Novembre 2023- 100 Elyas

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La maison était vide, me plongeant dans une indifférence au monde.

Narcisse et Cerninos m’avaient quitté eux aussi.

Cerninos de vieillesse, et sa copine, de chagrin.

Je n’avais personne pour consoler la douleur de perdre mes touts petits. J’avais eu beau me préparer à leur fin, c’était toujours douloureux, quoi que l’on s’imagine.

Dans ma torpeur, je switchais les différents post sur les réseaux, de quoi m’évader. Mais plus je regardais, plus j’observai la pourriture des gens. Leur besoin de poser leur avis sur ce qui ne les concernait pas, le besoin de se montrer, le besoin de… de quoi ? Dégouté, je revenais à mon fils d’actualité. Une nouvelle photo du travail de Mathys avait été postée. Ou plutôt, la personne qui s’occupait de ses réseaux l’avait photographié dans un moment de réflexion profonde, à son insu. Il était rare qu’il se montre sur les réseaux. Je copiai l’image avant qu’il ne la retire. Parce que c’est ce qu’il ferait.

Pendant de longues minutes, je le regardais.

Il avait coupé ses cheveux courts. Ça me faisait bizarre de le voir sans ses longues Anglaises. Ça lui allait bien, sans non plus me le rendre différent. Il était beau. Il le savait.

Il se tenait dans l’ombre, un tablier autour de la taille. Il était en pleine action, en train de peindre une toile plus grande que d’habitude.

Je passai mon regard sur le personnage de dos, une longue tresse trainant sur son épaule. Un tatouage dans le dos. Un Phénix, comme le mien. Je remontais sur le visage. C’était moi. Avant. Moi quand il disait « tu es biel ». Ça me fit penser qu’aujourd’hui, m’aurait-il reconnu dans la rue ? Est-ce que Margot ou ses sœurs lui envoyaient des photos de moi, de nos repas de famille ?

Est-ce que je lui plaisais encore en tant qu’homme ? Parce que c’est ce que j’étais : un homme.

Pourquoi m’avait-il peint ? Le ferait-il encore ?

Qu’est-ce que cette toile signifiait pour lui ?

J’aurais voulu lui dire d’arrêter de me chercher, de se libérer de moi, mais j’éteignis mon portable, écoutant le silence de la nuit.

Si Mathys préparait une nouvelle exposition, je connaitrais ses raisons.

Mon portable vibra.

Emilie.

Mon nouveau coup.

Il fallait bien que je passe un peu de bon temps, que je passe à autre chose, que je m’habitue au silence et à la solitude d’une maison vide.

En me dirigeant vers ma chambre, je passais devant le miroir dans le couloir. Je pris un instant pour me regarder droit dans les yeux. Mes iris avaient encore éclairci. Le brun était presque entièrement vert. Un vert foncé accentuait par mes cernes et le creusé de mes joues. Il fallait que je m’alimente mieux.

— Je veux juste être heureux. Ne plus me poser de question et me baigner dans l’évidence, murmurais-je.

Oui.

Me sentir mieux et heureux.

Dans mon lit, je cherchai un corps sur lequel me blottir, je n’y trouvais que la froideur des draps.

— Si j’avais attendu. Si je t’avais attendu. Si j’avais patienté jusqu’à tes vingt-deux ans, est-ce que ce soir, je dormirai dans tes bras ? Est-ce qu’on serait heureux ?

Je frottai mon visage sur l’oreiller. Une larme coulait sur ma joue.

— Je sais que tu aurais patienté, jusqu’à ce que je sois prêt à t’aimer. Patientes-tu encore, Mathys ? Ou as-tu abandonné ?

Je préférerai croire à ton abondons. Je me sentirai moins fautif.

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