Mai 2015- 21

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(ely)

— T’as une mine de cadavre, Ely. Ça te dit de dormir.

Pola me tapota l’épaule. Les insomnies finiraient par me foutre en l’air.

Je dormais de plus en plus mal depuis que j’avais arrêté de répondre à Mathys.

Evack et Paul m’avaient demandé pourquoi, je leur avais expliqué qu’il me faisait trop de rentre dedans. Paul avait ri en le traitant de « petit saloupio » et Evack avait juste secoué la tête. Ce soir encore, il avait le regard vissé sur moi. Il attendait que je parle. Et je finirai par lui céder ce passé qui me hantait.

« Tu peux me parler, Ely… de tout ». Je m’en souvenais. Mais pas tout de suite.

Le reste du groupe soupira. Les tisanes de Linda ne fonctionnaient plus, les exercices de méditations conseillés par Rosko étaient un flop total. Je savais que bientôt, je devrais suivre le conseil de Martin. Je prendrai la carte sur mon frigo et je demanderai une séance avec la psychologue de son frère.

Je quittai Gueguette et Clara, ma clarinette, derrière le bar avant de commander une limonade à Evack. Il arqua un sourcil tout en nettoyant un verre. J’ignorais sa pensée et allais me caller entre Zéphyr et Adès en plein conflit avec Paul. Ce dernier s’était entiché d’une Italienne de dix-huit ans, lui qui frôlait les trente-cinq ans.

— T’es un grand emmerdeur ! Tu ne vois pas qu’elle veut juste s’amuser ! C’est pas du sérieux. Tu la connais depuis quatre mois, redescend. La demander en mariage ! Mais t’as craqué ! explosa Adès, en envoyant ses bras dans tous les sens.

Quelle idée à la con de mettre assis ici.

— Zéphyr, c’est ton tour ! s’agaça-t-elle.

Zéphyr n’était plus vraiment avec elle. Son regard se perdait derrière le comptoir et sur le minet qui faisait du gringue à Evack.

Jaloux, ça crevait les yeux.

— Oui, Adès a raison. Couche avec elle, sans lui faire d’enfant, amuse-toi, profite de l’instant, mais ne te maries pas. Pas au bout de quatre mois en tout cas.

— C’est comme ça que tu m’aides ? s’énerva Adès.

Elle donna un coup sur la table, je m’enfonçais sur la banquette, la tête chavirant en arrière et je me laissais bercer par leurs chamailleries.

— Qu’est-ce que tu veux que je dise de plus ? Tu as déjà vu Paul m’écouter ?

Il se leva, en roulant les yeux et se dirigea vers Evack. Sa longue tresse tapa sur ses fesses, et je me donnais une pichenette avant de lui trouver un beau p’tit cul.

Evack pourrait me tuer pour bien moins que ça.

— Et toi, Ely ! Tu dis rien ?

— Moi ? Que veux-tu que je dise ? Il est grand, vacciné, elle est majeure. J’vois pas bien ce que je pourrais leur interdire. Il est clair que le mariage, c’est peut-être un peu précipité.

Je me tournais vers Paul. Il écoutait, mais je voyais bien que ça lui en secouait une sans secouer l’autre.

— Je pense que tu sais qu’à trop précipiter les choses, on finit par se prendre un mur et rejoindre la réalité. Mais franchement, j’men cogne.

Je les regardais à tour de rôle.

— Y’a plus important dans la vie que le mariage. Comprendre l’autre, ce serait déjà beaucoup. Ça évite les unions sans amour.

Je pensais à Rex, au jour où il m’avait demandé en mariage, au refus catégorique qu’il s’était pris en pleine gueule. C’était sa faute. Il n’écoutait pas quand je parlais, préférant se complaire dans sa petite histoire parfaite. Il m’aimait et c’était suffisant pour lui. J’avais pitié de lui, mais dans ces moments, j’avais eu des envies de meurtre.

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