Décembre 2015 - 31
Ely
J’examinais encore une fois le cadeau emballé qui s’était glissé dans mon sac avec les cadeaux des Torrens que j’avais déjà ouverts. Celui-là, quelqu’un l’avait caché pour qu’il n’y ait que moi à le découvrir.
Je déchirais le papier, incertain, avant de tomber sur des feuillets de partitions. Je n’avais pas à chercher loin pour savoir qui les avait glissés là.
— Merde, Mathys. Pourquoi tu t’obstines, p’tit con ?
Je me frottais la nuque, inquiet par mes propres émotions qui montaient en flèche jusqu’à mon cœur. Personne ne m’avait jamais écrit quoi que ce soit. Et je savais, en lisant les notes, que c’était beau, alors je mis un moment à sortir Gueguette de son étui et à gratter ses cordes. Ce feuillet, il l’avait écrit pour un violon, mais je l’adaptais à ma guitare.
Je la jouai une fois.
Puis deux.
Puis la soirée colorait déjà le ciel quand j’arrêtai.
C’était doux, violent, entêtant. À la limite de l’hystérie.
Devant moi, se dressait un carnet noirci de mots.
J’avais écrit des paroles pour ce son. Et je n’en étais pas fier.
— P’tain, qu’est-ce que je branle ? ça ne peut pas continuer comme ça. Il faut arrêter !
J’attrapais les feuillets et le carnet, et les jetai dans un tiroir que j’ouvrais seulement pour y enfouir mon bazar.
Sans me laver, sans manger, je partais me coucher. Je tirais la couette pour m’y cacher, désirant ne plus jamais la quitter. Rester en boule, le reste de ma vie, en proie à des sentiments qui me tranchaient à vif.
Annotations
Versions