Novembre 2012 - 12
(Mathys)
« — Je ne veux pas d’autres dates de salons pour le moment. » Je veux me concentrer sur le groupe.
— Comme tu voudras. Je m’arrange avec la maison d’édition.
— Je te laisse gérer ça. Bisous. »
Ely avait ce tic de langage que j’avais remarqué cet été et pendant les vacances de la Toussain. J’avais à peine caché mon sourire quand iel avait dit « Bisous » au démarcheur qu’iel avait eu au bout du fil.
Max l’imita et raccrocha en se gossant comme une baleine. Il connaissait ce tic de langage bien avant que je ne le découvre, et ça me dérangeait. J’aurais voulu en savoir plus sur Ely, plus qu’iel m’avait montré, plus que je savais de Max, d’Evack et de toutes les histoires qu’iel écrivait.
Il y avait une émotion chez Ely qui m’attirait. Une part d’ombre et de lumière qui n’avait pas encore été explorée chez iel.
Ou bien était-ce moi qui me leurrai et que j’en étais tout bonnement tombé amoureux. Et que je n’avais pas de grandes explications là-dessus. J’aimais ce qu’iel dégageait autour d’ellui. Tout le monde riait auprès d’ellui. Les gens étaient attirés par Ely. Le savait-iel ?
— À quoi tu penses si fort, Fiston ?
Max me considérait comme son fils et cela ne changerait pas. J’en étais honoré, parce qu’il était bon et généreux, doux et calme. Mais je sais que je n’arriverais jamais à dire « papa ». Ce serait trahir mon père et la promesse que je lui ai faite.
Il avait été dur pour que je ne puisse pas le trahir. Pour que je garde toujours à l’esprit que c’était lui mon sang et ma vie.
— À Ely. Iel est…
— Passionnant ?
— Oui.
Pas que…
— Tu l’aimes bien, pas vrai ?
— Disons qu’iel n’est pas quelqu’un qu’on peut ignorer.
Max fronça les sourcils avant de sourire.
— Je sais que tu la trouves jolie, c’est tout à fait de ton âge, mon poussin, mais elle est plus vieille que tu ne le penses. Va, ça te passera, bien assez vite. Quand tu rejoindras ton pensionnat en Angleterre, tu te feras des amis et des copines.
— Tu penses que je n’ai vraiment pas d’amis ?
— Bien sûr que non.
Nous gardâmes le silence, jusqu’à la salle de danse où je me rendais depuis mes quatre ans. Une passion comme une autre qui me donnait des ailes.
Avant de quitter Max, je me retournais.
—Tu sais, être né il y a trente ans, ne fais pas iel une personne âgée. Ça fait d’iel, um adulte. Je n’aime pas un âge, mais une personne et ce qu’elle a à l’intérieur. Mais je te l’accorde, ce n’est pas très sain… Alors promis, je jetterai mon dévolu sur une fille de mon âge.
Je lui fis un clin d’œil et observais la bouche de Max faire un O parfait, comme il savait si bien le faire. Satisfait, je parti rejoindre mes camarades, n’ignorant pas ce que j’avais dit. Ely ne me montrerait jamais plus que de la sympathie. Je n’étais pas idiot. Mais je savais aussi ce que j’avais ressenti tout l’été et encore en lea revoyant chez Evack. Quand iel appelait Max, j’aimais profondément écouter sa voix. La voix d’une femme, qui n’était pas seulement elle ; mais lui aussi.
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