Dans une petite ville voisine de Londres, Ricardo, Léah et Melvin étaient dans la chambre de la blonde et tentaient d’entrer en contact avec les autres membres de leur équipe.

Ils logeaient dans une belle maison, avec deux agents fédéraux, Carson Martins et Lorna Evans. Ils étaient à eux cinq, le stéréotype même de la famille parfaite, en prenant Martins comme nom de famille, il avait été convenu que Léah et Melvin seraient leurs enfants biologiques et Ricardo, un adolescent adopté il y a quelques mois, dans son pays natal, Haïti. Depuis deux semaines maintenant, ils surveillaient quelques jeunes, suspectés de dealer, et peut-être de faire partie d’un gang. Pour l’instant, il avait identifié un des adolescents, Matt Dawson, qui portait le tatouage du gang La Parca. Cependant, ils n’avaient rien découvert d’intéressant.

Léah et Ricardo étaient installaient dans le lit, la blonde allongée contre son ami, et Melvin était assis à l’envers sur la chaise roulante près du bureau, son torse appuyé contre le dossier en cuir de la chaise.

- Bon, on a découvert la vérité sur Matt, c’est bien. Mais c’est pas suffisant, il faut réussir à vraiment se rapprocher de lui pour qu’il se confie, déclara Rico.

- Je… J’ai essayé… mais… Il…perso…sonne… s’intéresse à des filles…comme moi, bégaya Léah en baissant la tête.

- Eh ! Léah, arrête ! Vraiment, ça n’a aucun sens ce que tu dis, râla le Haïtien.

- Il a raison, c’est pas ta faute, t’as déjà fait énormément. Et moi, en tout cas, je suis fier de toi, la rassura gentiment Melvin.

- Merci, les garçons, fit-elle.

Léah sourit en remarquant qu’elle n’avait pas bafouillé lors de sa phrase. Rico lui embrassa le front et Melvin lui fit un clin d’œil. Le jeune Neptune avait, comme bon nombre de ses coéquipiers, remarqué le rapprochement entre les deux adolescents. Il savait que Ricardo saurait redonner confiance à Léah et qu’il pourrait l’aider à battre ses démons. Et puis, qui sait, peut-être que Léah finirait par se souvenir du meurtrier de Hanna.

Soudain, alors qu’ils discutaient tranquillement dans le salon avec les deux agents fédéraux, l’ordinateur de Ricardo se mit à émettre un bruit étrange. Le jeune garçon l’ouvrit et accepta l’appel de son amie. Les visages paniqués d’Addie, Jonas et Tim apparurent à l’écran.

- Tout va bien, les enfants ? demanda immédiatement Lorna.

- On a un énorme souci ! s’exclama Jon.

Addie quitta l’angle de la webcam et ils entendirent un objet tombé.

- Qu’est-ce qui se passe, mec ? le questionna Rico, les sourcils froncés.

Jon passa sa main droite dans ses courts cheveux châtains.

- On a fouillé la clé transmise par Slany avec Addie. Et on est tombé sur des dossiers d’Isata. Depuis le début, il sait tout. Et il a prévu de les éliminer, déclara Jonas.

- C’est… c’est une blague ! s’exclama Léah.

- C’est pas tout. Le QG a été attaqué, les filles ont réussi à fuir, mais pas moyen de savoir où elles sont, toutes les communications, par les oreillettes du moins, sont coupées.

- Merde !

- On a eu une idée. Il faudrait que Melvin parte à la recherche des filles, avec peut-être Carson et Lorna, puis que Léah et toi veniez nous prêter main forte. On ne pourra pas intervenir seuls, à trois, on pourra rien faire, mais à cinq, ce serait mieux, expliqua le châtain.

- Ouais, ça doit être faisable. Carson ? l’interrogea Melvin.

- C’est bon, les jeunes. On fait ça, mais d’abord, on va vous déposer tous les deux à Londres, déclara l’homme aux cheveux grisonnants.

- Bon, on va vous laisser. Il faut qu’on calme Addie, soupira Jon.

- Attends ! Laissez-moi lui parler ! s’écria Léah sans bégayer une seule fois.

La jeune fille sentait qu’elle était capable de parler et elle comptait bien en profiter pour avoir une discussion avec sa meilleure amie. Jonas acquiesça et porta son ordinateur jusqu’à la chambre où s’était enfermé la brune. Il ouvrit la porte et observa Addie, recroquevillée dans son lit, serrant un vêtement dans ses bras.

- Ad’ ? appela-t-il.

- Laisse-moi, Jon.

- Léah veut te parler, déclara-t-il.

Immédiatement, la jeune fille se redressa et tendit les bras pour attraper l’ordinateur. Jon s’éclipsa en refermant la porte derrière lui, replongeant la pièce dans l’obscurité. Addie soupira et leva enfin les yeux vers l’écran. Léah lui souriait tristement.

- Comment tu vas ? lui demanda-t-elle.

- Tu parles de mieux en mieux, sourit Addie en haussant les épaules.

- Ça dépend des moments, confia Léah.

- Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

- Je voulais de tes nouvelles. On va vous rejoindre avec Rico, on sera là dans la nuit, expliqua-t-elle.

- C’est bien, fit la brune.

- Addie ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

- Tout. Rien ne va ! J’en ai marre de cette vie.

- Dis pas ça.

- Mais ! Il va les buter ! s’exclama Addie, les larmes aux yeux.

- Je sais. Mais tu as très bien compris ma question, Ad’. Tu veux juste l’éviter, lui lança la blonde.

Ce fut trop pour l’adolescente qui éclata en sanglot face à son amie qui n’hésitait pas à lui balancer ses quatre vérités. Elle savait ce qu’elle faisait, elle avait toujours agi comme ça. En fuyant. Elle détestait qu’on la pousse à se confronter à ses problèmes. Et ses amis le savaient tous. Elle était lâche et elle en était consciente.

- Addie. Je… je suis déso… désolée, bredouilla Léah en se mordant la lèvre.

- Non. T’as raison, je suis une grosse lâche. Mais je suis comme ça et je changerais pas, c’est moi et c’est tout, cracha Addie avant de refermer brusquement le PC de Jonas.

Adélaïde se rallongea sous la couette et attrapa à nouveau la veste en cuir noir qu’elle utilisait depuis le début de la mission, sans l’autorisation de sa propriétaire, pour la serrer contre sa poitrine. Des larmes salées coulant le long de ses joues, elle finit par s’endormir, épuisée de lutter contre le monde entier.