Evack avait recommencé à faire de la merde. Plus personne n’arrivait à le tenir depuis l’altercation. Eden m’avait demandé de ne pas entrer dans le conflit, que j’avais d’autres préoccupations que les colères de mon meilleur ami. Je ne savais pas sauver Evack. Le seul qui en avait encore le pouvoir ne vivait plus ici.

Je grattai les cordes de Guéguette dans mon studio d’enregistrement avant de tout abandonner et de rentrer à l’intérieur de la maison.

Eden planchait sur les faire-part de Paul et Tina. Je passai un coup d’œil par curiosité et filai derrière mon bureau pour écrire un peu, de quoi me dérouiller un peu.

Mais là encore, rien ne me vint.

J’étais préoccupé par trop de choses en même temps. Des sujets qui ne me concernaient pas, mais pour lesquels je m’inquiétais malgré tout.

Je restais une heure à fixer mon pc, lorsque je sentis la main d’Eden sur mon épaule. Il la fit glisser sur mon thorax et me donna un baiser dans le creux de la nuque. J’aurais voulu en frissonner, mais j’en étais incapable. Plus depuis quelque temps.

— Je te sens tendu, devrais-je te détendre ?

Mon traitement de testostérones avait drastiquement augmenté ma libido, pourtant ce soir, je n’avais envie que d’une chose : éteindre mon cerveau et ne penser à rien, ne toucher à personne.

— Pas ce soir. Je vais me coucher.

— Tu penses trop.

— Je sais.

— Concentre-toi sur toi, El. Tu as des décisions à prendre pour ton avenir.

Ça aussi, je le savais. Mais pour le moment, je me demandai seulement si un jour mon cœur finirait par s’épuiser de penser à un autre. Si un jour je serai aussi malade que Evack. Si moi aussi, je perdrai complétement pied.