Aout 2016 -50

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Ely

Encore un après-midi que je passais avec Eden. Ce beau jeune-homme de vingt-six ans, aux boucles blondes, qui avait tout pour me plaire.

Sans trop d’étonnement, j’avais fini par l’aborder ce soir-là au Hongrois. Peut-être que Mathys m’y avait aidé quand il avait commencé à se déhancher sur la piste avec Adès. Peut-être que j’avais dû contrer cette envie de danser avec lui en faisant les yeux doux à Eden. Il n’avait pas été insensible à mon charme, ni à ma proposition de remuer nos postérieurs entraînés par une musique latine déjantée. Il n’avait pas dit non à un verre en ma compagnie, ni à un rendez-vous le lendemain sur la plage avec les membres de mon groupe.

J’avais voulu oublier Mathys et je m’étais retrouvé à rire avec un type adorable. Parler avec lui avait tout d’un véritable plaisir. C’était des questions anodines qui en soulevaient d’autres, et l’impression que le temps passait trop vite.

Devant la porte de son appartement, j’accrochai son regard vert pastel. J’ignorais sa ressemblance avec Tys, parce qu’ils n’avaient de toute façon pas grand-chose à voir l’un avec l’autre et parce que cet homme avait de quoi me détourner de ce chemin sinueux sur lequel je m’étais égaré.

— Tu vas accepter mon invitation cette fois-ci ? me demanda-t-il avec inquiétude.

— Je ne sais pas. Pose-moi la question.

Son rire détonna dans le couloir. Il joua le jeu alors que je m’appuyais contre l’embrassure de la porte.

Il retira sa veste, la jeta quelque part dans un recoin, avant de passer une main dans ses cheveux, le sourire aux lèvres.

Ce devait être la première fois qu’on le faisait attendre. C’était le cinquième soir que je le ramenais chez lui. En toute logique, j’aurais dû le faire passer au grill le soir même au Hongrois. Mais je lui avais laissé mon numéro, que je ne donnais à personne, et l’avais regardé repartir avec ses amis.

— Tu veux un dernier verre ? J’ai acheté de la limonade, demanda-t-il nerveux de ma réponse.

— Ah ! S’il y a de la limonade, peut-être que je vais me laisser tenter.

Je pénétrais dans l’appartement. Eden ferma derrière moi en riant. Il s’humecta les lèvres en passant à côté de moi et rejoignit la cuisine. Je le suivis, observant les gestes de son quotidien. Servir un verre à son invité avait quelque chose de nouveau.

Il me le tendit. Je le pis le temps de le déguster.

J’avais envie de lui. Savoir comment il me ferait l’amour, et comment moi, j’aurais envie de lui faire. Ça faisait un moment que je n’avais pas pris le temps d’aller doucement avec une « aventure ». Ce mot était déjà mal employé. Eden avait quelque chose de différent des autres. C’était facile avec lui. Il n’y avait pas besoin d’explication. Son aura me donnait l’impression d’un être fait pour aimer les autres, pour les choyer et les câliner. Ne pas les laisser seules face à leur marrée d’emmerde. Dans le langage populaire, je dirais qu’il était comme un bonbon sucré. Il nous donne le sourire instantanément.

Eden se mordilla les lèvres d’impatience. Il savait pourquoi j’étais entrée. Moi aussi.

Je posai le verre, le regard rivé dans le sien.

— T’as une douche ?

— Oui. Étonnement, cet appartement m’a été loué avec une salle de bain. C’est fou, non ?

— Oh ! Le grand luxe.

— Tu veux y faire un tour ?

— Ma foi, ça me tente bien une petite visite guidée.

— T’es incroyable, Ely ! soupira-t-il amusé.

— J’aime être propre pour la personne qui va goûter mon corps.

Je ne manquais pas les rougeurs sur ses joues et ce petit mouvement d’excitation dans l’éclat de ses yeux.

— Vraiment ?

C’était un mélange d’étonnement et de séduction.

— Peut-être que tu pourrais me montrer comment on prend une douche dans ta salle de bain.

— Cette idée est plaisante. Faisons donc ça.

Eden glissa sa main dans la mienne. Je n’avais pas encore fait attention à combien elle était petite.

Eden approchait le mètre soixante-cinq. Il n’était pas beaucoup plus grand que moi et, de toute façon, j’aimais mes amants menus. Il était parfait.

Dans la salle de bain, au-dessous d’une lumière tamisée, je laissai mon beau blond déboutonner ma chemise à manche courte. Il la retira de mon pantalon et la jeta par terre, tandis que ses yeux coulaient délicatement sur mon torse. J’avais été étonné qu’il m’avoue après notre troisième rendez-vous que sa plus longue relation avait été celle avec une certaine Gwenn. Une femme trans. Quatre ans. Elle était plus vieille, plus mature aussi… Un désaccord avait fini par tout foutre en l’air entre eux. Puis il y avait eu Julie. Une histoire plus triste.

— Je viens de me rendre compte que je parle de toi toujours au masculin.

— Parce que je le fais souvent de moi-même. Ne t’en préoccupe pas. Elle ou il. Je m’en moque. Ce n’est pas ma priorité.

Eden posa une main sur mon torse, les doigts tremblants, et commença à suivre les tracés de mes tatouages.

— Tu es… biel.

Je souris avant de me rappeler que Mathys employait souvent ce mot pour me décrire.

Biel.

L’étais-je ?

C’est ce que je leur inspirais en tout cas. Moi, quand je me regardais dans le miroir, je ne me trouvais rien de particulier. J’étais banal. Brun, les yeux marron, éclatés de vert lorsque la fatigue m’envahissait, un teint pâle, un peu d’acné au niveau de ma mâchoire (rien de terrible, mais pas super non plus)… En bref, j’avais la gueule de tout le monde. Je ne m’attendais pas à ce qu’on s’arrête devant moi pour me reluquer. Pourtant, je n’ignorai pas ce quelque chose qui me donnait un peu plus d’importance. Un truc dans mon aura, selon les dires de Pola.

— Pas trop déboussolé ? demandai-je en le tirant à moi.

— Pas le moins du monde.

Il me laissa l’embrasser, enroulant ses bras autour de ma nuque. Sa langue était langoureuse, douce, pas précipitée. Il avait envie de faire bien, calmement. Ça me plaisait aussi.

Il retira son tee-shirt, dégrafa son pantalon avant de s’en libérer. Je ne l’avais pas encore remarqué, et pourtant j’avais nagé avec lui. Eden avait un corps à se fracasser la tête contre un poteau électrique.

D’où lui venaient tous ses muscles fins ? La natation ? Je n’en avais strictement rien à faire. Je savais seulement qu’il serait à moi incessamment sous peu.

Il noua à nouveau ses bras autour de mon cou et m’embrassa. Sa langue poussa un peu plus fort, se montrant entreprenante.

Je le serrai contre moi, les mains sur ses hanches. Son érection caressa ma prothèse. Je réalisais qu’il la sentait, et pourtant il ne fit aucune remarque. Bien au contraire, il se laissa glisser contre, se décidant à défaire mon pantalon qui rejoignit le sol.

Eden me regarda un instant, promenant ses doigts sur mes biceps.

— Tu veux garder ton boxer ? murmura-t-il les joues brûlantes de désir.

Si prévenant…

— Une prochaine fois, dis-je en récupérant ses lèvres.

J’y goûtais un peu voracement, avant de me contrôler. Il me repoussa à contre cœur pour me laisser de l’espace. Je retirai mon boxer et ma prothèse d’un geste souple. Ce soir, je ferai sans. J’eus un pincement au cœur, et je sentis que mon corps n’était plus tout à fait équilibré, mais j’avais envie de recevoir Eden en moi. Me vouloir en lui était vrai aussi, mais…

L’eau s’écoula sur nous, tiède, puis froide. J’avais chaud de lui, de cette nuit que nous passerons ensemble, de cette matinée où je prendrai mon petit déjeuner avec lui.

Eden me proposait quelque chose qui me faisait envie depuis jamais. Et en le suivant jusque dans sa chambre, en l’observant allumer une bougie d’ambiance, s’asseoir sur mes cuisses et prendre mon visage entre ses mains, j’avais envie de lui dire "oui" à tout.

Alors je caressais ses fesses, montant sur ses hanches, sur sa taille. Je le basculais sur le matelas, l’embrassai encore, léchai sa peau onctueuse. L’envie de le mordre me prit, et j’enfonçai mes dents sur sa chair tendre. Pas trop fort, mais suffisamment pour qu’il se réveille avec une marque.

Je crois n’avoir jamais été aussi doux…douce. Je ne savais plus qui j’étais et ça me perturbait un peu. Pas assez, cependant, pour ne pas monter sur Eden et le glisser en moi. Je me soulevai dans de longs va-et-vient, l’avalant encore et encore ce qu’il avait et pas moi.

C’était doux. Visqueux.

C’était une danse dans un calme entrecoupé de sons lubriques, de succions et de claquements désordonnés.

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