Juillet 2017- 79 ely

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Allongé sur le lit, je reçus ma seconde piqure de testostérone. Pas forcément agréable, mais il fallait bien ça pour avoir ce corps que j’attendais depuis longtemps – inconsciemment.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, se prononça Eden en revenant dans la chambre après avoir raccompagné l’infirmière.

— Qu’est-ce que tu veux qu’il arrive ? Adès est épuisée.

— Et toi ? Tu ne l’es pas ? Entre ton roman, les injections et ton pote qui est à la limite d’être suicidaire. Je dois te rappeler ce qu’il s’est passé dans la salle de bain pas plus tard qu’avant-hier soir ?

— Je planquerai les objets tranchants.

Je frottai ma fesse. Elle chauffait.

— Eden, je ne peux pas le laisser.

— Laisse sa famille s’en occuper.

— J’en fais partie, mon ange.

Eden s’adossa au mur, bras croisés, le regard dans le passé.

— Les gens comme Evack ne sont pas sauvables. Crois-moi. Si tu ne fais pas attention, il t’entrainera.

— Evack n’est pas Julie. Ce sont deux personnes différentes.

Julie, c’était son ex-petite amie. Son mal-être l’avait mené tout droit à la tombe et Eden s’en voulait encore de ne pas avoir réussi à la remonter à la surface. Il n’avait jamais compris ce qui l’avait poussé à se laisser mourir, à se détruire. Elle ne lui parlait plus, en était devenue incapable. Avec lui. Avec les autres. Son souvenir le hantait certains jours.

— Tu ne sais pas dans quoi tu t’engages avec Evack. C’est une souffrance qu’on ne comprend pas. Mais qui détruit tout sur son passage. Et je n’ai pas envie que tu voies ça ou que tu culpabilises tout le reste de ta vie parce qu’un jour, il se tuera et tu garderas à l’esprit son corps sans vie.

— Evack n’est pas Julie, répétai-je.

— Evack est en train de sombrer, El.

— Mais lui, il parle. On sait ce qui le fait sombrer. On sait ce qui peut le sauver. Seulement, Zéphyr n’est nulle part.

Eden secoua la tête avant de me tourner le dos. Je descendis du lit et l’attrapai par la taille. J’y enroulai mes bras et embrassai son épaule.

—Il y a des douleurs que les victimes elles-mêmes ne comprennent pas, mon ange. Et c’est cette incompréhension qui détruit vraiment. C’est de ne pas pouvoir trouver et calmer la souffrance. Julie ne savait pas.

—Parce que tu penses qu’Evack va calmer sa souffrance ?

— Il s’y applique. S’il passe d’un plan cul à un autre, c’est pour essayer de combler le vide laissé par Zéphyr. Je ne te dis pas que ça va être simple, qu’il ne va pas se faire du mal, mais cette colère n’est pas tournée vers lui, mais vers… son frère.

Je le serrai contre moi. Eden avait ce corps fin de marathonien. Si mince que je me savais capable de le broyer.

— Tu ne m’empêcheras pas de m’inquiéter, El.

— Ce ne sera pas tout le temps. Il dormira chez nous seulement une semaine sur deux. Et seulement le temps de ton voyage avec ton frère.

— Parce que tu crois que ça me rassure de te laisser seul avec lui ? El, tu as encore le corps d’une femme.

— Pas tout à fait, mais si ça te fait plaisir.

— Tu es plus petit, plus fin, plus…

— Plus dangereux et vicieux quand je m’énerve, Eden.

Je me doutais bien que je ne changerai pas Evack de sa trajectoire. Quoi qu’on lui dirait, ça ne changerait pas le mal qui le rongeait. Et ce mal, c’était le manque de Zéphyr. C’était juste un type en manque de sa substance.

— Je sais où frapper si ça dégénère.

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