Aout 2016 - 49

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ely

Max et Mélodie gueulaient dans le micro depuis dix bonnes minutes. Les clients du Hongrois les applaudissaient alors qu’ils chantaient clairement comme des boucs en chaleur. Nathalie et Carmen les encourageaient. Mathys avait disparu avec un groupe d’étudiants au premier étage et moi, je jouais les nounous avec Adès. Lucien dansait comme un asticot entre nos deux tabourets du jus à la fraise sur son tee-shirt blanc. Je n’étais toujours pas sensible aux enfants, mais lui, je l’aimais bien. Il était marrant. À six ans, il était loin d’être idiot et il aimait bien mettre le doigt dans nos vérités. Je redoutais le moment où il verrait les miennes et les balancerait en pâture devant tout le monde. Ça me terrifiait.

Pola nous apporta nos consommations. Elle et Adès se regardèrent d’une façon très concupicente pour que je passe à côté d’une possible relation entre elles. Je ne faisais pas d’allusion et sirotais ma limonade quand je me perdis dans la contemplation du nouveau chanteur. Un beau blondinet, le visage bouffé par des boucles qui s’étendaient jusqu’à sa nuque. Il avait un joli timbre de voix, une façon très décontractée de se mouvoir sur la scène. Je n’avais pas à douter qu’il ait un possible coup dans le nez. Ses amis l’acclamaient, certains ronds comme des queue de pelle, d’autres encore lucide. L’un d’eux partait une carotte autour du cou. Le chauffeur. Evack avait créé ce collier pour que les serveurs soient vigilants et ne laissent personne rentrer bourré. Je savais que le sujet le bouleversait. Qu’il avait perdu une amie après une soirée arrosée. Qu’elle avait pris sa voiture et qu’elle avait fini sa route dans la façade d’une maison. Elle était morte sur le coup.

Les groupies devant la scène applaudissaient le chanteur, criant son prénom comme des andouilles. Il s’appelait Eden. Et parfois, ça lui allait parfaitement.

Nos regards se croisèrent pour se lâcher un instant plus tard. Je souriais. Peut-être que j’en ferais mon dîner.

En souriant, je levais les yeux vers la balustrade au premier étage. Et sans m’étonner, je retrouvais Mathys perché, les bras croisés, un air trop tentateur pour seize ans. Il y avait les deux étudiants de tout à l’heure à ses côtés. Entre eux deux, il me paraissait d’une maturité trop masculine.

Je ne détournai pas le regard, arquant un sourcil pour le narguer à mon tour. Puéril ? Je l’étais, mais j’essayais de nous sauver.

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