Octobre 2016-52 ely
— Il est vraiment pas mal, ton Eden. Et ça soulève une question chez moi. Pourquoi lui ? J’veux dire, il n’a rien de différent de tes conquêtes habituelles. Il est plus jeune que toi, il a deux ou trois casseroles. Physiquement, il se rapproche beaucoup de tes derniers plans culs.
La subtilité de Pola.
Elle me serre ma limonade tout en reluquant mon mec. Je ne m’insurge pas. C’est juste Pola. Elle agite une main. Je la soupçonne de vouloir créer une mini tornade avec ses doigts.
— Non, mais j’veux dire, il a quoi en plus ? C’est un très bon coup ?
Je ne retins pas mon rire qui claqua.
— Ris pas. Dis-moi. J’suis curieuse. Dis-moi pourquoi lui et pourquoi maintenant ?
— Outre le fait, qu’il soit effectivement un bon coup, je me sens à l’aise avec lui. Je sais ce qu’il a traversé, il comprend que certains morflent plus que d’autres. Et que parfois, ça laisse des traces ineffaçables. Et peut-être que j’ai juste envie de me casser. De savoir ce que ça fait d’être avec une personne qui nous respecte plus de quelques jours. Je veux savoir à quoi ça ressemble, un couple bien dans ses pompes.
— Ouh, tu m’dis qu’il y a possibilité que ce soit le bon ?
— J’en sais fichtre rien. Mais je sens qu’Eden peut m’apporter ce que je cherche.
— Et qu’est-ce ‘tu cherches ?
— La paix intérieure. Un truc du genre, en tout cas.
Pola hocha la tête et se passa la main sur la tempe d’un geste rapide, comme elle le fait lorsqu’une chose la turlupine. Je ne lui posais pas de question, attendant qu’elle se décide à dire ce qu’elle avait à me confier.
Pola mettait toujours le doigt sur les vérités. Parler avec elle, avait parfois, des airs de révélation ou de prise de conscience.
Elle se pencha vers moi. Je ne loupai rien à ses seins écrasés sur le comptoir. Généreux et moelleux. J’avais envie d’y poser les mains, et doucement les caresser. Voir ce que j’avais vu quelques années plutôt après une soirée bien arrosée au manoir des Torrens. Peut-être que j’avais eu une petite aventure d’une nuit avec une Pola demandeuse de câlins. Je nous revoyais près du dressing, trop proches l’une de l’autre. Elle avait appuyé sa poitrine contre mon torse et s’y était frotté gentiment. L’alcool et la fatigue l’avaient rendue plus timide, plus douce et étrangement plus calme. Je l’avais embrassé en laissant mes mains caresser sa taille et descendre sur ses fesses. Je les avais pris délicatement, malaxé tendrement. Pola avait gémi, croisant ses bras autour de mon cou. Pendant toute une nuit, je l’avais caressé avec mon corps, prenant plus de temps lorsque mes mains passaient sur ses seins voluptueux, crémeux et excitants.
— Ely, loin de moi l’idée de te contrarier, mais…
C’était la première fois que je la voyais chercher ses mots. Et ça ne présageait rien de bon pour la suite.
— Mais… ? répétais-je.
Qu’avait-elle à prendre des pincettes tout à coup ?
— Tu sais… Hum… Au mois d’aout, tu as hébergé Max et Mélodie ?
— Je suis au courant. Où tu veux en venir.
— Je veux en venir à Mathys. J’sais qu’il te porte beaucoup d’affection. On va pas s’mentir, il est amoureux de toi. C’est un scoop pour personne.
— Et quoi ? Qu’est-ce que Mathys vient faire ici ?
Je me raidis sur ma chaise et serrai le verre entre mes doigts.
— P’t’être que j’ai entendu une conversation qu’j’aurais pas du entendre avec un de ses amis de fac un soir. Il semblait être certain que tu avais plus que de la sympathie pour lui et… en regardant Eden ou même Jules… j’ai plus le nom des autres, je me demande si tu ne serais pas plus atteinte par Mathys.
— Non ! dis-je trop fort, en me redressant.
Pola pencha la tête en me regardant avec pitié.
— Tu te fais des idées. Il se trouve que Tys est juste mon genre. Rien à voir avec des sentiments plus… Je n’aime pas ce gamin de cette façon. Putain, c’est un gosse.
— Il grandit, Ely. Et je vois que ta façon de le regarder a changé. Je sais qui tu es. Je sais qu’il ne se passera rien maintenant, mais…
— Jamais, Pola. Comment tu peux penser ça ? C’est le fils de Mélodie. Il a dix-huit ans de moins que moi. Tu réalises ?
— Eden lui ressemble beaucoup.
— Non. Mathys ressemble à Eden. Et j’peux t’assurer qu’ils n’ont pas grand-chose en commun.
— Alors Eden n’est pas un substitut de Mathys.
— Absolument pas.
Je fronçais de plus en plus fort les sourcils. Pourtant, Pola ne s’arrêta pas là.
— Tu ne sors pas avec Eden pour refouler ce que tu ressens pour Mathys.
— Je ne ressens rien pour Tys. Arrête ça Pola. Ça ne me plait pas.
— Je sais. Mais j’veux être sûre que tu ne fasses pas de mauvais choix.
— Je n’en ferais pas. Sois en certaine.
Je ne parvins pas à desserrer la mâchoire, alors qu’une main glissa sur mon dos et alla se réfugier sur mon ventre.
Un corps se colla au mien. Le parfum d’Eden voleta autour de moi. Un baiser retrouva la courbe de ma nuque.
— Tu viens danser avec moi.
Une musique d’ambiance venait de faire son entrée. Un slow en perspective. Je lâchais le regard de Pola qui me sourit pour s’excuser.
Je voyais dans ses yeux mes possibles torts, mes prochains regrets.
En me détournant, j’attrapai la main d’Eden et filai droit sur la piste. Je le prenais contre moi, entre les corps des clients. Aujourd’hui, je n’avais pas mis ma prothèse et, en me collant contre mon mec, je sentis toute son envie. Tandis que l’éclairage baissait, je le laissais m’exciter en se frottant sagement contre moi. Son visage se modifia, prenant les traits d’un adolescent que j’essayai d’ignorer. Et pour la première fois, je craquai durement.
J’arrêtai de danser et tirai Eden derrière moi, direction les toilettes. Je passai devant Pola qui parlait avec une cliente, et m’enfermai avec Eden dans une cabine. La lumière déconna. Elle grésillait. S’éteignit plusieurs fois, alors que je baissais mon pantalon et celui d…
Ce n’était plus Eden devant moi.
Ce n’était plus Eden en moi.
Ce n’était plus Eden qui me plaquait contre la paroi en gémissant contre mon oreille.
Et je savais que les séances chez ma Psy seraient plus nombreuses.
J’avais peur.
Je me sentais sale de penser à lui.
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