Juillet 2016 - 37

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ely

Un sandwich dans une main, un parapluie dans l’autre, je rejoignais Max. Il avait ouvert le coffre de la voiture et mangeait paisiblement sa salade César, en tailleur. Les deux gros sacs derrière lui formaient un dossier, que je devinais confortable devant l’air ravi d’un Max souriant. Il tapota l’espace vide à côté de lui. Je m’assis en haussant les sourcils. Mes jambes pendaient, alors que je machais ma collation.

Max se pencha sur moi, un morceau de salade collé sur la joue. Plus je voyais ce gars, plus il me paraissait comme un grand gamin dans l’âme. Un grand gamin qui voulait encore rêvait comme un ado. On l’était tous un peu…

— Je croyais que ça fonctionnait bien avec Jules, dit-il sans prévenir.

Alors c’était ça qui le rendait nerveux, depuis l’avant-veille. Avant de partir en dédicace, Jules avait ramené mes fringues, qui trainaient chez lui, au Hongroie. Max et Evack n’avaient rien dit, m’observant derrière la vitre du bar sécher les larmes de Jules.

— Bah, faut croire que non.

— C’était quoi le problème avec lui.

— Aucun. Ce n’est pas moi qui ai rompu.

Il fixa deux billes sur moi.

— Comment ça ? Pourquoi il a rompu ? s’étonna-t-il, la bouche encore pleine.

— Il a compris quelque chose d’utile pour son épanouissement personnel. Disons que le haut de mon corps lui plaisait plus que le bas.

— Oh… Et, sinon, ça va ?

— Je te semble aller mal ?

— Ah ! OK ! Tu savais déjà que ça se finirait comme ça, pas vrai ?

— Quelque chose comme ça.

— T’es pas croyable. Pourquoi t’es sorti avec lui, en le sachant ?

— Parce qu’on se plaisait. J’aimes bien savoir certaines choses avant de m’engager avec une personne. Je n’aime pas les relations qui t’amènent des surprises toxiques. C’est plus simple de prédire la fin qu’on aura.

— T’as l’amour bizarre, tu l’sais ça ?

Je me marrais en hochant la tête pour confirmer. Pourtant, je n’aurais pas su dire si j’avais l’amour tout court. Est-ce que je savais aimer ? Tomber amoureuse ? J’étais et avais toujours été attiré par des personnes en particulier. Leur visage, leur corps m’avaient fasciné. Mais pouvais-je dire qu’il s’agissait d’amour, alors que je ne les connaissais absolument pas. J’avais pleuré pour eux quand ils m’avaient rejeté. C’était le rejet qui m’avait fait mal, plus que le fait qu’ils ne m’aiment pas. Déjà, jeune, je savais me raconter les meilleures histoires pour m’enrouler dans un monde plus serein et magique. J’avais idéalisé ses garçons et ses filles, sans voir ce qu’ils étaient vraiment.

Je ne crois pas avoir un jour été réellement amoureux. Me poser la question : « Pourquoi suis-je à ce point bouleversé par lui ou elle ?" J’y pensais parfois. Je rêvais de pouvoir un jour rencontrer cette personne faite rien que pour moi. Une personne dont je tomberais amoureux, et que j’aimerais chaque jour un peu plus.

C’est compliqué d’aimer.

De se laisser entrainer par son cœur.

D’accepter certaines vérités, de l’autre, de soi.

En fait, je suis déjà tombée amoureuse… Mais j’ai aimé des illusions. Des personnes que je créais de toute pièce.

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