-elle en lui faisant des yeux de chien battu.
- Si tu veux, ça me dérange pas, lui assura la rousse en l’embrassant à nouveau.
Océane partit, énervée. Elle ne supportait pas de voir Slany dans les bras de la fille de leur chef alors qu’elle savait pertinemment qu’ils devraient rentrer à l’Académie une fois la mission terminée. Elle arriva devant la porte du repère de la bande et l’ouvrit pour la refermer immédiatement. Mais c’est une blague !? Ils se sont passé le mot ou quoi ? pensa-t-elle en s’adossant au mur. Nacho et Paula s’embrassaient au centre de la pièce sans se soucier de l’endroit où ils se trouvaient. Océane était une véritable boule de nerfs, elle savait qu’à la moindre contrariété, elle risquait d’exploser.
Alors qu’elle attendait devant la porte, Samara et Slany arrivèrent en riant.
- Bah, Lise. Qu’est-ce que tu fais là ? s’étonna Samara.
- J’attends que tes meilleurs amis arrêtent de se bécoter ! grommela la châtaine.
Slany ouvrit la porte en grand et se mit à crier.
- Prenez une chambre !!
- La ferme, Nic Craith ! répliqua Nacho en se séparant de la blonde.
- Et vous me cachez ça, vous deux ? Vous avez pas honte ? rigola Samara.
- Mais Sam’, je…, commença Nacho.
- Je rigole ! T’as de la chance, je suis d’hyper bonne humeur aujourd’hui ! s’exclama la jeune fille.
Les autres adolescents arrivèrent rapidement et tous s’installèrent sur les matelas disposés au sol. Samara était sur le sien, Slany à ses côtés, Nacho partageait celui de Paula, et avait laissé le sien à Alexander et Léonard, les jumeaux s’étaient installés sur celui de Luke et Océane était allongée sur le matelas d’Emily.
- J’ai un truc à vous annoncer les gars ! s’exclama Samara.
- Quoi ? Ton père a décidé qu’on pouvait refaire des courses de motos ? s’empressa de demander Paula.
- Non, Paula, soupira la jeune fille.
- Il veut qu’on change de planque ? s’affola Luke.
- Non ! Vous me laissez parler oui ? souffla-t-elle.
Slany se retenait de rire à côté d’elle.
- Je sors avec Ina, lâcha-t-elle.
- Quoi ? fit Paula.
- Sérieux ? s’exclama Emily, le sourire aux lèvres.
- Bah ouais, ça vous dérange ? rétorqua Samara.
- Non, aucun problème pour nous, pas vrai ? déclara Nacho en venant la serrer dans ses bras.
- Vous allez bien ensemble, assura Paula.
Océane était toujours de mauvaise humeur et voir Slany se coller à sa copine ne l’aidait pas. Alex qui assistait à la scène depuis plusieurs minutes décida d’aller voir la rousse.
- Eh, Ina ? Je peux te parler une minute, s’il te plaît ? fit-il.
- Ouais, bien sûr, assura-t-elle en lâchant la taille de Samara.
- Je te la ramène dans pas longtemps, promit-il.
- Y’a intérêt, Bentley !
Il entraîna Slany dans une autre pièce.
- Tu devrais parler avec Lise, affirma-t-il.
- Pourquoi je ferais ça ? grogna l’Irlandaise.
- Parce que c’est ta meilleure amie et qu’elle s’en veut, mais elle est trop têtue pour venir s’excuser.
- J’en veux pas de ses excuses bidons !
- Elle te manque, la contredit-il.
- Non. Elle veut m’empêcher d’être avec Sam.
- Elle a peur que tu souffres encore, la défendit Alex.
- Je suis bien avec elle. Pour la première fois depuis sa mort, j’arrive à passer quelques heures sans penser à elle, sans me rappeler chaque détail de sa mort, sans me dire que j’aurais dû la protéger. Je l’aime vraiment bien, tout est si simple, confia la jeune fille, les yeux brillants de larmes.
- Dis-lui. Explique-lui tout ça, elle comprendra. Tout ce qu’elle veut c’est te protéger, insista le brun.
- T’es sûr ?
- Certain.
- Je vais y réfléchir. On peut aller rejoindre les autres maintenant ?
- Bien sûr.
Ils retournèrent dans la salle.
- Eh ! Venez, on va faire un tour dehors ! s’exclama Lenny.
- Super idée ! sourit Samara en venant se poster à côté de Slany.
Habillés chaudement, les neuf adolescents quittèrent la planque pour se balader dans les rues de Londres. Ils marchèrent un peu ensemble puis se séparèrent. Samara et Slany partirent ensemble, tout comme Nacho et Paula. Lenny, Alex et Luke se lancèrent dans une course-poursuite et Océane s’installa sur un banc en compagnie d’Emily. Le leader des Jupiter avait pris Slany à part quelques minutes auparavant et lui avait fait part du plan d’Addie, dont il avait eu des nouvelles grâce à un micro et une oreillette cachés dans la manche de son sweat. Il lui avait indiqué où elle devait se rendre et ce qu’elle devait faire. Au début, Slany avait été assez réticente à l’entente du plan, puis elle avait fini par accepter à contrecœur.
C’est ainsi que la rousse entraîna sa petite-amie à travers les rues. Elle s’arrêta au bord d’un parc. Les deux jeunes filles discutaient en se tenant la main à l’intérieur de la poche de la veste de Samara, quand Slany s’arrêta et fit la moue.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Samara.
- Non, y’a une fille qui nous fixe, là-bas, fit-elle en montrant du regard sa coéquipière.
Addie détourna le regard. Samara fronça les sourcils et commença à se diriger vers elle. Le plan se déroulait pour l’instant à la perfection. Slany connaissait plutôt bien la fille aux cheveux rouges maintenant et elle savait pertinemment qu’elle était protectrice et détestait qu’on se mêle de ses affaires.
- Qu’est-ce tu veux, la bourge ? grogna-t-elle en attrapant le col de la veste d’Addie.
- Rien... rien…, bredouilla faussement Addie.
- Pourquoi tu nous fixais, alors ? s’énerva-t-elle.
- Je vous fixais pas, bafouilla-t-elle.
- Te fous pas de ma gueule ! cria Samara.
- Sam’… Calme-toi, s’il te plaît, murmura Slany.
Samara envoya son poing dans le visage de la brune, faisant tomber ses lunettes. Slany serra les dents, le passage à tabac faisait aussi parti du plan.
- Alors ? cracha-t-elle.
- Je vous fixais pas ! Lâche-moi ! se débattit la brune.
Le ton qu’elle avait employé énerva encore plus l’adolescente qui s’acharna sur elle. Après trois bonnes minutes à n’intervenir que très peu, Slany passa ses bras autour de la taille de Samara pour l’écarter de sa victime. Elle la fit s’assoir contre une benne grise et prit son visage entre ses mains. Adélaïde était toujours au sol, continuant de jouer la petite bourgeoise blessée.
- Calme-toi, bébé, calme-toi, souffla la rousse en posant son front contre celui de Samara.
Addie sentit la colère montait en elle et son ventre lui faire mal lorsqu’elle vit sa coéquipière embrasser son agresseur. Slany s’approcha ensuite d’elle et l’aida à se redresser.
- Est-ce que ça va ? demanda-t-elle.
- Cette fille est folle ! Ne me touche pas ! fit la brune.
- Du calme, elle était pas elle-même. Laisse-moi t’aider à te mettre contre le mur, après on s’en va, promis, souffla Slany.
Addie serra les dents lorsque Slany la porta pour la caler contre le mur en briques du bâtiment. Samara releva la tête vers elles.
- Eh ! Qu’est-ce qu’elle fout ?! Ina ! Vérifie qu’elle appelle pas les flics ! s’écria-t-elle.
- J’appelle mon cousin, je vous jure, je peux pas rentrer chez moi dans cet état, j’appellerais pas la police, se défendit Addie en montrant son téléphone qui affichait le nom « Karl ».
- Et merde. J’deviens parano, Ina. Je suis désolée, je voulais pas, je contrôlais plus rien, sanglota Samara en enfouissant son visage dans ses bras.
Slany se releva et la prit dans ses bras, avant de sortir de la ruelle pour marcher vers la planque du gang. Elle mit sa main dans sa poche et en ressortit une clé USB verte.
- C’est quoi ? demanda Samara.
- Aucune idée, elle a dû tomber quand je l’ai portée, je suis sûre que c’était à cette fille. Regarde, elle étudie à l’Université des Arts, déclara Slany en lui montrant l’inscription blanche.
- Tu veux dire qu’en plus de l’avoir blessée, je lui ai pris son boulot, se désola Samara en posant sa tête sur l’épaule de l’Irlandaise.
- On la retrouvera et on lui rendra, mais pour le moment, on rentre, décida Slany.
Les deux filles retrouvèrent leurs amis devant l’entrée du repère, comme convenu plus tôt dans l’après-midi. Tous furent surpris de voir la mine triste et dégoûtée de Samara, ainsi que ses mains en sang, mais le regard de la rouquine les dissuada de poser la moindre question. Ils pénétrèrent à l’intérieur de l’usine et allèrent directement dans leur repère. Samara n’avait pas dit un mot depuis la fin de leur conversation sur la clé USB, ce qui inquiétait tout le monde, même Océane. Slany lui prit la main et l’emmena dans le local qui leur servait de salle de bain, et était muni d’un lavabo et d’une cabine de douche. Elle lui passa les mains sous l’eau et nettoya les plaies sur ses phalanges avec du savon. Elle déchira une manche de son propre T-shirt et les lui banda.
- Eh, Sam’ ? Dis quelque chose, je t’en prie. Tu veux prendre une douche ? demanda Slany en lui caressant la joue.
- Non, juste aller me coucher, marmonna-t-elle en se collant à elle.
- Attend-moi là, je vais te chercher un pyjama, ordonna Slany en quittant la salle.
Elle revint une minute plus tard avec un T-shirt large, Nirvana, et un short noir. Elle lui retira son haut, passa le T-shirt et l’aida à défaire son soutien-gorge, retira son jean et la laissa enfiler le short. Ensuite elle l’accompagna jusqu’à son lit où l’adolescente s’endormit directement.
Léonard fit signe à Slany de le suivre, malgré le regard meurtrier qu’elle lui jetait. Une fois à l’écart du groupe, il prit la parole.
- Tu l’as ?
- Ouais, mais je te préviens, c’est la dernière fois que je marche dans un de ces plans tordus ! Vous êtes des grands malades dans cette équipe ! Elle a été blessée et regarde dans quel état ça a mis Sam’ ! s’énerva la rousse en chuchotant.
- Je suis désolé, ok, désolé. J’y peux rien.
- Laisse tomber, j’me casse, souffla-t-elle en partant.
Elle entra dans la chambre et se laissa tomber sur le lit à côté de Samara. Océane les regarda toutes les deux et finit par sourire. Alexander lui avait fait part de sa discussion et elle avait, au prix de gros efforts, comprit qu’elle devait revoir son jugement. Cette fille apportait à Slany le réconfort et l’amour dont elle avait besoin, et après réflexion, c’était largement suffisant.
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