Lenny et Alex venaient tout juste de revenir du boulot dont les avait chargé Isata. Ils n’étaient pas très fiers de ce qu’ils venaient de faire, mais c’était nécessaire pour le bon déroulement de la mission. Sous l’ordre de leur boss, ils avaient échangé un sachet de dix grammes de cocaïne contre sept cents euros à l’un des plus gros clients d’Isata. Léonard soutenait son camarade qui s’était tordu la cheville en courant pour pouvoir échapper aux flics.

Ils arrivèrent dans la pièce qu’ils partageaient maintenant avec le reste de la bande et furent surpris d’apercevoir Samara assise sur son matelas, Kaitlyn, Paula et Emily devant elle, Slany recroquevillée contre le mur, refusant de répondre à Océane. L’adolescente aux cheveux rouges semblait avoir été blessée et pendant quelques secondes, Lenny crut que Slany en était la responsable, au vu de son visage fermé et de son air brisé.

Le blond aida son ami à s’assoir avant de s’approcher de ses deux coéquipières.

- Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda-t-il.

- Kaitlyn est arrivée avec Samara, blessée et quand Ina s’est approchée, elle l’a repoussée. Je t’avais dit qu’elle lui ferait du mal ! Je le savais, je vous avais prévenu, grogna la jeune fille en serrant les dents.

- Calme-toi, on ne sait pas pourquoi elle a réagi comme ça, laissez-là s’expliquer, s’enquit le garçon.

Slany le fixa de ses yeux brillants de larmes, avant de soupirer et d’enfouir sa tête entre ses bras, se penchant sur le côté pour permettre à Océane de la serrer contre elle. L’adolescente ne se fit pas prier et réconforta comme elle le put la rousse.

- Kaitlyn, qui lui a fait ça ? reprit Lenny, après s’être levé et dirigé vers l’adulte.

- Son père, avoua-t-elle.

- Quoi ?! s’exclama Nacho.

Luke et lui venait de revenir, les bras chargés de poches de glace. Ils les tendirent aux filles qui s’appliquèrent à les poser délicatement contre les hématomes parsemant le visage de Samara.

Le meilleur ami de cette dernière s’approcha d’elle et s’installa à ses côtés.

- Pourquoi ? fit-il.

- Il a dit que c’était impossible d’être aussi conne que moi, rétorqua-t-elle, les larmes aux yeux.

- J’y crois pas, se lamenta le jeune homme.

- Il m’a frappé, balbutia Samara.

- Chut, ça va aller, jura Nacho en la berçant doucement.

- C’est de sa faute, sans elle ça ne serait pas arrivé, déclara-t-elle en fixant la rousse.

- Qu’est-ce que tu racontes, Sam’ ? s’étonna Paula.

- Elle m’a trahi, elle m’a utilisé comme un vulgaire objet, sanglota l’adolescente.

- Tu débloques, Sam’. Ina ne t’a jamais trahi, assura Lenny, bien qu’il connaisse la vérité.

Le jeune homme se sentait coupable, parce que c’est lui qui avait utilisé le couple de son amie pour récupérer cette clé, lui qui avait mis en danger tout le monde en s’introduisant dans le bureau d’Isata, lui qui avait été incapable de protéger Océane.

- L’ordinateur de mon père a été piraté et ouvert, on a copié toutes ses données, il était furieux. Pourquoi vous avez fait ça, pour qui vous travaillez ? s’énerva-t-elle en se dégageant de l’étreinte de Nacho.

- On n’y est pour rien, appuya Alexander.

- Personne n’a jamais trahi mon père dans ce gang et là, vous débarquez et les problèmes arrivent ! cria-t-elle.

- Sam’ ! Je te jure qu’ils y sont pour rien, c’est ma faute, entièrement ma faute. Je vais partir mais ne les vire pas, ils ont nulle part où aller, fit Slany sur un ton suppliant.

La rouquine se leva et récupéra le peu d’affaire qu’elle avait, embarquant discrètement l’un des T-shirt de Samara, puis se tourna vers ses amis qui la fixaient d’un air ahuri. Elle s’avança vers Océane et la serra dans ses bras.

- Faîtes genre, on peut pas tout foirer maintenant, chuchota-t-elle.

La châtaine accepta non sans râler. Slany fit de rapides au revoir à chacun des membres du petit groupe et s’arrêta devant Samara qui la regardait, peinée.

- Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça ? sanglota-t-elle.

- Je suis désolée, j’avais pas le choix, Sam’, murmura la rousse, horrifiée à l’idée de lui faire du mal.

- Je t’aime, merde, déclara, rageusement, la fille d’Isata.

- Moi aussi, je suis vraiment désolée. Je veux pas que tu penses que je t’ai utilisé, c’est faux. Tout ce que je t’ai dit, je le pensais vraiment, confia Slany en ouvrant ses bras.

Samara s’y blottit sans réfléchir, pleurant toutes les larmes de son corps contre la jeune femme. Slany prit son visage en coupe et l’embrassa avec fougue et urgence. Leur dernier baiser, les deux filles en avaient conscience. Elles se décollèrent par manque d’air et Slany fit glisser sa main le long de sa joue. Elle quitta la pièce sans se retourner et sortit par la porte qu’elles avaient utilisée pour fuir hier.

Océane se cala contre Léonard et se prit la tête entre les mains, le jeune homme déglutit et Alex soupira en regardant le sol.

Samara s’effondra à genoux contre le sol en béton, Paula tenta de la réconforter en lui murmurant des paroles rassurantes tout en lui caressant les cheveux et le dos.

À l’appartement 13A, Tim venait de rentrer des courses et avait trouvé ses deux coéquipiers totalement paniqués. Addie s’agitait nerveusement autour de Jonas, qui lui, était concentré sur ce qu’il lisait sur son ordinateur portable.

- Euh… tout va bien ? demanda le garçon en se débarrassant de sa veste et ses chaussures.

- Non ! s’exclama Addie.

- On a un gros problème et pas de moyen de prévenir Maxence, va savoir pourquoi, son oreillette est injoignable.

- Et il se passe quoi au juste ? voulut savoir Timothée.

- Ceci, contiens toutes les données de l’ordinateur d’Isata Kyoto, et il sait qui sont les infiltrés, réellement. Il compte tous les tuer, affirma Jon, tout en montrant la clé branché à son PC.

Le jeune garçon ouvrit de grands yeux, choqué.

- Essayons de prévenir les filles au QG, ils pourront intervenir, proposa-t-il.

- Bonne idée, j’essaie, approuva Jonas.

Le châtain attrapa son téléphone portable et composa le numéro de Jonhathan Millerd qu’ils avaient tous dû mémoriser par cœur. Après plusieurs sonneries, l’agent répondit.

- Jonhathan ? On a une information de la plus haute importance à faire parvenir au directeur, commença-t-il.

- Karl, vous allez devoir vous débrouillez pour rejoindre l’Académie et remettre la clé à Edouard Calland, on a été attaqué, vos amies ont pu s’enfuir mais je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où elles sont maintenant, confia l’agent d’une voix faible.

- Comment ça ?! s’exclama-t-il.

- Karl, écoute-moi bien. Vous devez impérativement remettre cette clé à votre supérieur, si vous échouez ce sera la fin, vous serez tués, ils continueront à répandre la terreur partout où ils vont, les alliances seront multipliées et c’est un véritable empire qui se constituera.

- Bien. On s’en occupe.

Jonas raccrocha en soupirant longuement. Adélaïde et Timothée avaient eux aussi entendu la conversation. Leur mission, qui avait si bien débuté, tournait au cauchemar et ils n’avaient plus qu’à prier pour tous s’en sortir sains et saufs.