Eden glissa une main dans mes cheveux. Je suivis un instant le mouvement, avant d’achever ma phrase.

Ce soir, je ne travaillais pas sur mon roman. J’écrivais un nouveau message à Zéphyr. Un par jour. Pour le tenir au courant, même s’il ne répondait pas. Je n’étais pas le seul à le faire. Et je l’imaginais très bien supprimer chaque message de peur de culpabiliser.

Les lisait-il ? Peut-être bien…

Il n’y répondait pas.

Adès m’avait appris qu’il envoyait du courrier via une entreprise de communication à leurs parents. Il ne fallait pas s’inquiéter. Il reviendrait quand il aurait fait le point sur sa vie. Il y avait des choix à faire, pas les plus simples.

Zéphyr, comme nous tous, cherchait à marcher droit. Il voulait atteindre cette paix que je cherchais en vain. Il y avait toujours quelque chose pour assombrir mon humeur. Mes romans. Des cauchemars. Ma conscience.

J’étais trop conscient de ce que pouvait vivre Zéphyr pour ignorer le mal-être qui l’avait fait partir.

À : Zéphyr

De : Ely

Salut, vieux,

On est le 27. C’est bientôt la fin du mois. Mais ça, tu le sais déjà.

Aujourd’hui, Evack s’est tenu à carreau. Pour tout te dire, il n’était pas avec nous. Il était sûrement dans un de vos souvenirs.

Adès n’aime pas le voir comme ça. Elle dit que ça se présente mal pour la suite.

Je ne peux que la croire. Je n’ai jamais vu Evack si calme. Et la rare fois où il se taisait, c’est parce qu’il préparait sa vengeance.

Sois certain qu’il ne te fera rien. Enfin, ne le sois pas trop. Parce qu’il connait la personne à qui tu tiens le plus. Tu sais vers qui il passera ses nerfs. Tu sais combien il se fera du mal pour parvenir à te blesser.

Est-ce que tu reviendras ?

Ely.

J’envoyais le message, certain de le faire pour une bonne cause. Evack en serait toujours une.

Zéphyr n’avait pas précisé où il partait. Il n’avait rien laissé derrière lui. Ses amies proches n’étaient même pas au courant de son « voyage ». Et plus j’y pensais, plus c’était évident. Il ne souriait plus. Il avait passé une grande partie de son temps avec Vack.

— Viens avec moi, me proposa Eden en soufflant sur ma nuque.

Il ferma le clapet de mon ordinateur et m’attrapa la main pour ensuite me tirer derrière lui. Il me traîna jusqu’à la chambre où une lumière reposante m’accueillit. Il avait posé des voilages sur les deux lampes de chevets, et sur le lit, étaient parsemés des pétales.

— Une nuit romantique ?

— Pas de sexe pour ce soir, mon ange. Ce n’est pas ce dont tu as besoin.

Il me connaissait bien. Assez pour comprendre que le sexe ne me sortirait pas cette histoire de la tête. Les contrariétés avaient tendance à couper ma libido et, quoi qu’Eden aurait pu inventer, cela n’aurait rien changé.

— Un massage ? dit-il.

Je me tournais vers lui avec un demi-sourire aux lèvres.

— Il se pourrait que ça me fasse le plus grand bien.

Et c’était peu de le dire.

Lorsqu’Eden posa ses mains sur mon dos, tout mon corps frissonna. J’aurais pu en gémir de plaisir si je ne m’en étais abstenu en expirant calmement.

— Qu’est-ce que tu es noué, El.

Je ne répondis rien, mais je le confirmai dans mon for intérieur. Je n’avais plus envie de parler, juste de ressentir ses doigts glisser sur ma peau.

Eden formait des petits arrondis qu’il agrandissait. Mes frémissements l’amusèrent, et j’entendis son rire charmant murmurer à mon oreille quand il se penchait sur moi.

Il déposa un baiser sur mon épaule et poursuivit ses palpations.

Une musique océanique s’éleva dans la pièce et j’en appréciais tout le charme, toute la profondeur et la puissance. Je fermai les yeux, enclin à me laisser entrainer au fond de l’eau. Je parvenais presque à caresser le sable imaginaire qui se dessinait dans mon esprit fatigué.

Du calme, de la paix...

Avais-je le droit d’en demander plus ?