Chapitre 37 : Retrouvailles
Slany fut réveillée par une douleur parcourant l’ensemble de son corps. Elle ouvrit brusquement les yeux pour voir deux gars et une fille penchés au-dessus d’elle. En temps normal, elle se serait défendue et les auraient mis hors d’état de nuire en deux temps trois mouvements. Mais là, elle n’avait pas eu de vrai repas complet depuis deux semaines au moins et n’avait rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures. Elle était faible et avait attrapé froid en passant la nuit dehors.
Le pied de son agresseur s’abattit encore plusieurs fois contre son abdomen. Elle serra les dents, tentant de passer outre la douleur.
- Eh ! On t’a reconnu, t’étais avec la fille aux cheveux rouges qui a tabassé une gamine. Ici, on fait pas ça, pas aux riches, mais aux sdf et aux petites merdes dans ton genre, pourquoi pas, fit-il avec un sourire carnassier.
- Damian, laisse-nous profiter aussi, le réprimanda la fille.
- T’inquiète, Molly. T’auras ta part, assura e jeune homme en attrapant le col de la rousse.
Il l’obligea à se redresser et frappa violemment son nez de son front. Sonnée, Slany émit un grognement de douleur. Elle sentit le sang dégoulinait de ses narines jusqu’à sa bouche, que le goût métallique envahit. Il la balança au sol, entre eux trois. La dénommée Molly s’approcha et après lui avoir envoyé un coup de pied, la releva.
- Bats-toi ! cracha-t-elle avec un air provocateur et sûr.
Slany peinait à comprendre ce qu’elle lui disait. Molly lui mit un crochet du droit assez violent, par réflexe, Slany se défendit et donna plusieurs coups à la jeune fille qui recula de plusieurs pas en essuyant sa lèvre ensanglantée.
- Tu vas me le payer, connasse.
Elle faucha les jambes de la rousse, dont la tête frappa le sol bétonné. En quelques secondes, Molly était sur elle et la lardait de coups de poings. L’Irlandaise tenta de se protéger comme elle le put, mais l’adolescente était trop vive et elle, trop faible. Soudain, comme s’ils avaient entendu son appel silencieux, trois autres silhouettes apparurent et firent fuir ses agresseurs. Slany roula sur le côté en gémissant et cracha du sang.
- Slany ! s’écria la brune en se jetant à ses côtés.
La rouquine essayait de savoir qui connaissait son nom, qui était penché sur elle, mais son esprit embrumé l’empêchait de réfléchir et sa vue, floutée par la douleur, ne lui permettait pas de discerner autre chose que les cheveux bruns de sa sauveuse.
Elle se sentit partir, tout devenait noir autour d’elle et elle peinait à respirer, ses poumons la faisant souffrir à chaque respiration. Alors qu’elle allait sombrer, s’endormir pour ne plus se réveiller, une première bouffée d’air entra en elle, suivi d’une deuxième et d’encore une bonne dizaine avant qu’elle ne revienne totalement à elle. En quelques secondes, la pression qu’elle avait sentie sur ses lèvres disparut.
Elle toussa plusieurs fois, puis avec un peu d’aide, elle parvint à se redresser. Enfin, elle comprit qui étaient ses sauveurs. Jon, Tim et Addie étaient là, ils l’avaient aidé.
Elle aperçut qu’elle était maintenu par Melvin, que Jonas était près d’elle et tenait son menton pour observer son visage sous toutes ses coutures, et qu’Addie était un peu en rentrer et qu’elle la fixer d’un regard profond.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle d’une voix rauque.
- On partait à la rencontre de Rico et Léah quand on a entendu des cris. Puis on t’a vu, alors on est intervenu. Sauf que t’es très mal en point et qu’on a d’ailleurs failli te perdre. Mais tu peux remercier Ad’, sans elle, tu serais plus de ce monde, lui expliqua Melvin, toujours dans son dos.
Slany planta ses yeux dans les pupilles brunes de l’adolescente. Addie rougit et baissa la tête, tandis que la rousse ne put retenir un sourire taquin.
- Merci, Didie ! lança malicieusement Slany, plus qu’heureuse de retrouver ses coéquipiers.
- J’aurais vraiment du te laisser crever, Nic Craith, grommela Addie en la fusillant du regard.
Slany lui fit signe de s’approcher. Prudemment, la brune vint s’installer à côté d’elle.
- Qu’est-ce que tu veux ? questionna-t-elle en la regardant, les yeux plissés.
- J’t’en dois une vraiment, admit la rouquine en baissant les yeux, honteuse de s’être laissé tabasser.
- Eh, Slany. Je t’aurais jamais laissé mourir, enfin, lui assura Addie, même si elle avait senti que ce n’était pas le fait qu’elle l’ait sauvé qui la dérangeait.
- Hum…
- Tu doutes de ma sincérité ? répliqua la brune quelque peu vexée.
- Non ! Non, pas du tout. C’est juste que…, commença la jeune fille, sans finir sa phrase.
- Que quoi, Nic Craith ?
- Je les ai laissé me frapper sans me défendre, je suis faible, réalisa Slany, les lèvres tremblantes.
Cette simple phrase réussit à mettre Addie en rogne. Elle se redressa un peu et passa une de ses jambes par-dessus le corps de la jeune fille. Elle s’agenouilla, ses jambes de part et d’autre du corps de la rouquine. Adélaïde lui attrapa le menton, comme l’avait fait Jon mais en plus brutal, la forçant à la regarder. Si ses yeux pouvaient lancer des éclairs alors Slany ne serait déjà plus de ce monde.
- Que je t’entende plus jamais dire une débilité pareille. Tu es forte, Slany Nic Craith, assura la plus jeune.
- C’est pas vrai, grommela-t-elle en tentant de détourner son regard larmoyant de celui d’Addie.
- Tu es la fille la plus courageuse que j’ai jamais vue.
- Tu mens.
- Je ne mens pas.
- Je suis pas forte ni courageuse, je suis faible et lâche, pleura l’adolescente.
Sans prévenir, Addie la gifla, pas très fort, mais assez pour que les sanglots de l’Irlandaise redoublent. Jon rouspéta et attrapa le bras d’Addie pour qu’elle laisse Slany mais la jeune fille ne se laissa pas faire et repoussa son ami.
- Tu t’en prendras une à chaque fois que tu rediras ça, promit-elle en posant sa main sur la marque rouge qu’elle venait de faire apparaître.
Slany se contenta d’hocher la tête avant d’enfouir son visage dans le cou de la brune. Sans hésiter, l’adolescente resserra ses bras autour des épaules de la rousse.
Les quatre amis finirent par partir vers le lieu de rendez-vous qu’ils avaient décidé avec Rico et Léah. Accrochée à Addie et Jon, Slany ne remarqua même pas ce qu’elle avait oublié. Derrière elle, près de la benne, gisait le T-shirt de la fille d’Isata.
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