Mars 2017- 69 Ely

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— Dis-moi, mon ange, Mathys, ne serait-il pas un peu amoureux de toi ?

Eden glissa ses mains sur mon ventre nu alors que je nous préparais une omelette.

Pourquoi tu le penses ?

J’aurais très bien pu répondre à cette question tout seul. L’animosité dans les yeux verts de Mathys. La façon dont il avait de serrer la mâchoire quand Eden était trop près. Si Eden en parlait, c’est que Tys n’avait pas été discret. Il l’était de moins en moins. Comme un barrage sous pression dont le mur se craquèle. Un de ces jours, il finirait par exploser et je ne sais pas si j’arriverai à le contenir ; Si je ne me laisserai pas envahir par la fureur de son amour pour moi.

— Pourquoi ? répéta-t-il. Il a passé la sortie à me fusiller du regard.

— Laisse-le. Ça lui passera.

— Je ne comptais pas le calmer. Il m’a tout l’air de savoir utiliser ses poings, contrairement à moi.

— Va ! Ce n’est qu’un gosse.

— Un gosse ? Tu es sérieux ? El. Il n’a absolument rien d’un gosse. Il a quoi vingt ans ? Six ans de moins que moi. Si c’est un gosse pour toi. Qu’est-ce que je suis ?

— Mon mec. Et il n’a pas vingt ans.

— Vingt-et-un, vingt-deux… tu ne vas pas chipoter ?

— T’es à côté. Il est encore immature.

Mensonge… Il était bien plus mature que certains « adultes ».

— Immature ? Je t’avoue que ce n’est pas l’impression qu’il donne. En tout cas, il fait des études qui laissent paraitre une maturité avancée. Enfin, pour ce qu’il m’a raconté, il est plutôt impressionnant. Pourquoi tu le rabaisses ? Ce n’est pas ton genre.

— Je ne le rabaisse pas. Je dis juste qu’il a seulement dix-sept ans et qu’il a encore les manières de l’ado qu’il est.

— Dix-sept ? La vache. OK. C’est un petit génie, en fait. Et beau gosse par-dessus le marcher. Je n’ai cas bien me tenir, s’amusa-t-il.

Mais je ne souris pas.

— Je plaisante, mon ange.

— J’avais compris.

— Sujet sensible ?

— Non, mentis-je. Tu la veux baveuse ou sèche ?

— Baveuse, murmura-t-il à mon oreille.

Il se colla un peu plus. Je laissais glisser l’omelette dans son assiette avant de couper le feu et de me dégager.

— Tu me fais la tête ? demanda Eden.

— Pour quelle raison le ferais-je ?

— Alors ce n’est pas une simple idée que je me fais. Mathys est amoureux de toi.

— Peu importe. Je ne donne pas grande importance à ce qu’il ressent. Comme je viens de te le dire, il est jeune. Il expérimente.

— Au vu de ce que j’ai étendu. Il expérimente depuis un moment, mais pas avec toi.

Je posai les assiettes sur la table, m’assi et montai le son de la radio.

— OK. J’en parle plus.

Il comprenait quand il devait arrêter.

— Merci, dis-je froidement, le regard rivé sur la baie vitrée.

Le ciel était gris. Le temps se gâtait. Et le regard que posait Eden sur moi remua ce que je tentais d’enchaîner.

Le verre brisé de mes principes crissa sur le martèlement produit par la monstruosité qui cherchait à se hisser à la surface.

Je ne serai pas le monstre.

Je ne toucherai pas à Mathys.

Jamais.

Je me le répétais comme un mantra.

Il fallait que je scelle cette ombre, cette envie d’abandonner ma lutte contre Tys. Et vite.

Eden pourra-t-il devenir mon sacrifice ? Mon rempart ?

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